Avis BD Glénat : Pitcairn – L’île des Révoltés du Bounty – Tomes 1 à 3

Adapté au cinéma en 1935 ou encore en 1962 (avec Marlon Brando au casting), l’histoire des révoltés du Bounty ne nous est pas inconnue, et a su nous passionner lorsque nous étions plus jeunes. Aujourd’hui, c’est une bande-dessinée signée Mark Eacersall, Sébastien Laurier (tous les 2 au scénario) et Gyula Németh (au dessin) qui revient sur cette mutinerie à travers un récit d’aventure qui ne laisse pas indifférent. Ce premier tome est disponible depuis le 23 mars 2022, et nous avons eu la chance de le recevoir afin de vous en parler. C’est parti pour notre avis !

– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 05 octobre 2022 –

– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 3, disponible le 18 octobre 2023 –


Synopsis : Le Bounty est un navire de la Royal Navy chargé de ramener de Polynésie des plants d’arbres fruitiers destinés à nourrir les esclaves des colonies antillaises. Sur le trajet du retour, après cinq mois d’escale à Tahiti, une mutinerie éclate, menée par le second Fletcher Christian. La majorité des marins fidèles au capitaine Bligh est abandonnée avec ce dernier à bord d’une chaloupe. Le bateau est désormais aux mains d’une poignée de révoltés… Comment la construction d’une société idyllique a-t-elle pu se transformer en enfer ? En retraçant l’authentique parcours des célèbres révoltés du Bounty, les auteurs confrontent mythe hollywoodien et réalité, et proposent leur vérité à travers un récit haletant, entre roman d’aventure, thriller tropical et récit des origines. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.



Dans un premier temps, il est préférable de vous préciser que le synopsis de ce premier tome est un peu trompeur. L’ouvrage nous raconte en effet ce qui se passe avant l’arrivée sur l’île de Pitcairn, de la mutinerie menée par le second Fletcher Christian à la recherche d’une île par ce « nouvel » équipage. L’île de Pitcairn a beau être citée à plusieurs reprises, elle ne fera son apparition qu’en fin de tome. Cela n’empêche pas ce volume intitulé « Terre Promise » d’être qualitatif, même si nous avons eu un peu de mal à entrer dans l’histoire. La faute, sans doute, à un manque d’informations et de contexte, l’ensemble allant peut-être un peu trop vite. La mutinerie, bouclée en 2 pages, laisse place à la recherche d’une île sur laquelle les marins pourraient s’installer.

Il décident de se rendre à Tubuai, l’île des Tonga, à plus de 600 km au sud de Tahiti. Mais l’endroit est habité, et fidèles à eux-mêmes, les hommes attaquent et tuent les natifs de l’île, forcément hostiles et souhaitant protéger leurs terres. Trouver la paix en faisant la guerre, tel est le paradoxe de l’être humain, qui est plus que jamais d’actualité. On suit donc ces différents événements un peu perdus au départ, car tout s’enchaîne vite. Certains hommes retournent à Tahiti en quête de ravitaillement, de travailleurs mais également de femmes. Ils s’y étaient déjà rendus auparavant (attrapant diverses maladies au passage), mais cela manque une nouvelle fois d’explications, tout comme les différentes péripéties qui vont suivre.

Vous l’aurez compris, c’est la narration qui pose problème dans ce premier tome. Les événements s’enchaînent trop rapidement, et l’ensemble manque de contexte. On aurait apprécié plus d’explications, via des pages intermédiaires par exemple, et nous sommes allés sur internet pour en apprendre davantage. Cela n’empêche pas la bande-dessinée d’être intéressante et d’aborder des thèmes forts. Visuellement, c’est vraiment beau et aéré, et les décors sont très immersifs. On aurait pu s’immerger à 100% avec un développement un peu plus dense, notamment au niveau des personnages dont on apprend finalement peu. Au final, nous ressortons un peu déçus par ce premier tome. Les dessins sont certes très beaux et immersifs, mais la narration manque de densité. On nous explique trop peu le contexte historique et qui sont les différents personnages, et on se retrouve promenés d’un lieu à un autre sans réelles explications. Certes, l’histoire des révoltés du Bounty est consultable sur internet, mais l’ouvrage aurait été plus accrocheur en proposant des pages détaillant l’histoire, les contextes et enjeux politiques et humains. Certains thèmes forts sont abordés, c’est visuellement très réussi, mais on reste sur notre faim. A voir si le prochain tome saura monter en puissance.


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Pitcairn – L’île des Révoltés du Bounty – Tome 2 : « Janvier 1790. Les mutins du Bounty trouvent enfin une île déserte et isolée : Pitcairn. Ce morceau de terre du bout du monde offre les conditions idéales de survie à cet équipage de 27 hommes et femmes à la recherche d’un havre de paix. Désormais, les rebelles vont devoir vivre ensemble… Comment la construction d’une société idyllique a-t-elle pu se transformer en enfer ? En retraçant cette histoire authentique, les auteurs nous offrent un haletant thriller tropical. »

Lorsque l’on découvre la couverture du tome 2 de « Pitcairn – L’île des Révoltés du Bounty », intitulé « Nouvelle vie », on se doute qu’une page va se tourner. Faire table rase du passé et repartir sur de bonnes bases, c’est ce que voudraient les mutins du Bounty, qui s’installent sur une île déserte, abandonnée par ses anciens occupants. Monsieur Christian, McCoy, Smith ou encore Mills découvrent l’île, sa source, sa vallée des muriers et les différentes grottes. Ils sont accompagnés par plusieurs Polynésiens et Polynésiennes, qu’ils ont emmenés avec eux depuis Tahiti. Reconstruire une nouvelle société, mettre en place des règles et une organisation, voilà ce qui attend ces nouveaux arrivants, qui découvrent les lieux en se demandant pourquoi ils ont été abandonnés par leurs prédécesseurs. Certains Polynésiens y voient un mauvais esprit… et veulent faire un sacrifice pour être acceptés sur cette nouvelle terre.

Quant au bateau, il doit être démonté par soucis de discrétion, mais certains veulent le conserver en l’état pour quitter l’île si les choses se passent mal. Mais un mystérieux incendie va le détruire… Nous allons suivre, dans ce tome 2, les différents personnages et leur adaptation sur l’île. Des naissances vont arriver, des morts également… Et le nombre de femmes diminuant, cela va créer des tensions. Les hommes blancs désormais veufs veulent voler les femmes des Polynésiens, ce qui ne sera forcément accepté par ces derniers. La tension monte, la violence fait son retour, et les choses s’annoncent très compliquées. Ce nouveau volume est très contemplatif, et se lit vite. La narration est une nouvelle fois un peu confuse (on a parfois du mal à s’y retrouver avec les nombreux personnages), mais moins que dans le premier tome. Les dessins réalistes et les paysages détaillés de Gyula Németh permettent en tout cas de parfaitement s’immerger, et de tourner les pages sans s’arrêter. On notera également un très beau travail sur les couleurs, et notamment dans les scènes de nuit, superbement contrastées. Dans quelle direction les choses vont-elles évoluer ? Nous le saurons dans le prochain tome.



Pitcairn – L’île des Révoltés du Bounty – Tome 3 : 1793. Menés par le second Fletcher Christian, les mutins du Bounty, accompagnés d’hommes et de femmes polynésiens, sont désormais installés sur l’île de Pitcairn depuis trois ans. Des couples se sont formés, des enfants sont nés. Mais le rêve d’une Société libre et harmonieuse a tourné court. Les hommes polynésiens, dont deux ont été tués, subissent le joug de certains blancs. Impuissant à s’opposer à cette injustice, Christian a perdu de son aura. Un matin de septembre, alors que Maimiti, sa femme, accouche de leur troisième enfant, les Polynésiens s’emparent des armes… Comment la construction d’une Société idyllique a-t-elle pu se transformer en cauchemar ?

« Je parlerai de paix quand la guerre sera finie »

On assiste, dans ce troisième tome de « Pitcairn – L’île des Révoltés du Bounty », à un basculement total. Dans la violence tout d’abord, comme en témoigne la superbe couverture mettant en avant une machette ensanglantée, puis dans la vengeance et la prise de pouvoir ! Reconstruire une nouvelle société, tel était le but de Fletcher Christian et ses hommes, installés sur l’île de Pitcairn depuis trois ans. Mais maintenir la paix est un exercice bien périlleux, surtout quand les blancs tentent de prendre l’ascendant sur les polynésiens. Des hommes sont assassinés, la tension monte, et les femmes vont avoir un grand rôle à jouer dans tout ça. Ce tome 3 débute dans la violence, avec une rébellion de certains polynésiens face aux blancs. Vengeance et haine rythment ces premières pages, et plus personne n’est capable de contrôler les événements. Les femmes veuves veulent se venger, et McCoy et Quintal partent se cacher dans la montagne, traqués par Menalee. Ce dernier va néanmoins essayer de faire accuser Young, et tenter le tout pour le tout dans une dernière alliance.

« Quel enfer… On ne peut pas vivre comme ça sur une petite île »

Meurtres, trahisons, prise de pouvoir : ce tome 3 de « Pitcairn – L’île des Révoltés du Bounty » est clairement intense en termes de narration et la tension ne retombe jamais. Difficile de faire confiance à qui que ce soit pour nos personnages, qui vivent désormais dans la colère et dans la peur. On s’attendait, après les événements du tome précédent, à ce que tout dérape, mais pas à ce point. La violence de l’homme éclate une nouvelle fois au grand jour, au grand désespoir des femmes, dont certaines se lancent également dans la bataille. La lecture est rapide et ce tome 3 est, comme les précédents, très contemplatif. Le coup de crayon réaliste de Gyula Németh fait des merveilles, avec des personnages expressifs et des décors très immersifs. On est plongés dans l’histoire dès les premières cases de ce tome, et il est bien difficile d’en sortir. La violence engendre la violence, et on se doute que le prochain tome sera lui aussi tourné vers ce thème. Ajoutez à ça les croyances et coutumes des polynésiens, et on peut dire que ce tome 3 est notre préféré en termes de rythme et d’immersion. Mention spéciale, on le répète, pour la superbe couverture, qui annonce la couleur !


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