Avis BD : La valse des montagnes et Eilin du fond de l’eau (Aventuriers d’Ailleurs)
En ce mois d’août 2025, le 20 très précisément, la collection « Aventuriers d’Ailleurs » de l’éditeur Bamboo s’enrichit de deux très beaux ouvrages : « La valse des montagnes » et « Eilin du fond de l’eau ». Après « Traqué dans l’espace » ou encore « Au cœur des terres ensorcelées« , nous avons eu la chance de découvrir ces deux bandes dessinées en provenance d’Espagne et de Roumanie. C’est parti pour notre avis !
La valse des montagnes : Amandine est une accordéoniste trentenaire qui a tout sacrifié pour la passion de son instrument. Le succès est au rendez-vous, elle enchaîne concert sur concert dans des salles prestigieuses. Pourtant elle est seule. Terriblement seule. Quand une lettre l’invite à jouer le soir de la Toussaint, dans un village reculé des Pyrénées, la jeune femme monte dans le premier train. Mais une fois sur place, le village lui semble étrange, plein de non-dits. En répétant la seule partition qu’elle devra jouer à la perfection, elle prend peu à peu conscience que la moindre erreur pourrait s’avérer fatale. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Nous avons commencé notre découverte par « La valse des montagnes », ouvrage signé Anna Aparicio Català, autrice de livres jeunesse ayant illustré pas moins d’une quarantaine d’albums. Nous avons eu la chance de découvrir son travail, et son style visuel si particulier, dans « L’ondine de l’étang« , que nous avions chroniqué sur le blog à sa sortie, mettant en avant la qualité de sa narration et de son héroïne. Dans « La valse des montagnes », le personnage principal, Amandine, a un rôle tout aussi central. La jeune femme, accordéoniste, a dû faire beaucoup de sacrifices pour arriver à concrétiser son rêve et remplir les salles. Mais Amandine se sent seule au milieu de cette foule qui l’admire, repensant aux moments passés avec son grand-père, qui lui a transmis sa passion. « La musique que tu m’as enseignée rend les gens heureux, mais au plus profond de moi, est-ce que je le suis ?« . Mais cette routine va être chamboulée par l’arrivée d’une lettre, lui demandant de participer à un concert dans un village reculé des Pyrénées. Dès son voyage en train, le mystère s’épaissit, et on se demande où notre héroïne va mettre les pieds. Les habitants sont très accueillants mais quelque chose cloche, et les cauchemars enneigés d’Amandine n’arrangent rien.
L’ouvrage nous rappelle à quel point le temps passe vite, et qu’il ne faut pas oublier qui l’on est, d’où l’on vient et à quel point les petits moments de la vie, même les plus anodins, ont de l’importance. Dans ce mystérieux village, Amandine redécouvre la nature, le son du vent dans les arbres ou celui des cloches des vaches (certains passages sont très contemplatifs et apaisants, avec toujours ce petit mystère qui plane). Des mélodies de la vie, qui lui redonnent goût à créer, à composer, et à jouer. Et elle devra justement jouer une partition bien spécifique sans faire la moindre erreur. Mais pourquoi ? Sa rencontre avec un jeune garçon, seul enfant du village, lui donnera les réponses à toutes ses questions. « La valse des montagnes » est un voyage initiatique touchant, immersif, mais surtout superbe visuellement. On aime toujours autant le coup de crayon de l’autrice, qui nous embarque dans des lieux reposants en pleine nature. C’est beau, et on en redemande.
Eilin du fond de l’eau : Fille d’une sorcière de l’eau disparue il y a longtemps, Eilin vit désormais avec son père, un brillant inventeur. Lorsqu’il se laisse gagner par la soif de pouvoir et de richesse en pillant les ressources de la nature qui les entoure, Eilin n’a d’autres choix que de protéger la montagne de ses ancêtres. Tiraillée entre l’amour pour son père et le respect de la nature inculqué par sa mère, l’adolescente va être embarquée dans une aventure hors du commun, au milieu des croyances d’Europe de l’Est. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Également disponible le 20 août 2025, « Eilin du fond de l’eau » est un ouvrage signé Maria Surducan (au scénario) et Anna Julia Benczédi (au dessin). Déjà à l’œuvre sur « Les Vacances de Nor » et « Au cœur des terres ensorcelées », Maria Surducan est donc de retour pour « Eilin du fond de l’eau », qui place son récit au cœur du folklore roumain. Dès les premières pages, on est immergé dans l’atmosphère onirique du récit. Après un prologue mettant en place les différents enjeux, on découvre Eilin, la fille d’une sorcière de l’eau disparue, qui vit avec son père. Ce dernier, grisé par son désir de richesse (et qui en veut toujours plus), exploite les ressources de leur montagne. Face à lui, Eilin se trouve tiraillée entre l’amour qu’elle lui porte et l’héritage spirituel laissé par sa mère : protéger la nature et garder vivante la magie du monde. À travers le dilemme d’Eilin, on s’interroge sur notre propre rapport à la nature (un thème totalement d’actualité), au progrès et à l’héritage familial.
Tout n’est pas tout blanc ou tout noir, notamment en ce qui concerne le comportement du père, animé par l’amour pour sa famille. Le récit touche donc à quelque chose d’universel, et mélange émotion, aventure et poésie, le folklore roumain étant clairement passionnant. Visuellement, c’est riche et vraiment très beau, avec quelques ruptures de ton d’un chapitre à un autre. On a l’impression de découvrir plusieurs ouvrages en un, avec une superbe maîtrise des couleurs. L’éditeur a mis les petits plats dans les grands avec une couverture magnifique, des pages qualitatives et plus de 200 pages à découvrir. Décidément, le label « Aventuriers d’Ailleurs » ne cesse de nous surprendre.
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