Avis BD : Les Yeux d’Alex, entre intimité et engagement (éditions Glénat)

Avec « Les Yeux d’Alex », Claire Fauvel a pour ambition de nous embarquer dans une quête artistique. Entre Marseille et Arles, on suit Alex, une photographe qui cherche à explorer le désir loin des clichés, avec son regard et sa sensibilité. Abordant des thèmes d’actualité, l’ouvrage est disponible aux éditions Glénat depuis le 3 septembre 2025. C’est parti pour notre avis !


Synopsis : Alex a du talent. Jeune photographe marseillaise, elle est sur le point d’être exposée au prestigieux festival d’Arles. Seule contrainte : présenter un sujet inédit. Ce qu’elle fait en s’emparant du thème du désir. Mais de quel désir parle-t-on ? Alex n’est pas dupe : dans le monde des hommes, la sexualité est un jeu souvent pensé par eux et pour eux. Elle va bientôt constater que si les représentations érotisées des hommes sont rares, celles réalisées par des femmes sont quasi inexistantes. Alex ose inverser les rôles pour devenir le sujet désirant. Sur la roche éblouissante des Calanques ou dans l’intimité de son appartement, ses amants se prennent au jeu et deviennent ses premiers modèles. Mais comment parvenir à créer un nouvel imaginaire érotique quand on n’a rien connu d’autre que le regard masculin ?


les yeux d alex


« Les Yeux d’Alex » s’impose d’emblée comme une BD qui ne cherche pas seulement à raconter une histoire mais à interroger le regard que la société porte sur la sexualité, le désir, le corps. Alex, photographe marseillaise, est invitée à exposer au festival d’Arles. Le défi qu’elle se pose : traiter du désir de manière personnelle, libre des codes patriarcaux et des schémas classiques. La manière dont le rapport au désir est envisagé comme une création artistique est très intéressante. L’ouvrage aborde la domination du regard masculin sur les corps, mais aussi la nécessité de se réapproprier ce regard. C’est une remise en question, aujourd’hui nécessaire, du “plaire”, de ce qu’est séduire quand on est une femme dans un monde où les normes sont déjà écrites. Claire Fauvel est à la fois scénariste, dessinatrice et coloriste, ce qui se ressent : la cohérence visuelle est forte. Le découpage est aéré, le dessin est sensible, les couleurs directes sans fioritures inutiles. L’ambiance sait être lumineuse quand il le faut, et gagne en contraste lors de certaines séquences. Les décors, les visages, les instants intimes dans l’appartement ou dans les Calanques : tout est rendu avec justesse. L’aspect contemplatif est très réussi.


les yeux d alex extrait 2


Bien que certaines scènes ralentissent le rythme, elle restent importantes pour poser les enjeux, les doutes, les transformations intérieures d’Alex. Puis viennent des séquences de prise de vue, de confrontation d’images, de regard, qui donnent du mouvement visuel et émotionnel. On ne s’ennuie pas et chaque page semble vouloir faire avancer à la fois le personnage, l’idée, et le lecteur. L’ouvrage interroge sur le regard masculin dominant sur le désir et le corps féminin. C’est audacieux, nécessaire pour certains, et cela parlera à un public qui aime les œuvres engagées, féministes et contemporaines. Certains lecteurs, notamment des hommes pas forcément sensibilisés à ces thématiques, risquent de se sentir mis à distance, voire remis en question. Ils pourront, et cela peut se comprendre, percevoir le récit comme trop “militant” ou comme une critique frontale du regard masculin. La BD ne fera pas l’unanimité, mais c’est sans doute voulu par l’autrice : ouvrir un espace de discussion plutôt que contenter tout le monde. De ce côté-là, c’est totalement réussi.


Lageekroom

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