Avis & critique BD : Fortunes de Mer – Le Lusitania et La Blanche Nef

Chez Glénat, deux séries historiques nous intéressent tout particulièrement : « Les grandes batailles navales », et « Les grandes batailles de chars ». Des récits passionnants, brillamment illustrés, et qui nous immergent dans des conflits plus ou moins connus. En ce mois d’octobre, l’éditeur lance une nouvelle collection basée sur les grands naufrages de l’Histoire : « Fortunes de Mer ». Deux ouvrages sont d’ores et déjà disponibles, « Le Lusitania » et « La Blanche Nef », que nous avons eu la chance de recevoir de la part de l’éditeur. C’est parti pour notre avis.


Synopsis : Le 28 juin 1914, un jeune exalté serbe sème le trouble en assassinant un archiduc et son épouse. Dans un jeu infernal de dominos et au nom d’alliances, en quelques mois la plupart des nations du Vieux Continent vont mobiliser leur armée et rentrer en guerre. Et puisque plus d’une nation détient un empire colonial, la guerre va s’étendre au-delà des horizons. Comme on se doit de nuire à son ennemi par tous les moyens, les mers et les océans deviennent des terrains de chasse où l’on canonne et torpille sans le moindre état d’âme. Dans ces conditions, même les navires les plus imposants et rapides ne peuvent échapper à leur funeste destin. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.


Le-Lusitania planche


Commençons cette découverte avec « Le Lusitania », scénarisé et dessiné par l’incontournable Jean-Yves Delitte. Direction les prémices de la Première Guerre mondiale, et l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche ainsi que de son épouse Sophie Marie Joséphine Albine. Un événement qui va déclencher un jeu infernal de dominos et entraîner une guerre mondiale. D’emblée, le contexte est posé, et notre ouvrage va s’attarder sur un paquebot imposant, le Lusitania. Le 1er mai 1915 à New York, les passagers embarquent pour la 202e traversée de l’Atlantique du paquebot, qu’on appelle « le lévrier des mers ». Ce dernier en impose et fait parler de lui dans la presse, avec ses 240 mètres de long et ses 45 000 tonnes. Mais c’est dans un tout autre contexte que le Lusitania marquera tragiquement l’Histoire…  Jean-Yves Delitte, fidèle à sa réputation, livre une fois encore un ouvrage d’une précision historique remarquable. L’auteur parvient à restituer avec minutie le contexte politique et militaire de l’époque, tout en plongeant le lecteur dans le quotidien du célèbre paquebot.

Dès les premières planches, on ressent cette volonté de documenter l’Histoire sans jamais la rendre ennuyeuse : le Lusitania n’est pas qu’un simple navire, c’est le reflet de la société de l’époque, pas encore consciente du danger à venir.  L’un des atouts de l’album réside dans sa dimension humaine. On y découvre non seulement la vie à bord du Lusitania, mais aussi les destins croisés de ses passagers (civils, familles, hommes d’affaires, militaires) mais également de l’équipage. Ce souci du détail rend le drame à venir encore plus percutant. Car, bien sûr, chacun connaît la fin tragique de cette traversée (on découvre l’épave dès la première page de l’ouvrage) : le torpillage du Lusitania par un sous-marin allemand, événement qui aura des répercussions historiques majeures. Jean-Yves Delitte ne se contente pas de raconter une catastrophe maritime, il montre comment cet acte a bouleversé l’opinion publique et contribué à faire basculer le monde vers une guerre totale. Comme pour ses autres séries, l’éditeur propose, à la fin de l’ouvrage, un carnet historique complet, histoire d’en découvrir davantage et de renforcer l’immersion.


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La-Blanche-NefSynopsis : Sur son lit de mort à l’été 1087, Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre et duc de Normandie, a longtemps hésité pour sa succession. Il s’était querellé avec son fils aîné, Robert, hésitait pour son second, William Rufus, et estimait trop jeune Henri, son quatrième fils et dixième enfant. Finalement, ce sera l’Angleterre pour William Rufus, le duché de Normandie pour Robert et quelques milliers de livres pour Henri. Malheureusement pour la Couronne anglaise, la période est ô combien tumultueuse. Quand ce ne sont pas les luttes fratricides entre les héritiers de Guillaume le Conquérant qui ensanglantent les campagnes, ce sont des barons qui se rebellent, le roi d’Écosse qui cherche à envahir l’Angleterre, les Gallois qui se soulèvent ou encore des menaces françaises aux frontières du duché de Normandie. L’ouvrage est à découvrir le site de l’éditeur, à cette adresse.


la blanche nef extrait planche


On change radicalement d’époque avec notre second ouvrage du jour : « La Blanche Nef », signé Jean-Yves Delitte au scénario, et illustré par Marco Bianchini et Francesco Mercoldi. Si l’album intègre la nouvelle collection de Glénat consacrée aux grands naufrages de l’Histoire, le drame en question n’intervient que dans les dernières pages, juste avant l’habituel carnet historique. Avant cela, l’auteur prend le temps de poser le décor en développant le contexte historique, les enjeux politiques et une galerie de personnages aussi variés qu’intéressants. L’histoire nous ramène cette fois au XIIᵉ siècle, sous le règne d’Henri Ier d’Angleterre. Jean-Yves Delitte s’attarde avec précision sur le contexte politique tendu de l’époque : un royaume fragilisé par des luttes de pouvoir, des alliances changeantes, et une succession source de discorde. L’auteur nous plonge dans les coulisses du pouvoir avec un sens du détail historique toujours aussi remarquable. C’est l’une des grandes forces de cette nouvelle collection (si on aime le genre bien entendu) : replacer chaque drame maritime dans son époque, en donnant au lecteur toutes les clés pour comprendre ses répercussions sur l’Histoire.

Visuellement, « La Blanche Nef » se distingue du « Lusitania » par un trait plus précis encore dans la représentation des visages. Marco Bianchini et Francesco Mercoldi apportent une plus grande expressivité aux personnages, qu’ils soient nobles ou marins, et cela renforce considérablement l’immersion. Les décors sont quant à eux riches et bourrés de détails. Chaque planche témoigne d’un soin tout particulier, qu’il s’agisse des costumes, des armes ou de l’architecture. Lorsque survient enfin la tragédie du naufrage, la tension est à son comble. On ressent la confusion, la peur, puis le silence qui suit le drame, avec deux miséreux qui détroussent les cadavres. Comme toujours, un carnet historique clôture l’ouvrage et revient en détail sur le contexte réel du naufrage de la Blanche Nef et sur ses conséquences politiques majeures, notamment la crise de succession qui allait plonger l’Angleterre dans une période d’instabilité. La nouvelle collection de Glénat démarre donc sur d’excellentes bases, et nous avons hâte de découvrir la suite !


Lageekroom

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