Critique & avis manga : Bota Bota, de Paru Itagaki (éditions Ki-oon)
Après « Beastars »ou encore « Sanda » il y a quelque mois, les éditions Ki-oon nous embarquent une nouvelle dois dans l’univers si particulier de Paru Itagaki, avec le one-shot « Bota Bota », qui s’avère être une belle surprise autant qu’une curiosité ! Disponible le 2 octobre prochain, le manga initialement prépublié au Japon en 2020-2021 dans les pages du magazine Manga Goraku des éditions Nihon Bungeisha débarque donc chez nous avec sa couverture pour le moins atypique. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : D’amour et de sang, ou la poursuite du bonheur. Mako désespère de trouver l’amour. Pourtant, elle est entreprenante, séduisante et a un travail stable… mais se met à saigner du nez dès qu’elle touche quoi que ce soit qui lui paraisse malpropre. Le moindre contact physique est une épreuve, et un baiser entraîne des torrents écarlates ! Elle a bien tenté de combattre son handicap en s’exposant à la saleté au péril de sa vie, mais rien n’y fait : son blocage psychologique semble insurmontable… Mako n’abandonne pas pour autant. Un jour, elle rencontrera bien un homme capable de supporter le sang, même au lit ! Après Beastars , Paru Itagaki s’attaque à la romance entre humains ! Et ce n’est pas plus simple qu’entre animaux… Dans ce récit en un volume, elle met à nu une femme moderne à la recherche d’amour, de sexe, mais surtout d’acceptation de soi.
Avec « Bota Bota« , Paru Itagaki revient une fois de plus troubler nos repères. Dès les premières pages, on retrouve son coup de crayon atypique, nerveux et immédiatement reconnaissable. Rien de lisse ici : ses personnages ont des expressions brutes, parfois dérangeantes, et c’est précisément ce qui rend ses planches si percutantes. L’autrice a cette capacité rare de rendre visible l’inconfort, l’angoisse ou le désir avec un simple trait, et c’est ce qui donne à Bota Bota sa propre intensité. Au centre du récit, il y a Mako, une jeune femme dont les traumatismes d’enfance l’ont laissée profondément marquée. Elle aspire à l’amour, mais le cherche avec une telle avidité que cela en devient destructeur. C’est toute la force du manga : montrer que la quête de l’âme sœur peut parfois masquer une lutte contre ses propres blessures. Et au fil des chapitres, un message se dessine : on ne trouve pas l’amour en se façonnant selon les attentes des autres, mais en restant fidèle à soi-même.
Paru Itagaki glisse aussi une critique du comportement masculin. Les hommes que croise Mako incarnent souvent des travers bien connus : domination, égoïsme, incapacité à reconnaître la vulnérabilité d’une femme autrement que comme une faiblesse exploitable. À travers tout ça, le manga dénonce avec justesse des rapports de pouvoir encore trop banalisés, sans jamais sombrer dans le cliché. Les messages sont forts, et passent très bien ! Mais « Bota Bota » ne se résume pas à une charge sociale : c’est aussi une histoire profondément humaine avec une héroïne hyper attachante. Derrière la noirceur et la douleur, le récit nous parle du besoin universel de se sentir aimé, compris et accepté. Et c’est ce mélange (brutalité graphique, personnages cabossés, critique sociale et éclats d’humanité) qui fait la marque de fabrique d’Itagaki. L’amour n’est pas une chasse effrénée, mais une rencontre sincère.
Lageekroom