Avis BD Glénat : « La veuve » et « Alouette »
L’année 2025 démarre très fort chez Glénat, avec déjà de belles pépites comme « Sibylline, chroniques d’une escort girl« , « Islander » ou encore le premier tome de « Zheng Shi » signé Jean-Yves Delitte. Et ça continue avec nos découvertes du jour ! Nous avons en effet eu la chance de recevoir « Alouette » d’Andréa Delcorte » et « La Veuve » de Glen Chapron. Ces 2 ouvrages, disponibles en ce mois de janvier, sont donc entre nos mains, et il est temps de vous en parler. C’est parti !
Synopsis de « La Veuve » : 1903. Affamée, à bout de force, une jeune femme fuit à travers les Rocheuses canadiennes, sans regarder derrière elle. Que fuit-elle, ou plutôt qui ? À ses trousses, deux brutes déterminées à venger la mort de leur frère la traquent telle une bête sauvage. À 19 ans, Mary est déjà veuve et meurtrière. Aussi seule que démunie, elle réussit pourtant à semer ses poursuivants au cours d’une cavale oppressante dans les montagnes, la nature suppléant les lois des hommes… Déterminée, Mary, qui porte le secret d’une vie brisée, fait des rencontres fortuites, de celles qui changent une vie. Autant de confrontations étonnantes, révélatrices d’un passé mouvementé que l’on appréhende par petites touches… Des personnages avides ou généreux, des débrouillards ou des ermites lui permettent de tenir la distance… Malgré la peur au ventre, chevauchant à travers les sombres forêts escarpées, une furieuse envie de vivre permet à Mary de choisir son propre destin : celui d’une femme libre. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Commençons cet article avec notre avis sur « La Veuve », ouvrage signé Glen Chapron adapté du roman de Gil Adamson. Direction les rocheuses canadiennes dans une ambiance à la Red Dead Redemption, dans un récit haletant, chasse à l’homme (ou plutôt dans le cas présent, « à la femme ») intense et immersive. On y découvre Mary, une jeune femme de 19 ans ayant déjà traversé, dans sa courte vie, des moments difficiles. On apprend, à travers ses rencontres et les dialogues durant lesquels elle se confie, qu’elle a perdu son enfant et à tué son mari. Poursuivie par ses 2 beaux-frères, Mary est seule, sans argent et perdue dans les montagnes. Et dès qu’on pense qu’elle a enfin trouvé refuge dans un endroit lui permettant d’avoir un lit et de la nourriture, elle doit reprendre sa cavale. On dit que certaines rencontres changent la vie d’une personne, et Mary ira même jusqu’à trouver l’amour à nouveau. Mais ses poursuivants sont toujours là, et cette épée de Damoclès ne la quitte jamais. Mary est une jeune femme qu’on a envie de protéger, mais notre relation à ce personnage reste paradoxale. C’est une jeune femme en apparence fragile, mais on garde dans un coin de notre tête qu’elle a également commis un meurtre. À la fois bourreau et victime, Mary doit survivre et s’imposer en tant que femme.
La lecture de « La Veuve » est très prenante et parfaitement rythmée, avec des scènes contemplatives durant lesquelles on ressent la solitude de Mary, et d’autres beaucoup plus intenses avec de l’action et des courses-poursuites. Les thèmes de la vengeance ou encore du deuil sont abordés, mais également celui de la place de la femme dans un univers très masculin (avec notamment un passage dans une ville minière, où la femme est considérée comme une malédiction). Certains personnages se livrent et s’avèrent touchants, et l’ensemble, bien que souvent chiche en dialogues, est très bien écrit. Visuellement, c’est superbe, très contemplatif comme dit précédemment, avec un noir et blanc qui crée une ambiance très réussie. Les visages sont expressifs, les décors immersifs, avec un trait épais, vif et réaliste. On se régale page après page, jusqu’à un final symbolique. L’auteur précise à la fin de l’ouvrage que « La Veuve » a nécessité 3 longues années de travail, et on comprend pourquoi ! Un régal et une véritable œuvre d’art.
Synopsis de « Alouette » : Avant de s’échouer sur une île étrange, Alouette a fait un long voyage en mer enfermée dans un cercueil en bois. Seule, désorientée, elle ne se souvient de rien à part de Pilou, son petit frère qui n’est pas à ses côtés. Bien décidée à le retrouver, elle va d’abord devoir survivre ! Car cette terre est hostile et peuplées d’animaux inquiétants. Livrée à elle-même, sans repères, Alouette est miraculeusement recueillie par les deux seuls habitants de l’ile : un ancien capitaine de la navale un peu farfelu et une femme austère qui cache un lourd secret. Cela fait bien longtemps qu’ils ont renoncé à l’idée de quitter cette île, trop dangereux. Pourtant Alouette garde espoir, elle sait que son frère a besoin d’elle… À mesure qu’elle s’acclimate, des bribes de souvenirs vont refaire surface, ces flashs lui révèlent un passé trouble où la misère et le froid vous transpercent les os. Mais qui est vraiment Alouette et d’où vient-elle ? L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
On change de style avec « Alouette », autre découverte de ce mois de janvier, ouvrage signé Andréa Delcorte dont c’est le premier album solo. « Alouette » est une bande-dessinée clairement atypique, qu’on parle de sa narration ou de son style visuel, qui nous a demandé un petit temps d’adaptation avant de pleinement nous immerger. Rentrer dans les détails du scénario de l’ouvrage (sans spoiler) est une exercice difficile, le plaisir de la lecture étant clairement basé sur la découverte. La découverte des environnements, de l’île sur laquelle échoue notre héroïne, des personnages qu’elle rencontre, de son passé. Les mystères sont nombreux, et l’auteur prend le temps de les mettre en place et de nous les révéler, ce qui tient en haleine du début à la fin de la bande-dessinée. La narration alterne entre l’arrivée d’Alouette sur l’île et sa rencontre avec ses 2 seuls habitants (dont on se méfie forcément un peu au premier abord) et son passé douloureux auprès de son petit frère, le tout jusqu’à un final riche en révélations.
L’éditeur nous décrit « Alouette » comme étant un « récit aux allures survivalistes aux confins de la folie et du difficile chemin vers l’acceptation », et on ne peut qu’adhérer à cette description. Le côté survie est d’emblée mis en avant avec l’arrivée d’Alouette sur l’île et la découverte de créatures étranges et menaçantes, et sa relation avec ses nouveaux compagnons. Quelques moments plus légers sont de la partie (avec quelques touches d’espoir), mais l’ambiance est globalement lourde voire sombre, avec quelques séquences quasi horrifiques. Les visuels atypiques participent à cette ambiance, et après le petit temps d’adaptation dont nous avons eu besoin, l’ensemble s’est avéré assez hypnotique (même si nous tiquons parfois sur certains visages, mais c’est un ressenti très personnel). Oui, on est parfois à la limite de la folie, et on ressort un peu perturbé par ce qu’on vient de découvrir. Si les visuels sont globalement axés sur les personnages, avec un découpage parfois serré, on profite quand même de nombreuses grandes illustrations qui mettent en avant les décors. « Alouette » fait déjà partie des ouvrages marquants de cette année 2025 même si, une fois encore, le style visuel ne plaira pas à tout le monde.
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