Avis BD Glénat : Mon infractus (quand j’étais DJ), d’Hervé Bourhis
Sans mauvais jeu de mot, notre bande-dessinée du jour est un véritable coup de cœur. « Mon infractus » est un ouvrage signé Hervé Bourhis, un récit qu’il qualifie lui-même « d’incontrôlé », partant d’une idée précise (éviter de se livrer) mais débouchant sur quelque chose de plus intimiste. Oui, l’auteur nous parle de son infarctus, mais pas que, et le cœur du sujet reste sa passion pour la musique et son expérience de DJ. Nous avons eu la chance de recevoir l’ouvrage, qui sera disponible le 3 avril 2024, et il est temps de vous en parler.
Synopsis : En juin 2022, à 48 ans, Hervé Bourhis a fait un infarctus. Il y a survécu. Tout le monde lui a dit alors : « Tu as le sujet de ton prochain livre ». Son formidable médecin traitant, qui s’appelle Madame Leblanc, prononce « infractus », ce qui est surprenant pour une professionnelle. A ce stade, Hervé n’avait aucune envie d’en faire une bande dessinée, surtout qu’il y a pléthore de livres de témoignage du genre : Mon cancer et moi, Ma dépression mon amour, 50 nuances de mycoses. En BD, ça a donné quelques chef-d’œuvres mais c’est rare. La grippe intestinale ne donne pas le talent, la gastro ou les hémorroïdes non plus. Bon, vous avez compris l’idée. Instagram en est rempli, de ces témoignages édifiants. Chaque particularité médicale, chaque névrose a son strip quotidien, suivi par beaucoup de gens. C’est de l’art-doudou, nombriliste et narcissique… Non, Hervé Bourhis ne tombera jamais dans ce travers. C’est très vulgaire. Ça relève de l’intime, n’insistez pas, il a sa dignité. Il va plutôt vous raconter ses souvenirs de DJ amateur. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
« Mon médecin traitant (qui est formidable) s’appelle Docteur Leblanc. Et elle prononce « Infractus », c’est surprenant pour une professionnelle »
Hervé Bourhis fait un infarctus l’année de ses 48 ans, et il y survit. L’auteur d’une quarantaine de bandes-dessinées reçoit alors de nombreux messages de soutien de ses proches, dont un revient particulièrement souvent : « tu as le sujet de ton prochain bouquin », ou encore « ce sera le sujet de ta prochaine BD » ! Oui mais non, et l’auteur ne souhaite pas tomber dans la « médicalxploitation », les réseaux sociaux étant déjà remplis de témoignages du genre. Hervé Bourhis va partir dans quelque chose de différent, et raconter ses souvenirs de DJ amateur. Avec beaucoup d’humour, il nous demande de ne pas nous sauver, qu’il y aura plein d’anecdotes, de people, de connexion avec ce lui est arrivé. Pas de tromperie sur la marchandise nous dit-il, le cœur sera toujours le cœur du sujet (ça fait beaucoup de cœurs), et il sera question de BPM (battements par minute) ! Le tempo sera aussi bien musical que cardiaque, et « Mon infractus » va revenir sur de nombreux événements de la vie de son auteur, sur sa jeunesse, ses rencontres (avec notamment l’excellent Philippe Katerine), mais également… son infarctus.
En effet, et comme dit précédemment, l’auteur qualifie son récit « d’incontrôlé », dans le sens où il finit par se livrer à nous, nous parlant de la mort, de ses peurs, de la douleur. Oui, il faut en parler, et le côté intimiste est bel et bien présent (le point de vue de l’auteur est d’ailleurs intéressant en ce qui concerne la gestion de son stress, le lâcher prise). Néanmoins, on ne tombe pas dans la simple exhibition (l’auteur voulait à tout prix éviter de proposer un énième ouvrage basé sur un souci de santé), et le tout est raconté avec justesse, émotion mais surtout beaucoup d’humour. C’est drôle, très drôle même, avec de nombreuses anecdotes croustillantes et des rencontres touchantes. On découvre des personnages savoureux, des anecdotes parfois tristement drôles, le tout enrobé de visuels vraiment excellents. Le bleu et le rouge sont les couleurs prédominantes, et c’est vraiment très beau, original en termes de découpage et de mise en scène. Plus qu’une simple bande-dessinée, « Mon infractus » nous embarque dans un univers à part, dont il est bien difficile de sortir. On le répète, c’est drôle et touchant, et très différent de ce qu’on a l’habitude de découvrir. Une bien belle surprise !
Lageekroom