Avis BD Glénat : Quelque chose de froid (récit complet)
Scénarisée par Philippe Pelaez et dessinée par Hugues Labiano, « Quelque chose de froid » faisait partie des bandes-dessinées que nous attendions le plus en ce mois de mars 2024. Et pour cause, nous sommes particulièrement friands de polar à l’ambiance sombre, mais également par le travail de Philippe Pelaez, qui signe une nouvelle fois un récit aux dialogues percutants mais surtout très immersifs. Nous avons eu la chance de recevoir l’ouvrage, disponible depuis le 6 mars dernier, de la part des éditions Glénat, et il est temps de vous dévoiler notre avis. C’est parti !
Synopsis : Ohio, 1936. Ethan Hedgeway est un truand qui a trahi Frank Milano, le parrain de la pègre de Cleveland. S’il pensait pouvoir mener une vie paisible ensuite, c’est raté. En guise de réponse, Milano réfugié au Mexique, démembre sa femme. Hanté par ce massacre, Hedgeway décide de revenir à Cleveland à la grande surprise des policiers qui comptent bien profiter de son retour pour lui soutirer de précieuses informations. Les autorités l’installent dans un hôtel minable où Ethan va faire la connaissance de personnages aussi baroques que lui, telle la ravissante unijambiste Victoria Jordan. Mais une autre affaire agite la région : dans les bas-fonds du quartier de Kingsbury Run, là où sévit la misère la plus crasse, un tueur en série sème des cadavres mutilés autour du bidonville. Ethan, fasciné par ces crimes odieux, va peu à peu sombrer dans un sordide engrenage meurtrier sans imaginer que le véritable tueur, tout proche, pourrait bien prendre ombrage de ce dangereux concurrent… Ethan pourra-t-il s’arrêter à temps ? L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
L’ambiance « sombre et crépusculaire » annoncée par l’éditeur Glénat dans le descriptif de l’ouvrage sur son site est totalement au rendez-vous de notre bande-dessinée du jour. Direction les années 30 avec « Quelque chose de froid », qui pose l’ambiance dès ses premières cases et surtout dès ses premiers textes. Le contexte nous est exposé de manière froide, et on découvre Ethan Hedgeway (qui est le narrateur de l’histoire), ancien proche d’un parrain de la pègre, qui s’est sauvé avec la caisse après avoir purgé une peine de prison. Désormais traqué par son ancien patron, et collé de près par la police, Ethan va être logé dans un hôtel pour être régulièrement interrogé sur son passé et ses anciennes relations. Rapidement, on en apprend davantage sur ce personnage sombre dans bien des aspects, du meurtre abominable de sa femme à son passage en prison. Flics ripoux, prêtre pédophile, magnifique femme unijambiste ou gamin un peu trop soupçonneux gravitent autour de notre personnage principal qui, animé par une certaine forme de vengeance, sombre dans la violence. Pire, un tueur en série appelé « le tueur aux torses » terrorise la population, rajoutant une dose de glauque dans une équation déjà bien sombre. Ethan semble même fasciné par ce tueur…
Philippe Pelaez, qui nous propose en fin d’ouvrage un carnet de 8 pages revenant sur le film noir, la mafia ou encore la prohibition, nous embarque sans mal dans son récit, qui ne manque pas de rebondissements. Tous les codes du genre sont là, les personnages sont intéressants et bien écrits, et l’ambiance est parfaitement au rendez-vous. On apprécie également tout particulièrement le style visuel proposé par Hugues Labiano, principalement au niveau des visages et des décors, le tout optant pour du noir et blanc, des teintes bleutées, et quelques touches de rouge pour le sang et les flammes. L’ensemble rend vraiment bien, et les nombreux textes ne plombent jamais un rythme qui tient en haleine du début à la fin. On espérait un ouvrage immersif rendant hommage au genre et aux films des années 30 et 40, nous avons été servis ! Un bien bel ouvrage, qu’on vous conseille froidement chaudement !
Lageekroom