Avis Cinéma : Pokémon : Détective Pikachu, une adaptation électrique ?
Pokémon : attrapez-les tous ! Cette phrase a tourné en boucle dans ma tête pendant une bonne partie de ma jeunesse. Comme à peu près tous les trentenaires actuels qui connaissent la franchise, j’ai commencé par jouer à Pokémon Rouge et Bleu sur Gameboy, puis à attaquer la version Jaune, sans même parler de Snap et de Stadium sur la Nintendo 64. Je ne vais pas vous faire l’historique de tous les jeux sortis et auxquels j’ai joué, ce serait bien long. Par contre, le phénomène a pris une sacrée ampleur et il a été encore plus popularisé avec l’arrivée de la série animée, de l’animé Mewtwo Contre-Attaque et, bien entendu, du fameux jeu de cartes. Depuis, les univers ont évolué, ils ont été étendus et les Pokémon continuent à vivre, faisant la joie des nouvelles générations, tout en restant dans le cœur des moins jeunes. Si je vous raconte tout ça, c’est parce que je suis récemment allé voir le film Pokémon Détective Pikachu, adaptation (avec quelques libertés) du jeu Détective Pikachu sorti en 2016 au Japon et en 2018 en Occident. Alors pour le meilleur ou pour le pire ?
Comme dans le jeu, le film Pokémon Détective Pikachu nous permet de faire la connaissance de Tim Goodman, un jeune étudiant dont le père a mystérieusement disparu dans le cadre d’une enquête qu’il menait. Tim avait toujours rêvé d’être un dresseur Pokémon mais il a fini par renoncer à cet objectif et par se détourner des Pokémon… Jusqu’à ce qu’il rencontre un Pikachu capable de lui parler qui le pousse à aller à Ryme City, ville dans laquelle les humains et les Pokémon vivent en parfaite harmonie, pour enquêter… Je ne vais pas en dire plus sur le scénario (et encore moins sur la fin) pour éviter de gâcher le plaisir de la découverte. Néanmoins, je dois avouer que l’histoire, certes assez convenue et linéaire, se laisse suivre sans déplaisir. Il y a quelques rebondissements, plus ou moins téléphonés selon le moment, et quelques surprises sont de la partie. Les dialogues ne volent jamais très haut mais j’ai pris un malin plaisir à savourer les répliques de ce cher Pikachu, aussi arrogant que marrant. Je n’ai pas vu passer les 1h45 du film, ce qui à mon sens est un bon point.
Le duo Tim Goodman (incarné par Justice Smith) et Pikachu (doublé par Ryan Reynolds – ce qui fait bizarre au début, surtout quand on a encore son interprétation de Deadpool en tête) fonctionne bien à l’écran, tout comme les moments entre Tim et Lucy Stevens (incarnée par Kathryn Newton), une apprentie journaliste qui cherche à en savoir plus. Même s’il n’a pas beaucoup de passage à l’écran, c’est toujours un plaisir de revoir Ken Watanabe. Le reste du casting est un peu plus fluctuant mais l’ensemble reste correct. Au niveau des thèmes abordés, j’ai apprécié le parallèle de deux duos père-fils pour évoquer cette relation toujours assez compliquée. Les histoires sont différentes mais les résultats tiennent parfois à une incompréhension… Bref, le sujet est plutôt bien amené même si derrière il est traité de manière plutôt pataude. Toujours est-il qu’il permet d’ajouter un poil de substance à ce long-métrage, d’autant que d’autres sujets, comme la tolérance, la possibilité de cohabiter malgré les différences, etc. sont abordés plus finement. De manière générale, si le film est parfaitement accessible aux plus jeunes, il n’en oublie pas pour autant les trentenaires comme moi grâce à plusieurs références habilement placées et à certains passages qui offrent une double lecture.
Il faut être honnête, si Pokémon Détective Pikachu fonctionne réellement, outre l’humour de Pikachu, c’est assurément parce que Rob Letterman a su transposer à la perfection l’univers Pokémon dans un univers réaliste. Il y a déjà de quoi avoir peur quand on apprend qu’un jeu va être adapté en film mais quand on nous dit en plus que ce sera un live-action, on s’apprête à sortir les fourches, les tomates et le reste. Même si les premiers trailers m’avaient un poil rassuré, je suis allé à la séance avec une petite appréhension. J’en suis ressorti totalement convaincu. Il y a eu un travail monstrueux sur le design de chaque Pokémon. Les versions sont réalistes tout en restant fidèles aux originales (Sonic, prends-en de la graine). Pikachu est absolument adorable, Arcanin est craquant, les Carapuce sont trop mignons, Dracaufeu est impressionnant, bref, ils sont tous réussis ! Mieux, ils sont vraiment bien intégrés à l’univers, j’avais l’impression qu’ils étaient tous à leur place, remplaçant la faune et une partie de la flore que nous connaissons. C’est une franche réussite qui aide justement à s’immerger dans le film, à donner de la crédibilité à cette version réaliste de Ryme City, bref, c’est ce qui permet d’y croire. Les images de synthèse sont au poil, les effets visuels sont très réussis et nous avons le droit à un beau spectacle, d’autant qu’il y a bien moins de combats de Pokémon que ce que l’on pourrait penser. En se basant sur le spin-off Détective Pikachu, Rob Letterman a réussi à adresser une vraie lettre d’amour aux Pokémon, sans plonger dans le carcan des combats, de l’évolution dans une Ligue Pokémon, etc. Chapeau bas !
Quand tu as un Magicarpe et que tu obtiens un Léviator…
Je pense que vous l’avez compris, j’ai beaucoup aimé ce Pokémon Détective Pikachu. Outre les références à l’univers et l’humour de Pikachu, c’est assurément la réalisation qui m’a le plus convaincu. Les Pokémon s’offrent ici des versions réalistes qui sont fidèles aux versions originales que nous connaissons. Les images de synthèse sont parfaites, l’intégration est excellente et tout prend vie sous nos yeux comme si c’était naturel. Cette adaptation est une franche réussite. Non seulement nous avons le droit à une adaptation de qualité de la franchise Pokémon, mais en plus c’est un long-métrage live-action américain qui assure le spectacle. Tout n’est pas parfait, tous les acteurs ne sont pas toujours justes, il faut s’adapter à la voix de Ryan Reynolds (excellent certes mais quand on a encore Deadpool en tête, la confusion est légitime), le scénario est assez convenu et linéaire et certains sujets, intéressants dans le fond, sont amenés de manière pataude, là où d’autres sont plus subtils grâce à une double lecture. Malgré tout, je me vois mal cracher dans la soupe car Rob Letterman a réussi son pari : proposer un film malin, très agréable à regarder et qui respecte le matériau d’origine sans tomber dans la répétitivité des combats de Pokémon. Un vrai régal !
Article rédigé par Vincent – Lageekroom
J’ai beaucoup entendu parler du film avant sa sortie, mais ensuite plus rien. Je pense que c’est le premier critique à son sujet que je lis. Il est vraiment temps que je le regarde !