TEST : Flashback 2, une suite ancrée dans le passé, pour le meilleur et pour le pire
Même après avoir terminé son aventure, nous avons encore du mal à croire que Flashback 2 soit bel et bien réel. Plus de 30 ans après un premier épisode que nous avons découvert sur notre bonne vieille Mega Drive, le jeu de Paul Cuisset est de retour, ce dernier étant toujours aux commandes avec ses équipes de Microids Lyon et Microids Paris. Si les versions PS4, Xbox One et Nintendo Switch ont été repoussées à 2024, les joueurs PC, PS5 et Xbox Series peuvent désormais mettre la main sur le jeu, disponible depuis le 16 novembre dernier. Nous avons eu la chance de recevoir une version PS5 du jeu de la part de l’éditeur, et il est temps de voir si la nostalgie a fait son effet !
Flashback premier du nom est un jeu qui nous a marqués ! Et pourtant, en y réfléchissant bien, nous ne l’avons jamais terminé, bien trop exigeant pour les gamins que nous étions ! Néanmoins, les graphismes, animations ou encore cinématiques des premiers niveaux sont encore dans nos têtes, et c’est avec excitation et fébrilité que nous avons lancé Flashback 2. Réaliser cette suite, plus de 30 ans après le premier épisode, était un pari risqué et presque insensé, tant il est aujourd’hui difficile de trouver le juste milieu entre fidélité au matériau d’origine, modernité et nostalgie. Paul Cuisset l’a dit lui-même en interview : il est aujourd’hui difficile d’innover. Mais cela n’empêche pas les créateurs de proposer des titres parfois classiques mais solides, et ce n’est malheureusement pas le cas de ce Flashback 2. Clairement ancré dans le passé, que l’on parle de son gameplay ou de son level design, Flashback 2 propose de bonnes choses mais également des mécaniques qu’on voudrait ne plus voir en 2023.
Avant toute chose, plaçons le contexte. Le jeu se déroule au 22e siècle. Les Mondes-Unis s’étendent en paix à l’ensemble du Système Solaire, mais cet équilibre est menacé par l’invasion des Morphs menée par la redoutable Générale Lazarus. C’est là que notre héros Conrad B. Hart intervient, lui qui est toujours à la recherche de son ami Ian. Le jeu va nous embarquer dans une aventure de science-fiction à l’ambiance cyberpunk, et nous faire visiter des environnements bien connus des fans et d’autres inédits. Action et plateforme sont au rendez-vous d’un titre qui s’apparente à un twin-stick shooter, dans lequel le stick gauche sert à contrôler son personnage et le droit à viser et à tirer.
Conrad peut également dasher, faire des roulades, sprinter, se mettre accroupi, utiliser un bouclier ou des lunettes à analyse de flux le temps de quelques énigmes, mais va surtout dégommer ses ennemis avec son arme mythique à l’IA connue sous le nom de A.I.S.H.A. Quant aux sauts, ils sont automatisés, pour le meilleur et pour le pire. La narration vous emmène à New Tokyo, New Washington ou encore la jungle bien connue des fans, le gameplay réservant même des phases en moto (dont on se demande encore l’utilité même si elles sont sympathiques les 2 ou 3 premières fois), du piratage, et même un combat de mechas.
Même si le début du jeu est peu engageant, cela s’arrange nettement par la suite et on prend même plaisir à terminer les premières missions et à découvrir les différents environnements. Certes, le gameplay est un peu lourd mais on s’y fait, et la direction artistique fait son effet, avec de jolis effets visuels et des villes plutôt immersives. On est loin de The Ascent (pour ne citer que lui) en termes de visuels, mais Flashback 2 se défend bien, même si certains lieux comme la jungle manquent de finesse et que quelques textures sont vraiment basiques. Les animations de Conrad sont réussies, et les premiers combats font le job.
Mais après quelques missions, on se rend compte des limites du jeu, et c’est la déception qui pointe le bout de son nez. Les sauts automatisés n’en font parfois qu’à leur tête, la visée (elle aussi automatisée) est imprécise, les combats sont répétitifs, l’IA est moyenne, le framerate est instable, les combats de boss manquent d’intérêt, Conrad se bloque ou traverse le décor (difficile de bien se déplacer dans la profondeur), les collisions sont hasardeuses, et les quelques énigmes environnementales souffrent d’un level design très basique. La liste est malheureusement longue et cela nous fait mal au cœur, car dès que le titre propose de bonnes choses, de beaux environnements et quelques mécaniques inédites, le manque de finition vient gâcher la fête.
Oui, Flashback 2 manque clairement de finition. Pourtant, le patch day-one est venu corriger bon nombre de bugs tout en apportant des améliorations de l’IA des coéquipiers, sans oublier la correction des problèmes de sauvegardes, mais cela ne suffit malheureusement pas, et le jeu aurait besoin d’un sacré coup de polish supplémentaire. Devoir se retaper plusieurs dizaines de minutes de jeu à cause d’un bug a tendance à agacer et à gâcher l’expérience… On aurait également préféré prendre notre pied durant les gunfights, mais malgré la présence d’une armure pour se protéger et éviter les radiations, de modules complémentaires type mortier et de quelques ennemis plus coriaces, l’ensemble manque de patate et de précision, avec un Conrad qui refuse même parfois de tirer alors qu’on appuie sur la gâchette.
Flashback 2 a donc du mal à convaincre au niveau de son action et de ses phases de plateforme, à cause de contrôles lourds et imprécis (on a parfois l’impression que le jeu tourne au ralenti), et de cette sensation qu’aucun des éléments proposés ne va au bout des choses. Pourtant, le scénario se laisse suivre, les cinématiques sont correctes et certains messages écologiques ou de société sont mis en avant, mais cela ne suffit pas. On terminera avec un mot sur la VF de Conrad, assurée par Donald Reignoux. Si le talent du comédien de doublage n’est plus à démontrer (nous avons salué sa performance sur Marvel’s Spider-Man 2), sa voix ne colle à nos yeux pas dans le cas présent, avec des touches d’humour qui ne fonctionnent pas vraiment.
Flashback 2 partait peut-être d’un bon sentiment, mais le résultat est clairement décevant. Nous avons beau adorer le travail de Paul Cuisset, qui s’avère toujours passionnant dans ses interviews, cette suite semble ancrée dans le passé, pour le pire, et ne parvient pas à proposer une expérience au moins satisfaisante. Le jeu souffre de gros problèmes de finition, empêchant parfois la progression, le gameplay est lourd et imprécis, le jeu est court (comptez 6h en ligne droite), le level design est archi basique, et le tout manque cruellement d’intérêt, avec des séquences pas vraiment utiles (déplacements en moto, combat de mechas presque injouable). C’est vraiment triste, car la direction artistique est de bonne facture et certaines missions restent sympathiques. On avait vraiment envie d’aimer Flashback 2 et de sentir ce vent de nostalgie qu’on aime tant, mais cela n’a pas été le cas.
Les +
- direction artistique de bonne facture
- de jolis effets visuels
- les 2 premières heures sympathiques
- de chouettes animations (sauf pour le dash)
- des environnements qui rappelleront des souvenirs aux fans
- les musiques
Les –
- gros manque de finition
- gameplay lourd et imprécis, avec des commandes qui répondent mal
- la visée et les sauts automatisés qui posent problème
- le jeu est rarement fluide
- level design basique
- des énigmes environnementales ultra classiques
- les combats de boss inintéressants
Lageekroom