TEST : This War of Mine Complete Edition s’invite sur Nintendo Switch
Déjà sorti sur consoles et PC, This War of Mine nous arrive sur Nintendo Switch en cette fin d’année, dans une nouvelle édition contenant tous les contenus bonus sortis jusqu’à présent. Au milieu des jeux d’action qui pullulent ces dernières années, voyons voir ce que nous réserve ce jeu polonais à l’atmosphère si particulière… Et surtout ce que vaut cette version Switch !
Avant de retrouver notre test du jeu ci-dessous, parlons de ce portage Switch, et de cette « Complete Edition » ! Cette édition est la plus complète à ce jour, et propose en plus de son mode principal différentes « stories », des histoires davantage scénarisées qui ont le mérite de ne pas lâcher le joueur en pleine action. Le contenu de cette édition s’avère conséquent, le jeu étant au passage loin d’être facile. Graphiquement, la Nintendo Switch s’en sort à merveille et ce portage rend très bien visuellement, gardant son identité et sa direction artistique si particulière. Il est possible de zoomer sur l’action, chose bien pratique en mode tablette. L’aliasing, déjà présent sur les autres versions, est toujours de la partie, mais ne gêne pas la lisibilité de l’action. On regrettera un certain manque de précision à la manette, votre personnage n’en faisant parfois qu’à sa tête. This War of Mine s’invite sur Switch de la plus belle des manières, et le jeu reste tout aussi bon que sur les autres consoles. On vous parle plus en détails du jeu ci-dessous !
La guerre, c’est super cool… C’est en tout cas ce que veulent nous faire croire de nombreux titres de ces dernières années, permettant de flinguer à tour de bras en courant contre les murs et en grenadant l’ennemi à gogo. Mais, vous le savez, la réalité est toute autre, et This War of Mine est là pour nous le rappeler. Dans une vue de côté à la Deadlight, le joueur doit gérer un groupe de survivants, plongés en pleine guerre civile. Planqués dans une bicoque la journée pour échapper aux snipers, il organisent des expéditions la nuit pour aller dénicher des vivres, médicaments ou autres matériaux pour construire des objets de fortune. En effet, vous démarrez de rien et vous allez vite devoir gérer vos priorités. Construire des lits sera rapidement indispensable pour que vos survivants ne s’épuisent pas trop vite, afin qu’ils aient assez d’énergie pour aller fouiner les alentours. Fouillez, creusez, examinez chaque placard et chaque caisse pour récupérer des matériaux ou des vivres, mais attention, l’inventaire est limité et vous ne pouvez pas tout transporter. Une fois un minimum de confort établi, il faut nourrir vos personnages, en prenant soin de construire ce qu’il faut pour réchauffer les boîtes de conserve ou les légumes. Chaque survivant est différent et possède des compétences propres et des besoins particuliers. Par exemple, un fumeur en manque sera vite irritable et pourra plomber le moral général, à moins qu’on lui trouve des feuilles et du tabac.
Les aptitudes physiques sont également très importantes, et envoyer un personnage rapide en reconnaissance sera plus prudent en cas de pépin. En effet, ne croyez pas qu’il est aussi simple que ça de farfouiller dans les maisons voisines, celles-ci étant souvent squattées par des bandits ou simplement par leur propriétaire. La prudence sera de mise et il faudra anticiper les réactions des PNJ, en regardant par le trou des serrures par exemple. Prenons un exemple concret qui nous est arrivé : après la visite inattendue de pillards lors d’une virée nocturne (notre maison manquant fortement de barricades et les survivants restés sur place étant endormis), un de nos personnages a été blessé, souffrant d’une vilaine entaille. À bout de force et cloué au lit, nous avons dû partir à la recherche de bandages pour le soigner. Direction la résidence voisine, où nous sommes tombés sur un couple de personnages âgés alors que nous étions en train de fouiller leurs réserves. Pris de panique, le propriétaire des lieux nous demande de partir et de laisser les médicaments de sa femme avant de quitter les lieux. Malheureusement, la situation dégénère et nous laissons un cadavre derrière nous. Rentrés à la « maison », nous pouvons soigner notre camarade, mais notre personnage commence à être pris de remords. Plombant le moral général, il va s’isoler petit à petit et connaître une fin tragique… Chaque choix entraîne des conséquences (désastreuses ou non) et les dilemmes sont nombreux et prenants. Un personnage mort le reste définitivement et le jeu continue avec les autres survivants. Le titre permet de facilement switcher d’un personnage à l’autre, afin d’assigner une tâche à chacun.
Autant dire qu’il faut bien réfléchir à chacune de ses actions. Chacun a sa psychologie propre, ses peurs, ses angoisses. Le joueur les découvrira au fur et à mesure, et parfois trop tard. Exigeant, le jeu demande souvent de bien se concentrer et de réfléchir à ce que l’on entreprend. On pourra se fabriquer quelques armes lors de virées nocturnes dangereuses, mais le combat au corps à corps n’est pas le point fort de nos survivants. Volontairement lourde en mano à mano, la jouabilité n’encourage pas à foncer tête baissée. Il faut toujours garder en tête que l’on n’incarne pas un pro de la gâchette. Le danger est à l’extérieur mais il peut également frapper à votre porte. Des PNJ peuvent venir frapper chez vous à tout moment ! Hostiles ou non, certains demanderont simplement de l’aide (il faudra parfois les suivre à vos risques et périls) tandis que d’autres voudront faire du troc. Les échanges sont très utiles tant certains items sont difficiles à récupérer. L’eau par exemple est une denrée rare, et on ne peut pas se contenter de récupérer de l’eau de pluie pour cuisiner, celle-ci pouvant vous rendre malade, voire pire encore. Alors que pour fabriquer de quoi la purifier, il faudra trouver les bons éléments. Il est possible de fabriquer de très nombreux objets, ensuite améliorables, pour le confort (lit, chaise), la défense (couteaux, barricades), la survie ou encore pour remonter le moral des troupes (radio, guitare). Ne gaspillez pas vos ressources dans des choses inutiles ou vous pourriez le regretter.
This War of Mine est un jeu difficile et chaque partie est différente, suivant vos actions et les réactions des différents PNJ. Bien que certains événements se répètent après plusieurs parties, la sensation de vivre une nouvelle aventure à chaque tentative est bien présente. Il faudra lutter contre la famine, la peur, la dépression, l’ennui. Cette édition ajoute la présence d’enfants, avec lesquels il faudra créer des liens, les protéger, les occuper ou leur remonter le moral. Bien qu’ils ne peuvent pas mourir, contrairement aux adultes, on s’inquiétera pour eux et on fera le nécessaire pour que tout se passe pour le mieux. Déjà ultra prenant, le jeu l’est encore plus avec la présence de ces petiots que l’on veut protéger à tout prix. Malheureusement, le jeu souffre parfois d’un manque de précision dans sa jouabilité. Il arrive souvent que l’on se trompe d’action à effectuer, les icônes étant assez proches. Alors qu’on souhaite simplement qu’un personnage cuisine un plat, il se mettra à améliorer l’appareil de cuisson, ce qui peut être pénible, notamment lors de certaines phases d’exploration. Graphiquement, le titre propose une identité forte, avec des teintes en noir et blanc et peu de lumière. Stylée, la direction artistique pose néanmoins quelques soucis de lisibilité et un flou parfois gênant. On note un peu d’aliasing mais le tout reste cohérent et se montre original. Côté sonore, les musiques sont superbes, mélodiques, parfois tristes, elles dégagent une vraie émotion. Les bruitages sont au poil et les dialogues (en français) sont symbolisés par des bulles au-dessus des personnages, qui ont parfois tendance à se chevaucher. Quoi qu’il en soit, c’est un sans faute sonore !
This War of Mine n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains. Dépressifs s’abstenir car le jeu propose une ambiance lourde et triste, mais qui colle parfaitement avec la dure réalité de la guerre et de la survie. Exigeant, le jeu ne laisse pas de place à l’improvisation. Il faut gérer ses ressources, ses escapades de nuit et ses personnages avec une grande justesse, demandant beaucoup d’implication au joueur. Si certaines séquences se répètent d’une partie à l’autre, le jeu est suffisamment accrocheur pour vous encourager à retenter l’aventure en cas d’échec. La présence d’enfants et des Stories dans cette version ajoute un peu d’humanité à ce monde de brutes, et des trames davantage scénarisées. Cela crée des liens et ajoute du stress supplémentaire. Malgré quelques soucis de précision aux Joy-con et une identité visuelle réussie mais gênant un poil la lisibilité, le jeu des développeurs polonais est accrocheur, réaliste, original et il propose une autre vision de la guerre, nettement plus réaliste. Une réussite !
Les +
- La guerre vue sous un autre angle
- La survie, la vraie
- Direction artistique réussie
- Bande sonore superbe
- L’ajout des enfants et des Stories
- Ambiance travaillée, très pesante
- Nombreux objets à fabriquer et améliorer
- Gérer le moral de ses survivants
- Virées de nuit à bien préparer
- Plein d’événements avec les PNJ
- Choix moraux intéressants
- Une psychologie propre à chaque perso
- Switcher facilement entre les survivants
- Un jeu difficile et exigeant
Les –
- À ne pas mettre entre toutes les mains
- Dépressifs s’abstenir
- Maniabilité parfois imprécise
- Quelques soucis de lisibilité, surtout en mode tablette (malgré la possibilité de zoomer)
- Le corps à corps (volontairement) lourd à prendre en main
Lageekroom