Avis BD Glénat : BTK – Dennis « Bind Torture Kill » Rader
Les tueurs en série fascinent, ce n’est un secret pour personne, et le carton d’audience de la série Dahmer sur Netflix en est la preuve la plus récente. Que ce soit à travers le cinéma, les séries télé ou encore les livres ou bandes-dessinées, les histoires sordides de ces tueurs nous intriguent, nous passionnent et nous dégoutent à la fois. Après un ouvrage consacré à Edmund Kemper, l’éditeur Glénat nous propose un nouveau tome de sa collection « Serial Killers » dédié à Dennis Rader, alias BTK, disponible le 15 février 2023. Nous avons eu la chance de recevoir la bande-dessinée avec un peu d’avance, et il est temps de vous en parler.
Synopsis : Dennis Rader est un tueur en série américain surnommé le BTK Killer pour « Bind, Torture and Kill » soit « Attacher, Torturer et Tuer », son modus operandi. Il l’a lui-même reconnu, il aimait torturer des animaux étant petit, une caractéristique que l’on retrouve régulièrement chez les tueurs en série. Rader est responsable de la mort de 10 personnes (dont 2 enfants), ses « projets » comme il les appelait. Il attendait les victimes dans leur maison et les séquestrait avant de les étrangler. S’il ne les violait pas, il a affirmé lors de son procès avoir agi pour répondre à des pulsions sexuelles. Son dernier crime date de 1991, mais il ne fut arrêté qu’en 2005, après avoir recommencé à envoyer des lettres anonymes aux médias et à la police pour se vanter de « son œuvre ». Pourquoi ? Parce qu’il s’ennuyait… Étienne Jallieu obtient à grand peine l’autorisation d’aller l’interviewer dans sa prison : El Dorado Correctional Facility, au Kansas, où il est condamné à 10 peines de perpétuité consécutives. Leur entretien sera glaçant. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Comme nous le disions dans notre avis sur l’ouvrage consacré à Edmund Kemper, « la collection « Serial Killers » de l’éditeur Glénat a connu des moments difficiles. L’ouvrage sur Michel Fourniret a du être retiré de la vente, et le scandale lié à Stéphane Bourgoin, un spécialiste des tueurs en série connu pour ses interviews et ses ouvrages, a forcément marqué un coup d’arrêt à cette collection qui devait comporter une vingtaine de tomes. Pour résumer les faits concernant Stéphane Bourgoin, ce dernier est accusé d’avoir menti sur son travail durant de longues années. Il est en effet loin d’avoir rencontré autant de tueurs en série qu’il ne le dit, n’a pas côtoyé le FBI durant leurs enquêtes, et sa femme n’a pas été assassinée, contrairement à ses déclarations, par un tueur. Beaucoup de mensonges donc pour une personnalité pourtant appréciée, et nous possédons nous-même plusieurs de ses ouvrages. » Mais cela n’entache en rien la qualité de « BTK – Dennis « Bind Torture Kill » Rader », qui s’avère une nouvelle fois assez glaçant.
L’ouvrage met en scène Étienne Jallieu (le pseudo de Stéphane Bourgoin lorsqu’il écrit des romans), qui se rend en prison pour interviewer le tueur. Au passage, nous vous conseillons chaudement l’excellente série Mindhunter, produite notamment par David Fincher et disponible sur Netflix (2 saisons, 19 épisodes). Mais revenons-en à nos moutons, et à Dennis Rader, dont nous allons découvrir les témoignages, les méthodes mais également les motivations. Ce tueur en série, clairement narcissique et en perpétuelle recherche de reconnaissance, va raconter ses meurtres, ses pulsions et fantasmes, lui qui aimait attacher ses victimes et les torturer avant de les assassiner. Hommes, femmes et enfants ont été victimes d’un psychopathe qui était tout à fait conscient de ses actes, même s’il parlait parfois d’un monstre qui sommeillait en lui et qu’il avait du mal à contenir. L’ouvrage alterne donc entre présent et passé, avec une mise en scène souvent cinématographique et parfois surprenante. Certaines séquences sont très travaillées, comme lorsque Dennis, encore enfant, découvre pour la première fois une revue parlant du premier tueur en série H.H. Holmes, arrêté en 1894 et condamné à la peine de mort. On découvre cette revue dans son intégralité en même temps que Dennis, et l’immersion est totale. Au passage, le jeu d’horreur The Devil in me (testé à cette adresse sur le blog) revient sur l’histoire de ce tout premier tueur en série de l’histoire.
L’ouvrage contient plusieurs scènes de ce genre, dont une revenant sur de nombreux autres tueurs (Bundy, Kemper et même le personnage fictif James « Buffalo Bill » Gumb), lorsque le journaliste lui demande à quel niveau il se situerait s’il y avait une hiérarchie des plus grands tueurs en série de tous les temps. Une nouvelle fois, le narcissisme de Dennis refait surface (il les démonte les uns après les autres pour se mettre en valeur), lui qui s’est notamment fait attraper à cause des lettres qu’il envoyait à la police. L’ambiance est lourde, parfois glauque, mais il est difficile de ne pas tourner les pages une fois lancé. On entre dans l’esprit du tueur, parfois même dans sa vie de famille (il était père), et on découvre toutes ces horreurs avec une certaine fascination. Les dernières pages de l’ouvrage regroupent quant à elles de nombreuses informations sur ses meurtres, son mode opératoire, son analyse psychologique, le tout accompagné de photos d’époque. Aussi intéressant que qualitatif, ce nouveau volume de la collection « Serial Killers » de l’éditeur Glénat (à ne pas mettre entre toutes les mains) vous passionnera sans aucun doute si ces personnages vous intriguent autant qu’ils vous fascinent.
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