Avis BD Glénat : Histoires de sororité, de Caroline Cohen Ring
« Pourquoi les livres, les films ou les séries mettent si souvent les femmes en conflit » ? C’est sur cette réflexion que Caroline Cohen Ring développe son ouvrage qui revient, avec beaucoup d’intelligence mais également pas mal d’humour, sur ces femmes qui ont agi pour les femmes afin de s’imposer dans un monde d’hommes. C’est à travers les siècles que nous embarque l’autrice, à la découverte de ces femmes qui ont favorisé la sororité, posant les bases du féminisme. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : On parle souvent des grandes femmes qui ont marqué les époques, on les cite, on se félicite même du fait que l’Histoire ne les ait pas oubliées. Mais dans la plupart des cas, ce sont des femmes qui ont su s’imposer seules dans un monde d’hommes. Qu’en est-il de ce féminisme qui a débuté dans la sororité – de ces femmes agissant pour les femmes – et qui a permis si ce n’est l’émancipation, un accès au savoir et une forme d’égalité ? À travers les siècles, Caroline Cohen Ring revient sur des portraits de femmes qui ont favorisé la sororité. À ses côtés, nous remontons le temps pour faire connaissance avec des femmes courageuses, savantes ou guerrières.
Commençons tout d’abord par décrire ce qu’est la sororité. Il s’agit tout simplement « du concept qui désigne la solidarité entre les femmes, similaire à celui de la fraternité ». Quand les femmes s’entraident, la cause avance : cette phrase accrocheuse qu’on trouve sur la fiche de l’ouvrage sur le site de l’éditeur veut tout dire. L’histoire ne se souvient malheureusement que trop peu des femmes qui se soutiennent entre elles, préférant les mettre en opposition, une rivalité qui fait clairement le jeu du patriarcat. Et pourtant, bien que discrètes, elles ont existé à travers les siècles et à travers l’histoire. Qu’elles soient guerrières ou savantes, durant la préhistoire ou l’antiquité, ces femmes ont eu un rôle important et un impact sur notre société actuelle, même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. » L’homme de Menton », squelette découvert en Italie en 1872 dans les grottes de Balzi Rossi, était en fait une femme, baptisée au final « La dame du Cavillon ». Une mère et une guerrière, qui participait à la confection des armes ou des habitats. L’ouvrage s’attarde également sur le mythe des amazones à travers les femmes Scythes, sur la Reine Boadicée (surnommée la Vercingétorix anglaise) qui a lancé une révolte contre les romains, ou sur des faits plus récents, et dramatiques, en Iran.
Des histoires puissantes, parfois révoltantes, mais qui parviennent à proposer des tons totalement différents. « Qui porte la culotte » propose par exemple un ton plus léger, avec un humour qui fait mouche, tout en passant des messages intéressants. Caroline Cohen Ring parvient immédiatement à nous embarquer avec elle dans ses explications, et la lecture est clairement passionnante, avec des thèmes forts mis en avant avec justesse (ce qui n’est pas toujours le cas avec ce genre d’ouvrage). L’autrice nous permet donc de découvrir ces faits historiques qui ont implanté les bases du féminisme, qui trouve sa force dans la sororité, le tout avec autant d’audace que d’intelligence. La découverte de « Histoires de sororité » est donc une belle surprise, rendue d’autant plus agréable grâce à des visuels très réussis (et en particulier les visages ronds et expressifs des femmes) et une colorimétrie audacieuse. Une belle découverte.
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