Avis BD Glénat : La 3e Kamera (récit complet)
La Seconde Guerre mondiale est une source inépuisable pour les écrivains, cinéastes, dessinateurs ou encore historiens. Nous avons eu la chance ces dernières années de découvrir de nombreux ouvrages en lien avec cette période historique qui marquera l’humanité à jamais, des différentes batailles terrestres ou navales à l’organisation de la résistance. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à la 3e Kamera, un appareil clandestin utilisé par les reporters de guerre allemands pour prendre des clichés qui échappaient au contrôle des nazis. Disponible le 16 octobre 2024, « La 3e Kamera » est un ouvrage signé Cédric Apikian (au scénario) et Denis Rodier (au dessin), et il est temps de vous en parler. C’est parti !
Synopsis : 1945 à Berlin sous occupation alliée. Pendant la Seconde Guerre mondiale, plus de 700 soldats, appareils photo et caméras en main, alimentaient la propagande du Reich. Ces « Propaganda Kompanien », des reporters de guerre allemands sous les ordres de Goebbels, avaient pour habitude d’utiliser deux appareils photo officiels. Pourtant certains s’étaient munis d’un 3e appareil clandestin, échappant à tout contrôle : la fameuse 3e « Kamera ». C’est le cas du lieutenant Frentz, mandaté pour suivre le Führer en personne ! Dans la capitale en ruine, une course effrénée contre la montre commence pour récupérer ces clichés. En vue du procès de Nuremberg, les fameuses 3e « Kamera » qui documentaient les crimes commis par le régime vont devenir un enjeu stratégique pour les soldats américains du CIC ( Counter Intelligence Corps) ! Ce type d’appareil peut révéler le visage des officiers SS mais aussi apporter la preuve irréfutable des atrocités perpétrées dans les camps. Mais quels autres secrets pourrait encore livrer le boitier de Frentz ?
Si « La 3e Kamera » se base sur des faits historiques, il est bon de préciser que son récit est fictif. Ceci-dit, ce qu’on découvre dans cet ouvrage plutôt massif se rapproche sans aucun doute très fortement de la réalité. Comme nous le disions dans notre introduction, la 3e Kamera est un appareil clandestin utilisé par les reporters de guerre allemands. De base, ces derniers transportaient avec eux 2 appareils, et étaient chargés, en tant que reporters embarqués, d’être les yeux et les oreilles de la propagande nazie. Leur chef d’orchestre était Joseph Goebbels, qui avait bien compris qu’il avait entre les mains une véritable arme psychologique pour renvoyer dans le monde une image positive d’Hitler et ses alliés. Notez que l’ouvrage propose, dans ses dernières pages, un cahier historique complet (et illustré de photos d’époque), revenant sur tous les éléments évoqués dans la bande-dessinée. Alors que le Führer est acculé et que la défaite approche pour les nazis, nous suivons Walter Frentz, dont les clichés de sa 3e Kamera sont au centre de toutes les attentions.
En vue du procès de Nuremberg, ces clichés peuvent s’avérer capitaux pour dénoncer les atrocités commises durant la guerre. Les soldats américains le savent : les images de ce troisième appareil clandestin bénéficient de la liberté du caméraman, qui a immortalisé ce que la propagande de Goebbels voulait censurer. Notre récit nous embarque dans l’enfer de la guerre à la recherche de ces fameux clichés, tout en se demandant si ces photographes étaient réellement tous alliés à la cause du régime. Bien évidemment, de nombreux personnages sont développés tout au long de l’histoire, qui propose une tension permanente. La guerre est-elle réellement terminée ? « La 3e Kamera » est un ouvrage très immersif, grâce à son récit et ses personnages mais également ses visuels. C’est très détaillé, qu’on parle des différents environnements extérieurs (villes en ruine, forêts,) ou des intérieurs, avec des séquences bien plus sombres. Les tons marrons/verts donnent une ambiance particulière à l’ensemble : la ville de Berlin se reconstruit, les enfants ont faim, les soldats américains ont des mots crus envers les civils… La lumière est encore loin, et la lecture est pesante, jusqu’à son dénouement final. Même si quelques sous-intrigues auraient pu être encore plus développées, le récit est captivant, et propose quelque chose de différent de ce qu’on a l’habitude de voir. Rien que pour ça, et pour sa superbe couverture, il mérite votre attention !
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