Avis BD Glénat : Le Patient, de Timothé Le Boucher (histoire complète)
La dernière fois que nous avons parlé de Timothé Le Boucher, c’était en juin 2024 avec « Ces jours qui disparaissent », un véritable coup de cœur. Aujourd’hui, nous allons revenir sur « Le Patient », ouvrage sorti en 2019, et adapté en téléfilm en 2022, que nous avons eu la chance de découvrir à l’occasion de sa sortie en format poche, le 11 juin dernier aux éditions Glénat. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : La police arrête une jeune fille errant dans la rue, couverte de sang, un couteau à la main. En se rendant chez elle, les agents découvrent avec effroi une scène de massacre : toute sa famille a été assassinée… 6 ans plus tard, Pierre Grimaud, l’unique survivant du « massacre de la rue des Corneilles », se réveille d’un profond coma. L’adolescent de 15 ans qu’il était au moment des faits est aujourd’hui un jeune homme de 21 ans. Désorienté, encore paralysé et souffrant d’amnésie partielle, il est pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée sur les questions de criminologie et de victimologie. Pendant leurs séances, Anna tente de l’amener à se souvenir des circonstances du drame, malgré ses pertes de mémoire. Pierre lui évoque la présence mystérieuse d’un « homme en noir » qui hante ses rêves, probable réponse inconsciente à son traumatisme. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Lorsque nous nous sommes lancés dans « Le Patient« , nous ignorions que l’ouvrage avait été adapté par Christophe Charrier en téléfilm pour Arte. Un téléfilm que nous avons clairement envie de découvrir, même si nous connaissons désormais les grandes lignes d’un récit qui réserve pas mal de surprises (même si cette adaptation a apparemment pris quelques libertés). « Le Patient » est autant un drame familial qu’un thriller psychologique, et nous embarque à la découverte de Pierre, seul survivant du massacre de sa famille. Pierre vient de se réveiller d’un long coma, il est désorienté et souffre d’amnésie, et va être pris en charge par une psychologue spécialisée en criminologie et victimologie. De quoi faire remonter à la surface les souvenirs de cette nuit tragique ? Et qui est cet homme en noir qui terrifie Pierre dans ses rêves ? « Le Patient » joue parfois avec nos nerfs, tente de nous désorienter (qu’est-ce qui est vraiment réel ?), de nous surprendre, et même si on comprend assez vite ce qui nous attend, l’histoire est vraiment prenante et l’ouvrage est excellent dans son genre.
Les personnages sont très réussis, de la psy à Pierre, en passant par ses camarades (et les péripéties qu’il va vivre avec eux) qui ont tous vécu des moments difficiles. La bande dessinée aborde les mécanismes de défense du cerveau face au trauma, la mémoire refoulée, le processus de guérison psychologique, et explore des thèmes importants liés à la famille ou à la folie. C’est dense, et nous avons hâte, on le répète, de découvrir l’adaptation en téléfilm ! En BD, ça marche du tonnerre, et le style visuel de Timothé Le Boucher fait des merveilles. Le coup de crayon de l’auteur renforce tous les thèmes cités précédemment : visages expressifs, cadrages serrés et ambiance qui n’hésite pas à plonger dans l’horreur. L’atmosphère est souvent lourde et tendue, sombre, contribuant au climat paranoïaque de l’histoire. Piégé dans ses souvenirs, dans ses cauchemars, entre rêve et réalité, Pierre est en reconstruction, et les séances de psy éprouvantes le libèrent autant qu’elles le replongent dans ses peurs, et dans les nôtres. Fascinant.
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