Avis BD Glénat : Les Piliers de la Terre – Tomes 1 et 2 : Le Rêveur de cathédrales et Le Feu de Dieu
Certaines adaptations sont sans doute plus difficiles que d’autres, et s’attaquer à la saga « Les Piliers de la Terre » de Ken Follett semble être un sacré pari pour l’éditeur Glénat. C’est la première fois qu’une œuvre de l’auteur est adaptée en bande-dessinée, et pas moins de 6 tomes sont prévus par l’éditeur ! Après une publication en 1989 et plus de 28 millions de ventes, 3 suites, une préquelle, un jeu vidéo et même une comédie musicale, « Les Piliers de la Terre » revient donc en bande-dessinée, avec un premier tome disponible depuis le 11 octobre 2023. C’est parti pour notre avis !
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 23 octobre 2024 –
Synopsis : Angleterre, XIIe siècle. Dans un royaume en perdition, morcelé par la guerre et affaibli par la famine, Tom, modeste maître bâtisseur, rêve de construire, un jour, la plus grandiose des cathédrales… Après avoir perdu son épouse et son nouveau-né durant un hiver des plus rudes, il échappe de peu à une mort certaine grâce à la troublante Ellen. Cette jeune femme rebelle et solitaire, vivant repliée dans la forêt avec son fils Jack, deviendra sa compagne. Ensemble, ils prendront la route, bravant le froid et la misère. Pendant ce temps, le nourrisson abandonné est recueilli par une communauté de moines en proie à une véritable crise religieuse… L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
« Mais comment adapter un tel monument ? » Didier Alcante, mai 2023
Faire naître un projet de bande-dessinée adaptant « Les Piliers de la Terre » est avant tout un travail d’équipe. Au scénario, on retrouve Didier Alcante, dont la longue postface en fin de tome nous en apprend beaucoup sur son travail, ses motivations et ses choix concernant l’adaptation du roman, mais surtout sur sa passion pour le matériau d’origine et le travail de Ken Follett. Steven Dupré a quant à lui eu la lourde tâche de s’occuper des visuels, et de mettre en images des personnages et des scènes cultes pour des millions de lectrices et de lecteurs. La colorisation est assurée par Jean-Paul Fernandez, et Didier Alcante s’est adjoint l’aide du médiévaliste Nicolas Ruffini-Ronzani. Une équipe pleine de passion, qui s’est donc attelée à la réalisation de la bande-dessinée que nous avons entre les mains. Nous devons de notre côté préciser que nous n’avons pas lu le roman de Ken Follett, et que nous découvrons cette histoire avec un œil nouveau et sans aucun à-priori ni aucune attente particulière, si ce n’est de passer un bon moment.
Et on peut dire que le résultat est vraiment très bon, que l’on parle des visuels (visages, animations, décors aériens impressionnants) ou du rythme, chose toujours difficile à mettre en place quand on passe d’un roman à une BD, ce média possédant ses propres codes narratifs. Ce premier tome sert clairement d’exposition, et pose le contexte historique en développant déjà en profondeur ses personnages. L’histoire se passe au XIIe siècle en Angleterre, et si nous suivons principalement l’histoire de Tom et sa famille, le récit est bien plus dense et commence à mettre en place des enjeux politiques et religieux (et notamment en lien avec la succession du Roi) ou autres jeux de pouvoir. Sur quasi 100 pages, ce premier tome nous embarque dans la dureté de cette époque, et dans le froid glacial d’un hiver où le moindre cochon peut sauver une famille de la famine. Il est difficile de décrocher, et les nombreux dialogues sont assez passionnants, développant diverses intrigues qui seront rapidement amenées à se rejoindre.
Nous ne pourrons pas nous prononcer sur la qualité de l’adaptation (on rappelle que nous n’avons jamais lu les romans), mais Didier Alcante s’est clairement investi dans son travail. Une phrase du scénariste, dans sa postface, offre d’ailleurs un parallèle intéressant avec le récit : » en tant que scénariste, je sais qu’un récit qui fonctionne est semblable à une cathédrale, c’est à dire une construction solide et bien pensée. Si on modifie ne fut-ce qu’un élément, le tout risque de se fissurer, voire de s’écrouler ». Ce n’est pas la sensation que l’on a en découvrant ce premier volume, clairement solide et visuellement immersif. Certains trouveront peut-être que l’ensemble manque un peu d’éclat en termes de couleurs, mais nous pensons au contraire que cela accentue la dureté de certains événements, favorisant l’ambiance. Nous sommes clairement convaincus après avoir découvert ce premier tome, et avons hâte d’en découvrir la suite ! Une question nous taraude néanmoins, et cela concernera les personnes connaissant déjà le roman : cette adaptation en bande-dessinée apporte-t-elle une vraie plus-value par rapport à l’ouvrage d’origine ? A vous de nous le dire !
Synopsis du tome 2 de « Les Piliers de la Terre » : Angleterre, XIIe siècle. Dans un royaume en perdition, morcelé par la guerre et affaibli par la famine, Tom, modeste maître bâtisseur, rêve de construire, un jour, la plus grandiose des cathédrales… Après avoir perdu son épouse et son nouveau-né durant un hiver des plus rudes, il échappe à une mort certaine grâce à la troublante Ellen. Cette jeune femme rebelle et solitaire, vivant dans la forêt avec son fils Jack, devient sa compagne. Ensemble, ils prennent la route, bravant le froid et la misère. En arrivant à Kingsbridge, ils sont reçus par les moines qui, hélas, ne peuvent leur offrir l’hospitalité. Mais un événement tragique va bientôt bouleverser la vie de la communauté ecclésiastique et sceller le destin de Tom. En pleine nuit, un incendie ravage le toit de l’église ; au petit matin l’édifice n’est plus que cendre.
Un peu plus d’un an (déjà !) après un premier tome très réussi, la bande-dessinée « Les Piliers de la Terre » se poursuit aux éditions Glénat avec un deuxième volume disponible le 23 octobre 2024 ! Totalement convaincus par les débuts de cette adaptation du roman de Ken Follett (on vous renvoie en haut de l’article pour découvrir les noms des différents artisans de cette BD), nous avions hâte d’en découvrir la suite, et spoiler alert, c’est toujours aussi passionnant. Développant à la fois l’histoire de Tom, Ellen et leurs enfants lors de leur arrivée à Kingsbridge ainsi que les enjeux politiques liés à la succession du Roi, le récit est une nouvelle fois riche et complexe, et le long résumé proposé au début du tome n’est clairement pas de trop (il y a également un récapitulatif visuel des différents personnages). Nous avions peur d’être un peu perdus en nous replongeant dans l’histoire, mais l’immersion est immédiate, et le destin de Tom et de ses proches très prenant. On ne vous révèlera rien sur les différents événements qui se succèdent, mais entre les moines méfiants envers Ellen (certains la traitent même de sorcière), et l’incendie de l’église qui vient tout chambouler, les choses vont vite et tout peut basculer.
La dureté de l’époque nous saute aux yeux, et en particulier le traitement réservé aux femmes. L’ambiance est souvent lourde, mais Tom ne baisse pas les bras et veut mener à bien son projet de construction, qui passera par une redistribution des terres et l’aide du Roi Stephen. Le constat est le même que pour le tome 1 : impossible de décrocher, et même si l’arc narratif consacré aux enjeux politiques (et religieux) est parfois complexe, on n’en perd pas une miette. Visuellement, c’est superbe, avec des visages expressifs et des décors réalistes. Certaines séquences (et notamment celle de l’incendie) sont sublimes en termes de couleurs et de détails, avec des vues aériennes des différents lieux. On rappelle que nous découvrons le récit avec cette bande-dessinée, et que nous n’avons pas de points de comparaison avec le roman. Qu’importe, car l’immersion est là, et le plaisir de la découverte également. L’attente sera longue jusqu’au prochain tome !
Lageekroom