Avis BD Glénat : Possessions (histoire complète d’Alexis Bacci)

La bande-dessinée « Possessions », d’Alexis Bacci, est un beau bébé de plus de 400 pages à la couverture aussi envoutante qu’énigmatique. Notre récit nous embarque en Italie aux côtés d’Antonio et mélange les genres, de polar ésotérique à introspection personnelle. Aussi autobiographique que mystique, l’histoire de « Possessions » monte tout doucement en puissance et nous entraîne dans une Italie où les frontières entre le réel et le surnaturel s’estompent. C’est parti pour notre avis !


Avis BD Glénat : Possessions (histoire complète d'Alexis Bacci)Synopsis : Antonio Ventimila est perdu dans une existence parisienne vide de sens. Un soir, il plaque tout, sans prévenir personne, direction l’Italie. Un accident de la route le fait échouer dans un hôpital turinois où il croise le chemin d’un romancier fantasque qui lui propose de l’assister pour son prochain livre : l’ouvrage de référence sur la ville. Réputée pour sa dimension ésotérique, Turin est une des trois capitales de la magie blanche et une des trois capitales de la magie noire ; le théâtre d’un ballet démoniaque, entre légendes urbaines, faits divers mafieux et vestiges obscurs de l’Histoire italienne. Pour Antonio, démêler les histoires criminelles de son enquête sera un chemin sinueux. Il commence par une rencontre : celle de Chiara, une charmante réceptionniste qui lui révélera ses mystères, tandis qu’Antonio affrontera les démons de la ville en même temps que les siens.


Avis BD Glénat : Possessions (histoire complète d'Alexis Bacci)


Le récit suit Antonio Ventimila, un Parisien désabusé qui, sur un coup de tête, quitte tout pour l’Italie. Un accident le conduit à Turin, ville réputée pour être à la fois une capitale de la magie blanche et noire. Là, il rencontre un romancier excentrique qui l’engage pour l’assister dans l’écriture d’un livre sur la ville. Au fil de son enquête, Antonio plonge dans un univers où légendes urbaines, crimes mafieux et vestiges occultes s’entremêlent, tout en affrontant ses propres démons. L’auteur nous régale avec un style graphique singulier, caractérisé par des lignes expressives et une palette de couleurs sombres, renforçant l’atmosphère mystérieuse du récit. Son sens du rythme narratif, déjà salué dans ses œuvres précédentes, est ici au service d’une histoire vraiment prenante, où chaque page révèle de nouvelles strates de complexité.Les visuels de « Possessions » sont atypiques, et c’est ce qui donne à l’ouvrage une identité aussi forte. Alexis Bacci opte pour un trait assez brut qui rappelle parfois les codes du roman graphique underground ou certaines productions indépendantes européennes. C’est loin d’un style lisse ou “classique” franco-belge : ici, l’esthétique envoute autant qu’elle dérange, ce qui colle parfaitement à l’ambiance ésotérique et paranoïaque du récit.

Les couleurs, souvent sombres et saturées, contribuent à cette sensation d’étrangeté : on est plongé dans une Italie urbaine et mystique, où les ombres semblent vivantes. L’auteur joue aussi beaucoup sur les contrastes : entre rêve et réalité, lumière et ténèbres… Chaque planche a un côté sensoriel, presque halluciné. Certaines cases semblent sorties d’un cauchemar : visages flous, perspectives tordues, architectures menaçantes. C’est un vrai parti pris, qui va sans aucun doute diviser, mais qui sert bien le propos du livre, à mi-chemin entre polar mental et thriller mystique. Le côté giallo, mélange de thriller, de mystique, de symbolisme visuel et de violence stylisée nous vient également en tête. Il y a ce grain de folie, ce flou constant entre réalité et hallucination, et une mise en scène hyper graphique qui évoque clairement des cinéastes comme Dario Argento ou Lucio Fulci, des réalisateurs qui ont bercé notre jeunesse. On a la sensation de découvrir des décors presque vivants, comme dans Suspiria, avec cette architecture qui oppresse et qui cache des secrets. Même la colorimétrie semble dialoguer avec ce cinéma-là : les rouges profonds, les bleus électriques, les noirs d’encre… Au final, « Possessions » est une œuvre ambitieuse, à la croisée du polar et du fantastique. Alexis Bacci nous offre une lecture immersive et réflexive, confirmant sa place parmi les auteurs les plus innovants de la bande dessinée contemporaine.


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