Avis BD Glénat : Sans cheveux (récit complet)
C’est un duo tchèque qui est à l’origine de notre ouvrage du jour. Tereza Drahonovská (au scénario) et Stepánka Jislová (au dessin) nous proposent de découvrir « Sans cheveux », un ouvrage touchant qui va tenter de nous interroger sur les normes de beauté et le regard des autres. A travers ce témoignage autobiographique, les éditions Glénat nous emmènent aux côtés de Tereza, dont nous allons suivre le parcours. Un véritable voyage du héros, du déni au franchissement du seuil, en passant par les différentes épreuves et l’acceptation de soi. Nous avons eu la chance de recevoir l’ouvrage, et il est temps de vous en parler.
Synopsis : Tereza n’aurait jamais cru qu’un jour elle perdrait la queue de cheval qui lui chatouillait le dos. Mais il faut se rendre à l’évidence, elle devient chauve. La cause : l’alopécie, une maladie auto-immune qui peut survenir pour diverses raisons… Elle va donc devoir faire face à son nouveau look, au sentiment de perte de féminité, au regard des autres et bientôt au choix d’une perruque ! Tereza sait que depuis la nuit des temps les cheveux symbolisent notre rapport au monde, que l’on soit punk, hippie ou bouddhiste, notre coiffure en dit long sur nous-même. Alors avec ce changement, elle change aussi sa façon de percevoir ses relations, son travail et surtout son regard sur elle-même. D’autant que personne n’est capable de lui dire pourquoi ses cheveux tombent… la série d’examens ne donne rien de concluant.
La coiffure nous représente, exprime une vision du monde, un style de vie mais également ce qu’on aimerait être en réalité. Elle exprime au final notre identité, notre personnalité, et perdre ses cheveux représente toujours un moment difficile. Cela n’arrive pas qu’aux hommes, mais Tereza n’aurait jamais cru les perdre totalement. Elle est en effet victime d’alopécie, et voit ses cheveux partir par poignées. Comment conserver sa féminité, et surtout supporter le regard des autres ? Nous allons suivre son évolution, de ses premières pertes de cheveux à sa décision de se raser le crâne, en passant par ses rendez-vous médicaux (avec des médecins qui passent leur temps à se contredire), ses journées au travail ou auprès de son compagnon. Tereza va passer par différentes étapes, qu’elle compare au voyage du héros, dont nous vous parlions dans notre introduction. Des moments souvent difficiles, après lesquels il sera impossible de revenir en arrière. Elle va échanger avec ses proches, sa famille et ses amis, et entendre les remarques de chacun. Elle va également tenter des traitements, parfois coûteux, et se demander ce qu’elle aurait bien pu se payer d’autre avec cet argent. Et puis il y a ces sensations qui lui manquent, comme se passer la main dans les cheveux, les sentir dans sa nuque. On traverse toutes ces épreuves à ses côtés, avec une certaine émotion et beaucoup de bienveillance, sans oublier quelques petites touches d’humour.
« Sans cheveux » est un ouvrage bien écrit et vraiment intéressant, nous faisant prendre conscience de certaines choses, et notamment en lien avec le regard des autres. Dans une société basée sur le paraître, il est toujours difficile d’être « en marge », « différent ». Mais Tereza Drahonovská nous donne une belle leçon de vie, et si elle est passée par des moments très difficiles (elle n’hésite pas à en parler), elle fait également preuve d’un gros courage et représente un modèle pour de nombreuses personnes victimes de cette maladie. Si le propos de « Sans cheveux » est donc intéressant, les visuels de l’ouvrage le sont tout autant. Le trait est particulier, notamment au niveau des visages, mais ces derniers ne manquent pas d’expressions. La mise en page est excellente, avec un découpage dynamique, accrocheur, et de grandes illustrations. Et puis il y a ce choix esthétique, avec comme seules couleurs le noir, le blanc et le rose. Sans aucun doute symbolique, ce choix étonne mais parvient sans mal à nous immerger dans des visuels qui mettent parfaitement en forme les émotions ressenties par notre héroïne.
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