Avis BD Grand Angle : Ange Leca – Tomes 1 et 2
Disponible le 1er mars prochain chez Grand Angle, « Ange Leca » est une bande dessinée signée Jérôme Ropert et Tom Graffin au scénario, ainsi que Victor Lepointe au dessin. Un thriller que n’aurait pas renié David Fincher, qui nous fait découvrir un Paris inondé où tout remonte à la surface, y compris un cadavre mutilé. Ange Leca, journaliste et enquêteur, va se lancer à la poursuite du meurtrier dans une ambiance sombre et parfois inquiétante. Nous avons eu la chance de recevoir l’ouvrage de la part de l’éditeur, et il est temps de vous donner notre avis !
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur « Ange Leca – Monstres Américains », la nouvelle histoire complète –
Synopsis : Hiver 1910. La Seine submerge la capitale. Sous les eaux, Paris a des airs de Venise. Mais tout remonte à la surface : passions, rats, vieux démons… Et un corps de femme démembré, mutilé et impossible à identifier. Ange Leca, jeune journaliste rebelle, dépendant à l’alcool et opiomane abstinent, décide de mener son enquête. Mais celle-ci va l’entraîner beaucoup plus loin qu’il ne l’imaginait et ébranler ses dernières certitudes. Et il n’est pas certain qu’Emma, sa nouvelle addiction, l’aide à garder la tête froide…
« La Belle Époque prend l’eau et les cadavres flottent »
« Ange Leca » est un ouvrage à l’ambiance très travaillée, mais surtout très cinématographique. À de nombreuses reprises, en plus de rappeler les films de David Fincher, nous avons retrouvé la patte des frères Hughes, principalement en rapport avec leur travail sur From Hell avec Johnny Depp. Que l’on parle du faciès de notre héros, de ses addictions, de la noirceur de la ville inondée ou de l’enquête que l’on va découvrir (qui rappelle les meurtres de Jack l’Éventreur), on a clairement l’impression de découvrir le nouveau film de ces réalisateurs. Le récit se base sur des faits réels en lien avec la grande crue de la Seine de 1910, durant laquelle les rues sont envahies par une eau glacée et polluée puisque les égouts refluent, faisant remonter à la surface les rats et les maladies qui vont avec, mais également des cadavres. L’un d’eux va fortement intriguer notre journaliste : un corps démembré (tête, bras et même seins), sur lequel il ne reste plus qu’un bras. Clairement, la pauvre femme n’est pas morte noyée, et un premier indice va lancer l’enquête du journaliste ! Mais ce ne sera pas le seul souci d’Ange, qui va devoir gérer ses problèmes d’alcool, son licenciement et sa relation houleuse avec la femme de son ex-patron. La chute risque d’être douloureuse.
Ange se lance donc dans cette enquête macabre, en compagnie de son fidèle compagnon Clémenceau qui semble aboyer de façon étrange sur certains personnages. La narration est très accrocheuse, tout du moins jusqu’à une fin un peu abrupte. Nous étions en effet à fond dans le récit, qui se termine un peu brutalement et trop rapidement à nos yeux. L’histoire aurait mérité d’être développée en 2 tomes, l’univers étant riche, tout comme les personnages. Les angoisses d’Ange traversent les pages, parfaitement matérialisées par un cauchemar en double page très beau visuellement. Les visages réalistes sont expressifs, et l’ensemble est très fidèle à cette période, des costumes aux différentes expressions. Le choix des couleurs participe grandement à l’immersion, avec des teintes souvent froides qui contrastent avec la chaleur des quelques flashbacks se déroulant en Corse, notre héros venant de l’île de beauté (sur laquelle il a vécu une histoire d’amour qui s’est mal terminée). Le propos est mature, et aborde des thèmes forts liés à l’amour et à l’infidélité. « Ange Leca » est un ouvrage qui remplit parfaitement son rôle, nous embarquant dans un contexte difficile et une enquête sous haute tension même si, on le répète, nous aurions aimé une fin moins abrupte.
Synopsis de « Ange Leca – Monstres Américains » : New York suffoque, et les femmes s’évaporent… Été 1911. Ange Leca débarque à New York sous une chaleur accablante. Il n’a qu’une seule idée en tête : retrouver la trace d’Emma, sa passion inextinguible. Accueilli par César Capponi, détective embourbé dans sa dernière affaire, le Frenchie se voit malgré lui entraîné dans une enquête bientôt labyrinthique. Assisté par Ray, fils de César et étonnant newsboy, Ange n’oublie pas pour autant celle qu’il est venu chercher, et s’efforce de progresser sur tous les fronts. Un défi plus risqué qu’il n’y paraît…
Présentée comme une histoire complète, la bande dessinée « Ange Leca » avait su nous séduire à sa sortie début 2023, grâce à ses visuels, son ambiance et son scénario. Les scénaristes Jérôme Ropert et Tom Graffin et le dessinateur Victor Lepointe n’en sont pas restés là, pour notre plus grand plaisir, et c’est une deuxième histoire complète qui débarque cet été aux éditions Grand Angle. On y retrouve certains personnages du premier ouvrage, notre héros en tête, et il est préférable de l’avoir lu pour comprendre toutes les références et les enjeux de cette suite. Néanmoins, si vous commencez l’aventure avec cette deuxième histoire complète, intitulée « Monstres Américains », ce n’est pas dramatique, et vous vous laisserez sans aucun doute porter par l’ambiance. Néanmoins, comptez quelques pages pour bien vous immerger : les personnages sont nombreux, et il faut rester bien concentré. L’histoire est une nouvelle fois bien ficelée, accrocheuse, et Ange Leca se retrouve cette fois-ci, après Paris, à New-York sous la canicule.
Une ambiance étouffante et suintante, pour un récit qui l’est tout autant, embarquant notre héros dans une enquête digne d’un film de genre mais également à la recherche de sa bien-aimée Emma. Aidé par un jeune garçon dégourdi qui connaît New-York comme sa poche, Ange compte bien trouver le meurtrier mais surtout Emma, en bien mauvaise posture. Ce deuxième tome est tout aussi cinématographique que le précédent, avec des personnages inspirés de vrais acteurs. L’un d’eux ressemble par exemple beaucoup à Mads Mikkelsen, ce qui n’est pas pour nous déplaire. L’ambiance suffocante de New-York, écrasée par la chaleur, se ressent à travers les visuels, toujours aussi détaillés (avec un choix impeccable des teintes et des couleurs). Les personnages sont réussis, mais les décors sont un cran au-dessus, avec des bâtiments superbes. La couverture de ce tome 2 donne d’ailleurs le ton ! Retrouver Ange Leca est donc un réel plaisir, avec cette suite qui conserve toutes les qualités du premier tome. C’est toujours aussi beau, bien écrit, et très cinématographique. On en redemande.
Lageekroom