Avis : Live Memorium (éditions Glénat – récit complet)
Scénarisé par Miki Makasu et dessiné par Benoît Bourget, « Live Memorium » est un roman graphique qui ne laisse pas indifférent. Disponible depuis le 29 mai 2024, l’ouvrage nous embarque dans un monde dystopique à la rencontre de Tomasu, célibataire mal dans sa peau et harcelé aussi bien au travail que dans sa vie de tous les jours. Un événement marquant va le pousser à utiliser le « Live Memorium », une technologie qui va l’emmener au plus profond de ses souvenirs et nous avec. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : Célibataire mal dans sa peau, Tomasu est comptable dans une entreprise qui fabrique des poupées sexuelles. Manipulé par son patron véreux, méprisé par ses collègues, il cumule les déboires au cœur d’une gigantesque mégalopole où la solitude lui pèse. Le jour où sa mère décède, sa vie bascule. Bouleversé par ce drame et poussé par son ami Usaji, il se décide à franchir le pas et de tester le « Live Memorium », une technologie illégale qui offre à ses utilisateurs la possibilité de replonger dans leurs souvenirs d’enfance et d’agir dessus. Une fois dans la machine, Tomasu va pouvoir ainsi revoir sa mère, et en profiter pour modifier le cours de certains événements à l’origine de traumatismes profonds. De Live en Live, Tomasu va s’affirmer et renouer avec Aika, son amour de jeunesse, mais également perdre pied avec la réalité. C’est le début d’une spirale autodestructrice, où monde virtuel et monde réel ne font plus qu’un… L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Le monde de « Live Memorium » est assez fascinant et nous rappelle d’excellents films de science-fiction, Total Recall en tête, voire des séries comme Black Mirror. On y fait la connaissance de Tomasu, qui est comptable dans une entreprise qui confectionne des poupées sexuelles. On comprend rapidement que Tomasu est pris à la gorge par ses supérieurs, et qu’il trempe malgré lui dans certaines magouilles. D’emblée, on comprend qu’il a une épée de Damoclès au-dessus de la tête, et sa vie privée n’est pas meilleure. Tomasu se fait sans cesse emmerder dans les transports en commun, souffre de solitude et de détresse affective (il « vit » avec une poupée sexuelle), et ne trouve qu’un peu de réconfort auprès de sa mère. Mais cette dernière décède, ce qui va pousser Tomasu, au bout du rouleau, à découvrir la technologie « Live Memorium ». C’est son meilleur ami Usaji qui va le pousser à se lancer, et il va même lui payer son premier rendez-vous. Ce personnage est clairement intrigant et porte un casque en permanence pour cacher son visage. On apprend par la suite les raisons à cela, lorsque Tomasu se lance dans le « Live Memorium ».
Mais le « Live Memorium », c’est quoi exactement ? Il s’agit d’une technologie qui plonge son utilisateur dans une sorte d’hypnose où il est possible de revivre ses souvenirs d’enfance. L’utilisateur est conscient et maître de ses actes, et peut même modifier le cours des événements. Avec un souvenir précis, le « Live Memorium » est capable de créer un événement virtuel qui découle des décisions prises, ici par Tomasu. Mais attention, car une fois sorti de la machine, la réalité n’a absolument pas changé. Tomasu aura beau sauver son ami Usaji dans son souvenir, ce dernier sera toujours caché sous son casque dans la réalité. Difficile pour le cerveau de ne pas s’y perdre, et Tomasu ressort changé de chaque séance, bien plus sûr de lui… Les événements vont rapidement s’enchaîner, et Tomasu va perdre pied.
Même si le scénario est classique sur certains points, il n’en reste pas moins véritablement accrocheur, et une certaine tension règne tout au long de la lecture. Les thèmes abordés sont nombreux, de la solitude au harcèlement, en passant par la détresse affective, l’évolution de la technologie ou encore la vengeance. L’ambiance cyberpunk de certaines illustrations montrant la ville d’Arisu City est très immersive, et il faut dire que le coup de crayon de Benoît Bourget est excellent. Le grand format de l’ouvrage nous plonge dans de grandes illustrations détaillées et une ambiance parfois sombre. Les visages sont expressifs, et la mise en scène propose quelques belles fulgurances dont une séquence en vue à la première personne et quelques plans très travaillés (la matérialisation du bol de céréales lors du premier « voyage »). La couverture est vraiment superbe également, à l’image de ce qui nous attend à l’intérieur ! Malgré un certain classicisme comme dit précédemment (Tomasu est un personnage qui tombe souvent dans le cliché), nous ressortons conquis par la lecture, avec l’impression d’avoir regardé un bon film de science-fiction ! Si vous aimez le genre, on ne peut que vous conseiller l’ouvrage.
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