Test & Avis : Echoes of the End – Un God of War islandais ? (PS5 Pro)
Mine de rien, et bien qu’il soit le premier jeu du studio islandais Myrkur Games, Echoes of the End a un certain poids sur ses épaules, la faute à quelques médias qui n’ont pas hésité à le qualifier, à plusieurs reprises, de « God of War de l’été ». Une belle comparaison certes, mais qui risque de décevoir certains joueurs en manque d’aventure, car si le jeu se rapproche de l’œuvre de Santa Monica Studio sur bien des points, il reste le premier jeu d’un studio qui ne demande qu’à monter en puissance et à s’améliorer. Mais malgré un certain manque d’identité et son budget forcément limité, le jeu propose de bonnes choses, et nous allons voir lesquelles.
Quatorze heures, c’est le temps qu’il nous aura fallu pour terminer le jeu, qui reprend effectivement pas mal de mécaniques de titres comme le dernier God of War ou encore Banishers: Ghosts of New Eden. Vue à la troisième personne, combats nombreux, énigmes environnementales : le jeu est rythmé (malgré une fin un peu longue), surprenant sur bien des points (nous y reviendrons plus tard dans le test) et visuellement de bonne facture. On y passe un bon moment, la mise en scène a ses fulgurances, les combats montent en puissance et certains panoramas flattent vraiment la rétine. Mais quelque chose cloche néanmoins, qui empêche le jeu de réellement marquer les esprits. Cela vient sans doute de l’Unreal Engine 5, encore une fois assez « générique » dans ses environnements (nous avions fait le même reproche à Mafia : The Old Country), et Echoes of the End manque au final d’une réelle identité, peinant à marquer les esprits. Et si on prend en compte la communication clairement timide autour du jeu, on a peur qu’il passe totalement à travers les radars.
Pourtant, le jeu a pas mal de choses à offrir, à commencer par la variété de ses environnements. L’épopée de notre héroïne Ryn la conduit dans des décors islandais de toute beauté, en intérieur comme en extérieur. Neige, lave, grottes, forêt illuminée par les rayons du soleil : tout est là, et tout est fait pour nous faire voyager. Et ça fonctionne bien, chaque chapitre proposant son propre environnement, et surtout ses propres mécaniques de jeu. En effet, Echoes of the End met le joueur face à de nombreuses énigmes, et elles parviennent, heure après heure, à se renouveler. Le level design est réussi, et on devra notamment jouer avec les décors, la verticalité, voire soi-même en se créant un « double » pour par exemple franchir une porte. Un niveau demande, pour ouvrir une immense porte, d’utiliser un bateau pour aller d’un lieu à un autre afin d’activer différents mécanismes, chacun étant différent du précédent. C’est intelligent, bien fichu et loin d’être frustrant, avec quelques indices si toutefois on coince un peu. Clairement, et même si le jeu est globalement linéaire, l’exploration est bonne, avec même quelques coffres à dénicher pour augmenter sa vie ou son mana.
Du côté des combats, et malgré des débuts timides voire décevants, le tout monte en puissance. Avec l’expérience glanée, on achète des améliorations pour notre héroïne, en lien avec ses compétences à l’épée (nouveaux combos, nouvelles techniques comme le lancer d’épée ou une attaque fracassante), ses pouvoirs (dévastation qui repousse les ennemis, projection d’un adversaire au sol, riposte), son endurance (augmentation de la vie, de la puissance du drain pour voler la vie des ennemis) mais aussi ses compétences en duo. Abraham vous accompagne en effet dans votre quête, et il est possible d’effectuer des attaques en duo ou d’utiliser ses charges de foudre pour immobiliser les ennemis.
C’est complet, et rapidement jouissif après, comme nous le disions, des premiers combats pas foufous. La compétence vortex a clairement fait notre bonheur, car elle permet de projeter plusieurs ennemis les uns contre les autres et de faire des dégâts à tout ce petit monde. On retrouve également des combats de boss, assez inégaux il faut l’avouer. Certains sont excellents, d’autres handicapés par la caméra ou par des pics de difficulté frustrants. Rassurez-vous, elle peut être changée à tout moment. Les combats sont d’ailleurs un poil stratégiques, car chaque coup donné fait remonter votre mana. À vous de déclencher vos pouvoirs au bon moment, et d’attaquer, contrer ou esquiver ensuite pour faire remonter la jauge. Le bestiaire est assez varié, et on croise des créatures volantes, des humains ou encore des scorpions. Le gameplay se prend rapidement en main mais on se mélange parfois les pinceaux à cause de l’usage du stick droit pour faire valdinguer les ennemis. Certains coups semblent également un peu capricieux à se déclencher.
Chaque chapitre (il y en a dix en tout) regroupe différents objets à collectionner, des secrets et des améliorations. Le lore s’avère rapidement intéressant, et les dialogues entre nos héros bien écrits. Dommage que ces derniers ne soient pas vraiment attachants, et Ryn a un caractère bien particulier… Pour un premier jeu, il faut tout de même dire que les développeurs ont fait du bon boulot, cochant toutes les cases du genre. Néanmoins, et comme dit dans notre introduction, le jeu peine à laisser une réelle trace une fois achevé. Les énigmes sont réussies, les combats et les déplacements montent en puissance, les environnements sont variés, mais le jeu manque d’identité et va forcément souffrir de la comparaison avec d’autres titres du genre. On a beau être indulgent, premier jeu oblige, ce manque d’identité ne joue pas en faveur du titre, qui va sans doute peiner à trouver son public.
C’est dommage, car malgré quelques bugs de collision ou de script (on se retrouve bloqué parce que notre compagnon reste inactif alors qu’il doit nous aider à grimper), Echoes of the End offre une certaine générosité. Cette dernière est notamment visuelle, avec des panoramas sublimes et un Unreal Engine 5 qui propose des textures détaillées, de chouettes couleurs et une très belle distance d’affichage. Même si nous trouvons qu’avec ce moteur, les jeux se ressemblent tous un peu ces derniers temps, on ne peut pas nier que ça rend vraiment bien. Attention toutefois, il faut faire face à un choix terriblement frustrant entre le mode qualité et le mode performance. Aucun patch PS5 Pro n’est d’ailleurs déployé, pour le moment, pour bénéficier à la fois de graphismes en 4K et en 60fps. Du coup, si on choisit le mode qualité, c’est absolument superbe mais la fluidité n’est pas au rendez-vous, le jeu semblant tourner à moins de 30 images par seconde (ce n’est pas agréable à l’œil). En mode performance, ça tourne à 60 images par seconde, sans accro, mais c’est beaucoup moins joli, avec des textures moins fines et des effets de lumière bien moins percutants. Un patch PS5 Pro ne serait pas de refus !
Premier titre de Myrkur Games, Echoes of the End ne révolutionne pas le genre mais prouve que le studio islandais possède un réel potentiel et de belles ambitions. L’aventure se suit avec plaisir, notamment grâce à ses panoramas saisissants, son système de combat qui gagne en profondeur au fil de la progression et son level design ingénieux. Malheureusement, son manque d’identité, ses personnages peu attachants et ses choix techniques parfois frustrants l’empêchent de s’imposer face aux mastodontes du genre. Echoes of the End n’en reste pas moins une expérience honnête et prometteuse, qui mérite qu’on garde un œil attentif sur l’avenir du studio.
Les +
- des environnements variés et superbes
- un level design intelligent et qui se renouvelle
- des mécaniques de combat qui montent en puissance
- une direction artistique soignée, soutenue par l’Unreal Engine 5
- des énigmes bien pensées, jamais frustrantes
- les pouvoirs, et en particulier le vortex
- un lore intéressant
Les –
- manque global d’identité et de personnalité
- héros et personnages secondaires peu attachants
- quelques combats de boss inégaux et problèmes de caméra
- bugs de collision et scripts parfois gênants
- choix technique frustrant entre qualité et performance (pas d’opti PS5 Pro)
Lageekroom