Test & avis : Ghost of Yōtei, l’art de sublimer sans réinventer (testé sur PS5 Pro)

Le succès de Ghost of Tsushima, en 2020 sur PlayStation 4 puis en 2021 sur PS5 via une Director’s Cut incluant le DLC « l’île d’Iki » n’est plus à démontrer. Et si certains trouvent, avec quelques années de recul, le jeu de Sucker Punch « surcoté » (mon Dieu que l’on déteste ce terme), ce n’est absolument pas notre cas. Le jeu était, est, et fera partie de nos coups de cœur des générations PS4 et PS5, et nous attendions avec forcément beaucoup d’impatience Ghost of Yōtei après son annonce lors d’un State of Play en septembre 2024 ! Et après un peu plus d’une année d’attente et une communication qui est montée en puissance, le jeu est enfin entre nos mains ! Nouveau personnage, nouvelle aventure, et nouveau décor : Ghost of Yōtei est disponible depuis le 2 octobre 2025, et il est temps de vous en parler !


God of War Ragnarök est à God of War ce que Ghost of Yōtei est à Ghost of Tsushima : une suite solide, qui n’entend pas révolutionner une formule qui a fait ses preuves, mais qui compte l’améliorer. Ne vous attendez pas à d’énormes changements par rapport à l’épisode précédent : Ghost of Yōtei reprend les bases de Tsushima, son système de combat ou son exploration, mais développe l’ensemble et apporte quelques petits ajustements bienvenus. Forcément, l’effet de surprise est moindre, et malgré une introduction qui claque et une découverte du mont Yōtei qui flatte la rétine, l’effet waouh reste moins présent que dans Ghost of Tsushima.

L’histoire de Yōtei nous parle de vengeance (à l’image d’un autre jeu du genre sorti en début d’année), et met en scène Atsu, une mercenaire qui traque un groupe de six hors-la-loi dans les terres inexplorées d’Ezo après qu’ils ont tué sa famille. Le récit se déroule 300 ans après les événements du jeu précédent, mais propose une ambiance tout aussi réussie. Nous allons voir, dans notre test, que nous avons beaucoup apprécié le jeu, ses visuels, son sound design ou son système de combat, mais que quelques éléments manquent clairement de finition et viennent tempérer un peu notre engouement. Après une bonne quarantaine d’heures pour terminer la quête principale et environ 40% du contenu annexe, nous devons avouer garder une légère préférence pour notre épopée avec Jin Sakai.



Ghost of Yōtei reprend donc la formule de l’épisode précédent, avec un fort accent mis sur l’exploration, avec la possibilité, durant la première moitié du récit, de choisir vers quelle cible se diriger. Un poil de liberté bienvenue, mais le jeu reprend néanmoins sa trame principale et une certaine linéarité, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Le monde ouvert est à l’image de celui de Tsushima : vaste, varié et riche, mais sans en faire trop. On retrouve les habituels camps à nettoyer, les sources chaudes pour augmenter sa vie, les armures à trouver, les duels à remporter ou encore des escapades avec des renards, et plus important, des loups. Petit ajout sympathique : la possibilité de camper. Cela créer un point de téléportation, de cuisiner (les repas donnent des buffs temporaires), de fabriquer des munitions, de restaurer sa santé et son esprit, de jouer du shamisen, et d’interagir avec différents personnages pour éviter d’aller les voir dans leurs villages. Quelques mini-jeux sont présents, pour par exemple allumer un feu.

Ezo est divisé en plusieurs régions, chacune ayant sa propre identité. Le plaisir de la découverte est là, on prend de la hauteur pour profiter de vues somptueuses, on tombe sur un PNJ en détresse, on débloque le lot de quêtes secondaires habituelles, et on a vite fait de se détourner de son chemin principal. On avance au gré du vent, des sons, des rencontres, ou tout simplement parce qu’on a repéré de la fumée au loin. C’est naturel, et ça fonctionne super bien ! Les développeurs ont tenté d’apporter quelque chose en plus à chaque activité (notamment lors des épreuves de bambou), mais on reste sur ce qui a été fait dans le titre précédent.



Certains lieux impressionnent moins, ou paraissent même un peu vides. Ghost of Yōtei se veut moins dense, moins fourni qu’un Assassin’s Creed Shadows sorti plus tôt cette année. Le jeu ne mise pas sur des textures photoréalistes ou des détails par centaines, mais sur la poésie qu’il dégage. C’est sa direction artistique qui fait mouche, et qui impressionne. On s’arrête souvent pour contempler la mer au loin, on se perd facilement dans un champ dont on croirait presque sentir le parfum des fleurs, on grelotte avec notre héroïne dans des décors enneigés du plus bel effet. Le jeu est souvent contemplatif, et Atsu peut se poser pour dessiner ou encore jouer des mélodies sur son shamisen. On se laisse une nouvelle fois porter par le vent, une idée toujours aussi excellente. Le pavé tactile est à ce propos bien utilisé, tout comme la DualSense au global, avec des vibrations maîtrisées (quand on cuisine, c’est vraiment sympa). Quand les développeurs se donnent vraiment la peine, la manette montre tout son potentiel.

Et si l’ensemble est parfois inégal, et que certains lieux vendent moins de rêve, on est vite rattrapé par cette DA qui nous donne sans cesse envie de lancer le mode photo. Par contre, on est surpris face au manque de fluidité de certaines animations, notamment lorsqu’un personnage marche dans un escalier (il est littéralement en lévitation au-dessus des marches), et on s’agace facilement face aux bugs de collision, notamment lors des combats. Des détails qui font tâche, et qui sortent même parfois du jeu. Petit bémol également concernant les visages de certains PNJ, pas du tout à la hauteur. Des défauts qu’on aurait aimés ne pas voir, qu’on aurait à la limite accepté dans les quêtes secondaires, mais pas dans les principales.



Le travail de reconstitution des développeurs reste quoi qu’il en soit à saluer. Les forêts de bambou, les cerisiers en fleurs, les cascades magnifiques, les châteaux majestueux ou les différents villages participent à une immersion au sommet de sa forme. Mieux encore, différentes options permettent de personnaliser son expérience, en proposant de choisir des voix en japonais (notez que la VF propose une synchronisation labiale), d’opter pour une caméra lointaine et des bandes noires quand on est à cheval, ou de se lancer dans le somptueux mode Kurosawa en noir et blanc. Les personnalisations sont également nombreuses pour Atsu, qu’on parle de ses armes ou de son équipement. En plus de proposer tout un tas d’améliorations à débloquer via des autels où prier, Atsu peut s’équiper de bien des manières, avec une certaine classe.

La montée en puissance de notre héroïne est excellente, et Atsu devient une véritable machine à tuer. L’infiltration est présente, et efficace (l’IA reste perfectible), mais c’est clairement lorsqu’un combat se lance qu’on ressent sa puissance. On embarque différentes armes de corps-à-corps (katana, double katana, Odachi, yari et kusarigama) et à distance (arc puis armes à feu), et il faudra adapter son style face aux ennemis rencontrés. On n’appréhendera en effet pas de la même manière une grosse brute ou un simple brigand. On retrouve également les points d’esprit, qui permettent de se soigner ou de lancer des attaques spéciales, et on peut également lancer des armes ramassées dans le décor ou encore tenter de désarmer ses adversaires. Certaines attaques peuvent être bloquées, contrées, et d’autres sont imparables. Encore une fois, on est en terrain connu.


Ghost of Yōtei


Les combats sont super jouissifs, en plus d’être hyper sanglants. Ça démembre à tout va, et on sent la rage d’Atsu dès lors qu’elle dégaine son arme. Le challenge est au rendez-vous, et certains duels sont vraiment corsés. Il faut être attentif, vigilant, apprendre les mouvements de son ennemi et faire une roulade ou contrer au bon moment. Quand on est encerclé, c’est bien tendu également, même si l’IA vous laisse tout de même respirer, tous les ennemis n’attaquent pas en même temps. Pas de système de lock au programme, mais ce n’est pas grave, et on passe d’un adversaire à un autre sans difficulté. Des gadgets sont également présents, pour enflammer son arme, désorienter son adversaire ou encore lâcher une bombe fumigène qui permet d’assassiner ses ennemis via un QTE.

On retrouve également les fameuses confrontations, durant lesquelles on enchaîne les coups avec classe. Mais cette fois-ci, vous serez accompagné d’un allié inattendu. Une louve, présentée via les trailers du jeu, est en effet à vos côtés. Des épreuves secondaires, qui vous demandent de libérer ses congénères, permettent de gagner des points d’amélioration pour la louve, qui a son propre arbre de compétences. Une sorte de partenaire discret, mais qui sait intervenir au bon moment pour vous sortir d’un mauvais pas. Néanmoins, il faudra vraiment augmenter ses compétences pour qu’elle soit présente à vos côtés, créant une relation pour le moins atypique. Les combats sont déjà grisants de base, et le deviennent encore davantage avec cet ajout.


Ghost of Yōtei


Comme dit précédemment, Ghost of Yōtei propose un enrobage somptueux, de sa DA à sa distance d’affichage en passant par ses effets de lumière, ses musiques et son sound design. Nous avons eu la chance de découvrir le jeu sur PS5 Pro, et de bénéficier d’un rendu propre de chez propre et surtout incroyablement fluide. C’est souvent d’une beauté à couper le souffle, même si, on le répète, certaines zones impressionnent moins. On sent néanmoins que les développeurs maîtrisent le hardware, et le jeu est ultra bien optimisé. Les chargements sont instantanés (quand on se téléporte d’une zone à une autre), et lancer le jeu depuis l’interface de sa console ne prend que quelques secondes. Impressionnant ! On est d’autant plus surpris de découvrir, comme dit un peu plus haut, des animations si raides lors de certains déplacements ou lors de cutscenes… Lors d’une séquence, on assiste à l’arrivée de plusieurs personnages sur des chevaux. Ils descendent tous en même temps avec la même animation. Aïe aïe aïe…



Ghost of Yōtei ne révolutionne pas la formule de Ghost of Tsushima, mais la sublime à sa manière. En s’appuyant sur une direction artistique à couper le souffle, un système de combat toujours aussi jouissif et une bande-son envoûtante, Sucker Punch livre une suite solide, sincère et techniquement impressionnante. Certes, le jeu n’échappe pas à quelques imperfections techniques et manque parfois d’audace, mais il parvient à préserver ce mélange d’action, de contemplation et de poésie qui avait fait le succès du premier opus. Une épopée envoûtante et viscérale, portée par une héroïne charismatique, qui prouve une nouvelle fois que Sucker Punch maîtrise l’art du voyage.


Les +

  • Une direction artistique somptueuse, poétique et immersive
  • Le monde d’Ezo, vaste, cohérent et agréable à explorer
  • Des combats nerveux et sanglants, toujours aussi grisants
  • La relation avec la louve, un ajout original et réussi
  • Mise en scène inspirée
  • Très belle bande-son
  • Optimisation exemplaire sur PS5 : fluidité, chargements éclairs, rendu impeccable
  • L’ambiance contemplative, fidèle à l’esprit de Ghost of Tsushima
  • Bonne durée de vie

Les –

  • Quelques bugs de collision et animations raides, parfois gênants
  • IA perfectible et visages de PNJ un peu datés
  • Certains environnements un peu vides
  • Un scénario plus convenu, moins marquant émotionnellement que celui de Jin Sakai
  • Un effet de surprise moindre, la formule reste très proche du premier opus

Lageekroom

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