TEST : Death Stranding 2 : On the Beach, une suite accessible mais toujours aussi clivante (PS5 Pro)

L’année 2019 (et le mois de novembre plus précisément) aura été marquée, de notre côté, par les sorties de Shenmue 3 et de Death Stranding. Retour de Ryo Hazuki d’un côté, après 18 ans d’attente, et de Hideo Kojima de l’autre, depuis sa rupture avec Konami et l’annulation du très prometteur Silent Hills P.T. De retour sur notre PlayStation 4, Kojima proposait, avec Death Stranding premier du nom, une aventure clairement clivante, testée sur le blog à cette adresse. Un titre que nous avions présenté comme « unique et paradoxal », et qui bénéficie aujourd’hui d’une suite très attendue, surtout après le trailer de plus de 10 minutes présenté il y a quelques mois. Nous avons eu la chance de recevoir le jeu sur PS5 (un grand merci à PlayStation), et il est temps de vous proposer notre test. C’est parti !


À l’image du premier épisode, Death Stranding 2 ne laissera personne indifférent. Tantôt fascinant, tantôt agaçant, le jeu frustre autant qu’il immerge, passionne autant qu’il laisse perplexe, et propose une aventure hors du commun. Au premier abord, Hideo Kojima a semble-t-il écouté les retours des joueurs, et le jeu semble moins rude et moins punitif que le précédent. Mais ne vous y détrompez pas : Death Stranding 2 conserve grosso modo toutes les mécaniques mises en place il y a 6 ans déjà, et on se retrouve une nouvelle fois à crapahuter, au Mexique et en Australie cette fois-ci, dans d’immenses décors afin de livrer des colis. Oui, le jeu est bourré (composé même) de quêtes Fedex, c’est une nouvelle fois très bavard, et on vous répète parfois plusieurs fois les mêmes choses, notamment lors de vos objectifs de quêtes et vos briefings. Le rythme est haché, on passe de séquences impressionnantes à d’autres bien trop longues, et la manette a failli, comme pour le premier jeu, nous tomber des mains. Néanmoins, il faut avouer que Kojima a apporté des modifications à son gameplay, à l’image de ce qui avait été mis en place dans la Director’s Cut du premier Death Stranding, et après avoir terminé le jeu, on en ressort avec une bonne sensation, touchés par les thèmes abordés et certains personnages.



On pourrait être mauvaise langue, et vous renvoyer au test du premier Death Stranding pour découvrir ce qu’il en est du gameplay et des mécaniques de jeu. Oui, cette suite est très similaire au premier épisode, et même en ce qui concerne son scénario et la construction des chapitres. On retrouve une galerie de personnages secondaires (certains étant malheureusement trop peu exploités), un mystérieux soldat qu’on affronte à trois reprises (le fameux personnage incarné par le génial Luca Marinelli), l’antagoniste Higgs, et surtout un réseau chiral à étendre via des dizaines, des dizaines, et des dizaines (pour ne pas dire des centaines) de livraisons. On retrouve une partie du casting de Death Stranding, et de nouveaux personnages rejoignent votre vaisseau (certains étant pour le moins originaux), le DHV Magellan. Dommage qu’on ne puisse pas se balader librement dans le vaisseau pour papoter avec nos alliés, et on doit se contenter de quelques cinématiques.

L’ami Sam Porter Bridges remet donc ça, après quelques mois de répit auprès de Lou. Le scénario met du temps à démarrer, mais réserve son lot de surprises et de twists, certains étant vraiment intéressants et ce jusqu’à la dernière étape du jeu. Ce test est garanti sans spoiler, rassurez-vous, mais faites bien attention si vous traînez sur les réseaux sociaux ! Côté durée de vie, nous avons terminé l’aventure principale (17 chapitres) en 31h30 exactement, quasi en ligne droite et en mode normal. Mais entre les livraisons ou encore les constructions à mettre en place pour relier le monde, il restait encore de quoi faire.



Dans ce Death Stranding 2, on découvre de nouveaux environnements. Direction le Mexique puis l’Australie. Forêts, déserts, montagnes enneigées, camps ennemis : c’est beaucoup plus varié, et ça fait du bien. Il n’empêche que peu importe l’environnement, on est toujours dans cette ambiance si particulière, seul au monde ou presque, à trimballer ses colis à pied, en véhicule, ou grâce aux nouveaux moyens mis à disposition. On récupère des ressources pour nous aider à nous déplacer, on ramasse des armes, des grenades, des échelles et tout un tas de livraisons à apporter dans les différents lieux, et on marche, encore et encore, admirant les paysages et profitant des belles musiques qui se déclenchent de temps à autre. Oui, comme dans le premier jeu.

Autant dire que si vous n’avez pas aimé le premier Death Stranding, ça part mal pour cette suite. Mais ne fuyez pas, car Kojima a, comment dire, légèrement « casualisé » son expérience. Il est plus difficile de tomber, l’eau est moins profonde, le jeu est plus permissif, il y a tout un tas de ralentis qui se déclenchent quand on est détecté par l’ennemi ou qu’on en élimine un (l’IA est plutôt bonne au passage), et les combats de boss ne proposent pas de grande difficulté. En mode normal, ça roule tout seul. Cette « casualisation » rend l’expérience moins rude que dans le premier jeu. Mais cela a déplu à certains, et on pointe là du doigt un paradoxe lié à certains retours de journalistes. Certains s’étaient ennuyés sur le jeu à l’époque et avaient critiqué la lourdeur de son gameplay, mais regrettent aujourd’hui, avec ces changements, l’expérience de l’époque… De notre côté, nous avons apprécié ces ajustements, clairement !



Là où le jeu est plus accessible également, c’est dans les possibilités offertes à notre héros. Véhicules, tenues spécifiques ou armes spéciales arrivent assez tôt dans le jeu, facilitant les déplacements mais également les combats. Ces derniers sont vraiment sympathiques, tout comme l’infiltration, qui fonctionne bien. On a parfois l’impression de se retrouver dans le dernier épisode de Metal Gear Solid, et les gros clins d’œil de Kojima vont dans ce sens. Les sensations de tir sont bonnes, grâce notamment à la DualSense, très bien exploitée (les vibrations sont excellentes, notamment quand il pleut, et le micro de la manette fonctionne à plein régime). Et puis il y a les échoués, plus ou moins imposants, certains réservant des combats intenses. Attention toutefois, Sam est toujours assez lourd dans ses déplacements, et on peste parfois contre la caméra, ou pire, quand on doit changer d’arme, avec une roue hyper mal fichue.

Les chutes ne sont d’ailleurs pas rares, surtout quand on se trimballe des dizaines de kilos d’équipement. À ce propos, nous avons trouvé les menus moins brouillons et plus accessibles également (même s’ils sont encore très nombreux). On passe toujours un peu de temps à préparer son itinéraire, à optimiser son matos, et à choisir la route la moins cabossée. Néanmoins, on devra parfois obligatoirement passer par des environnements particulièrement difficiles. Les missions dans la neige font pas mal transpirer. Pire, l’environnement réserve de mauvaises surprises, comme des inondations, des tremblements de terre ou des avalanches. Impressionnant, comme la partie technique en général. Nous avons testé le jeu sur PS5 Pro, et quelle claque. Décors sublimes, distance d’affichage de fou, visages à tomber, effets météos réalistes : c’est vraiment du grand art, et certaines séquences laissent sans voix. Les musiques ne sont pas en reste (Woodkid en tête) sans parler du sound design, si particulier. Death Stranding, en deux jeux seulement, a réussi à créer un univers ultra riche.



Plus d’action, plus de variété, une mise en scène à la Kojima (avec ses qualités et ses défauts, surtout d’écriture) : Death Stranding 2 est plus complet que son prédécesseur. Une suite qui ne réinvente pas la formule, loin de là, mais qui la rend plus accessible pour faire du pied à de nouveaux joueurs, au risque d’en perdre d’autres. Mais on ne pourra pas reprocher à Kojima de ne pas avoir lu les retours de Death Stranding premier du nom. Cette suite a failli nous tomber des mains, souffre de quelques soucis de rythme, d’un scénario qui peine à démarrer et de missions toujours aussi répétitives, mais en met plein la vue techniquement et en termes de mise en scène, propose une bande-son sublime et envoûtante, et nous a laissés sur une belle impression avec ses derniers chapitres riches en idées. À l’image du premier jeu, on a été autant émerveillés qu’on a souffert, on a pesté contre le jeu, puis on l’a aimé, avant de pester à nouveau. Mais au final, n’est-ce pas ce que souhaite Hideo Kojima ? Plus accessible mais toujours aussi clivant, Death Stranding 2 ne réconciliera pas tout le monde, mais pour ceux qui y adhèrent, c’est un voyage dont on se souvient.


Les +

  • mise en scène ambitieuse, « à la Kojima »
  • univers toujours aussi unique et riche
  • direction artistique et technique époustouflante (PS5 Pro en particulier)
  • ambiance sonore envoûtante (mention spéciale à Woodkid et aussi bien à la VF qu’à la VO)
  • thèmes forts et moments touchants
  • des ajustements de gameplay bienvenus (plus accessible, plus permissif)
  • l’infiltration et les combats, de bonne facture
  • des environnements nettement plus variés (forêts, déserts, montagnes)
  • les derniers chapitres, intenses
  • certains personnages sortent vraiment du lot (Fragile, Tomorrow, Neil)…

Les –

  • … mais d’autres sont trop peu exploités (Dollman, Rainy)
  • rythme inégal, avec des séquences trop longues
  • gameplay toujours très clivant (marcher/livrer = on aime ou pas)
  • des menus encore nombreux
  • Sam toujours un peu lourd à manier, caméra capricieuse
  • interface de sélection des armes mal fichue
  • scénario lent à démarrer


Lageekroom

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *