TEST : Disaster Report 4 Summer Memories fait trembler la PS4
Disaster Report 4 Summer Memories est-il un jeu maudit ? C’est fort probable, quand on voit son malheureux parcours. Prévu pour une sortie en 2011 sur PS3, le titre du studio Granzella s’est vu repoussé à cause du séisme de 2011 ayant fait plus de 15.000 victimes, le principe du jeu étant basé justement sur un tremblement de terre. Finalement sorti en 2018 sur les PlayStation 4 japonaises, le jeu débarque enfin chez nous grâce à l’éditeur Koch Media. Mais ces longues années ne sont-elles pas déjà fatales pour ce titre pourtant atypique ? C’est ce que nous allons voir.
Depuis sa sortie en 2018 au Japon, nous guettons ce Disaster Report 4 Summer Memories sur les sites d’import. Nous avions même crée un compte PSN japonais pour pouvoir télécharger la démo il y a quelques mois (on en profite également pour choper les démos de Yakuza, dont le 7) mais le jeu étant, vous vous en doutez, intégralement en japonais, il nous était difficile de nous y retrouver. Disaster Report 4 Summer Memories contient en effet de nombreux dialogues, et c’est ce qui nous avait freinés à l’acheter en import. Mais notre patience a su être récompensée, et le jeu est désormais disponible chez nous, en anglais uniquement, mais c’est déjà ça. Mais pourquoi une telle attente ? Tout simple parce que nous avons découvert cette licence sur PS2 avec SOS Final Escape, et que ce jeu fait partie de nos coups de cœur de l’époque malgré de nombreux défauts. Une nouvelle fois avec Disaster Report 4 Summer Memories, nous nous retrouvons face à un jeu clairement attachant et parfois impressionnant… Mais bourré de défauts qui pourraient bien décourager les joueurs.
Après avoir choisi le sexe de votre personnage et son look, vous vous retrouvez rapidement au cœur des événements. Un accident de bus, des hurlements, des immeubles qui s’effondrent comme des châteaux de carte : pas de doute, le séisme qui vient de frapper le pays a fait des ravages. On découvre donc rapidement l’ampleur des dégâts et des habitants sous le choc, d’autant que des secousses se font toujours sentir. Les premières minutes sont vraiment impressionnantes, et on découvre son environnement tout en parlant aux différents PNJ. Mais ce nouvel opus a quelque peu changé sa formule, et l’aspect survie important des jeux précédents est ici délaissé. Concrètement, et pour faire simple : le jeu est très contemplatif et s’attarde sur des scénettes de vie post-catastrophe. Nous nous attendions à un jeu porté sur la survie, la progression dans les décombres et la découverte de lieux plus ou moins dangereux, mais il n’en est rien, à quelques séquences près. Il faudra parfois escalader, ramper, aller sauver un PNJ bloqué dans un immeuble… Mais la plupart du temps, vous serez le larbin de service devant parler à tous les personnages pour résoudre diverses missions. C’est un peu dommage, car l’ambiance est là et certains décors sont vraiment impressionnants, mais à côté de ça, on doit se farcir des chapitres ultra lourdingues, comme celui dans lequel vous devez innocenter un jeune homme accusé d’avoir allumé un incendie ou toute cette séquence vous demandant d’aider des réfugiés, en leur trouvant de quoi manger et de l’eau potable. On en vient donc souvent à se taper des allers-retours pénibles, et chaque script doit être déclenché dans le bon ordre pour progresser.
Il nous est souvent arrivé de tourner en rond des dizaines de minutes, n’ayant aucune idée de quoi faire. Certaines zones sont inaccessibles car bloqués par des objets (des vélos par exemple) et ce n’est qu’après avoir parlé dans le bon ordre à 3 ou 4 personnes que ces objets disparaissent comme par magie, laissant l’accès libre. Pire, certaines histoires ne sont pas du tout intéressantes, et les dialogues à choix sont trop nombreux et n’ont que très peu d’incidence sur le déroulement du jeu. Il faudra donc aller chercher un objet auprès d’un PNJ, qui vous demandera de lui ramener autre chose en échange et ainsi de suite. On retrouve néanmoins quelques personnages attachants, et des thèmes forts sont abordés (le deuil, la famille, la lutte des classes, le harcèlement scolaire) mais trop souvent survolés. Mis à part une ou deux petites secousses qui pourront au pire vous faire trébucher, de nombreux chapitres se contentent de vous balader sans réel intérêt. Dans le même ordre d’idée, l’aspect survie est lui aussi complètement survolé. Certes, votre personnage devra manger, boire et aller aux toilettes, mais ne pas le faire ne change rien au déroulement. On peut également crier, mais cela n’a aucune utilité. Tout ceci est vraiment dommage, car quand le jeu monte d’un cran, il le fait plutôt bien !
Nous vous le disions précédemment, Disaster Report 4 Summer Memories sait être impressionnant. Par ses décors tout d’abord, parfois apocalyptiques et dévastés, mais également par quelques passages qui parviennent à relancer le rythme, comme ce chapitre qui vous demandera de naviguer en bateau pneumatique entre les immeubles. On retrouve l’esprit de la série durant ces séquences au cours desquelles on a réellement peur pour sa vie. Le stress est également au rendez-vous lorsque des secousses un peu plus fortes viennent faire s’écrouler pour de bon des bâtiments qui ne tenaient plus qu’à un fil. Il faudra à ce moment là se mettre accroupi pour se protéger, en évitant de se prendre un lampadaire sur la tronche. Découvrir un quartier complètement ravagé par les flammes reste un moment assez prenant également, et on observe avec attention les nombreux personnages, pompiers ou policiers, qui tentent tant bien que mal de gérer la situation. Ce genre de chapitre donne un aperçu de ce qu’aurait du être le jeu, qui plombe malheureusement son rythme avec des chapitres bourrés de quêtes fedex peu passionnantes. Le gameplay dans sa globalité s’avère bien souvent incohérent, ce qui vous fera galérer pour pas grand chose. Exemple concret : après 6h de jeu environ (nous en avons mis 13 pour le terminer), il faudra dénicher un objet dans le coffre d’une voiture, alors qu’il était impossible jusqu’à ce moment précis de fouiller les véhicules. Autre exemple : votre personnage grimpe automatiquement sur une paroi ou un objet, jusqu’à un moment dans le jeu ou il faut presser la gâchette pour valider l’action… Nous avons été bloqués comme des idiots pendant de longues minutes avant de comprendre quoi faire, par pur hasard… On terminera en précisant que le jeu propose également une jauge de stress, qui empiète sur votre vie si elle augmente, en cas de chute ou encore lors des séquences sous l’eau (assez tendues il faut le dire).
C’est sur PlayStation 4 que nous avons vécu notre aventure, et nous ne pourrons donc pas nous prononcer sur la fluidité apparemment affreuse de la version Nintendo Switch. Sur la console de Sony, et malgré quelques ralentissements, le jeu tourne plutôt bien et s’avère parfois assez beau. Néanmoins, on sent les nombreuses années de retard et certaines textures sont bien vilaines, tout comme de nombreux visages. Les animations sont raides (votre personnage glisse sur le sol), les caméras sont pénibles dans les endroits clos et la plupart des bruitages sont ultra basiques, dignes de la première PlayStation. Nous ne sommes pas face à une catastrophe, certains chapitres étant vraiment impressionnants, mais le jeu manque clairement de budget et de finition. Et soyons honnêtes, le constat aurait été le même si le jeu était sorti sur PS3.
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Disaster Report 4 Summer Memories est un jeu de niche, et le voir arriver en Europe fait plaisir, malgré des sous-titres uniquement en anglais. Nous avons beaucoup d’affection pour ce jeu qui sort de l’ordinaire et qui sait se montrer prenant et parfois impressionnant, mais ses nombreux défauts de rythme, ses mécaniques de gameplay d’un autre âge et ses graphismes old-gen vont faire fuir de nombreux joueurs. Il est également dommage que l’aspect survie soit autant survolé et que le jeu soit plombé par une narration poussive à base de dialogues inutiles et de quêtes fedex. Si vous cherchez une expérience atypique, le jeu mérite d’être découvert, mais il faudra, vous l’aurez compris, laisser la plupart de vos exigences de côté.
Les +
- le principe même du jeu
- certains thèmes forts sont abordés
- quelques décors sont vraiment impressionnants
- parfois joli
- bonne durée de vie
- une expérience qui sort de l’ordinaire malgré les défauts
Les –
- animations raides, frame rate qui flanche, visages dignes de la PS2
- des mécaniques de gameplay qui font comme elles veulent…
- la narration, plombée par des dialogues trop nombreux et des quêtes sans intérêt
- la caméra qui merdouille et qui met une plombe à tourner
- l’aspect survie inexistant
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