TEST : Karma: The Dark World, un voyage troublant dans la mémoire (PS5)
Développé par Pollard Studio et édité par Wired Productions, Karma: The Dark World est un titre qui nous a immédiatement attirés, et ce dès son premier trailer. Avec son ambiance sombre, ses visuels clairement aguicheurs et son esthétique s’inspirant de cinéastes qu’on apprécie tout particulièrement, le jeu a d’emblée suscité notre intérêt, et nous avons eu la chance de le découvrir avec un peu d’avance ! Disponible depuis le 27 mars 2025, Karma: The Dark World est en effet entre nos mains dans sa version PlayStation 5, et après un poil plus de 5 heures de jeu pour le terminer, il est temps de vous en parler. C’est parti !
Karma: The Dark World est un jeu d’aventure psychologique, style walking simulator, qui nous transporte dans une version dystopique de l’Allemagne de l’Est en 1984. On y incarne Daniel McGovern, un agent d’élite chargé d’explorer les souvenirs des suspects pour le compte de la puissante Leviathan Corporation. D’emblée, on pense à l’excellent Observer, qui nous permettait déjà de revivre les derniers moments de personnes assassinées. Ici, les personnes que l’on interroge sont bien vivantes, et nous allons plonger dans leurs souvenirs, découvrir les scènes de crime, et bien plus encore, pour obtenir différents éléments en lien avec notre enquête. Un autre jeu de la Bloober Team nous vient également en tête assez rapidement : Layers of Fear. En effet, le jeu aime jouer avec nos sens, nous perdre, quitte à nous rendre fou.
L’histoire de Karma: The Dark World est clairement un de ses points forts, même si nous devons vous avouer ne pas avoir tout saisi après avoir atteint le générique final. Quoi qu’il en soit, des thèmes forts, qui font parfois écho à notre société, sont abordés : contrôle de la population, expériences scientifiques, manipulation des informations, stress ou harcèlement au travail, privilèges accordés en fonction de sa classe sociale, et bien plus encore. L’immersion est excellente, tout comme l’ambiance, avec des scènes parfois difficiles à regarder.
Le jeu d’acteur fonctionne vraiment bien, et le jeu impressionne très souvent dans sa mise en scène. Karma: The Dark World, s’il s’inspire d’autres jeux vidéo ou de réalisateurs de cinéma, parvient à proposer son propre univers, et ça fonctionne vraiment bien. L’ambiance oppressante est renforcée par un monde où la surveillance de masse et les manipulations mentales sont monnaie courante, et on se sent constamment pris au piège.
Les références sont nombreuses, et un niveau entier nous plonge à 100% dans la tête de David Lynch, avec des décors et des couleurs qui semblent sortis des moments les plus atypiques de Twin Peaks ou Lost Highway. On frôle par moments le plagiat, mais le jeu s’en sort grâce à ses rebondissements et une narration certes linéaire mais qui ne nous laisse que peu de répit. Difficile donc de poser la manette une fois lancé, même si on souffre en même temps que notre personnage, traversant des décors de plus en plus glauques, bourrés de métaphores.
On est même parfois confronté à de véritables séquences de terreur (un appareil photo s’invite même à la fête, un objet incontournable dans un jeu horrifique moderne), ou encore poursuivi par des ennemis. En plus de nous rappeler le cinéma de Lynch, Karma: The Dark World s’inspire également du travail de Nolan voire même de Kojima sur certains points, ou encore de Shutter Island, avec son protagoniste confronté à sa propre psyché, perdu entre réalité et illusion. Le tout est divisé en 3 actes, globalement linéaires, avec quelques énigmes pas bien difficiles. Il faut néanmoins préciser que le rythme lent et le gameplay minimaliste ne plairont pas à tout le monde. Clairement, il faut aimer le genre et surtout avoir le cœur bien accroché.
Là où Karma: The Dark World impressionne également, c’est dans sa partie visuelle. D’emblée, on est surpris, dans le bon sens du terme, par les graphismes, la direction artistique, et la parfaite fluidité du jeu, qui tourne en 60 images par seconde. C’est superbement glauque, avec des idées visuelles nombreuses et qui impressionnent (nos screens maison, disponibles dans cet article, vous donneront on l’espère un bon aperçu du jeu). Les contrastes sont profonds (le jeu est toutefois un poil sombre), il y a de très beaux effets de lumière et quelques très jolis reflets au sol.
Certains décors sont presque des œuvres d’art, rappelant des films comme Dark City ou Blade Runner. Vous le découvrirez en jouant au jeu : certaines séquences décrocheraient presque la mâchoire. C’en est presque étonnant pour un jeu du genre au budget, on l’imagine, bien en deçà des grosses productions du marché. Le sound design est très réussi également, avec des bruits angoissants et oppressants. Le tout est sous-titré en français, avec un doublage anglais qui fait le job.
Karma: The Dark World est une très belle surprise de notre côté. Certes, le titre s’inspire beaucoup d’autres jeux du genre (Layers of Fear, Observer, un peu de Silent Hill ou de Little Nightmares 2) ou du cinéma de Lynch pour ne citer que lui (on frôle parfois le plagiat sur certains décors), mais il est parvenu à nous embarquer dans son histoire et sa société dystopique angoissante. Le jeu est un walking simulator et propose un gameplay simple et un rythme assez lent, mais son ambiance est géniale, il y a des séquences vraiment flippantes, le scénario est solide (même si assez complexe et cryptique sur la fin) et c’est très beau visuellement. Délicieusement glauque et pleine de bonnes idées, la mise en scène fonctionne vraiment bien et il est difficile de lâcher la manette une fois lancé. Nous avons terminé le jeu en 5h environ, et nous n’avons pas vu le temps passer. Si vous aimez le genre, on ne peut que vous le conseiller.
Points positifs
- ambiance particulièrement réussie, immersive et oppressante
- des séquences horrifiques efficaces
- les thèmes abordés, qui poussent à la réflexion
- c’est très beau visuellement
- et parfaitement fluide
- des références au cinéma de Lynch, à Blade Runner ou encore à Dark City
- bon jeu d’acteur, personnages bien écrits
- des rebondissements
- de très bonnes idées de mise en scène
- bande-son réussie
Points négatifs
- 5h, ça reste un poil court et on en voudrait un peu plus
- interactions limitées
- le rythme lent
- parfois un peu trop sombre
- un scénario parfois trop cryptique, qui va frustrer certains joueurs
- certaines séquences à ne pas mettre entre toutes les mains
Lageekroom