TEST : Les Schtroumpfs – Mission Malfeuille, un bon divertissement pour les plus jeunes ?
Pierre Culliford, bien plus connu sous le pseudo de Peyo, est un dessinateur belge qui a créé une licence qui nous tient particulièrement à cœur, les Schtroumpfs. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, précisons qu’il s’agit de petites créatures bleues qui vivent dans un village champignon. Hélas, celles-ci sont menacées par un Homme, le vil Gargamel, accompagné de son chat Azraël. Histoire de nous rajeunir (ironie quand tu nous tiens), rappelons que Les Schtroumpfs ont été créés en 1958… Bien sûr, au-delà des multiples bandes-dessinées, l’univers a été décliné en films, en séries, en jouets, etc. et, bien entendu, en jeux vidéo. C’est cette dernière catégorie qui nous intéresse puisque, malgré l’existence de plusieurs d’adaptations, l’éditeur français Microids a repris la licence pour l’exploiter sur nos machines actuelles. Il a confié le projet au studio lyonnais OSome Studio, ce qui n’avait pas forcément de quoi rassurer les fans des Schtroumpfs après la déception Astérix & Obélix XXL3. Alors nouvelle déception ou bonne surprise ?
Du haut de notre trentaine passée, nous avons de grands souvenirs sur les jeux des Schtroumpfs, en particulier sur trois d’entre eux. Le premier, c’est le titre d’Infogrames que nous avions découvert sur Mega Drive très jeune et qui nous avait donné une bonne leçon de patience. Le deuxième, c’est le très bon opus de Heliogame qui avait vu le jour en 1999 sur la PlayStation première du nom. Quant au troisième, il s’agit hélas du très décevant Les Schtroumpfs 2 de WayForward sorti en 2013 grâce à (ou à cause de) Ubisoft sur nos PlayStation 3 et Xbox 360. Officiellement, c’est le 5 novembre que vous avez pu découvrir la version Xbox One du jeu (qui tourne grâce à la rétrocomptibilité sur Xbox Series X/S) puisque la version new-gen Xbox n’arrivera quant à elle qu’en 2022 avec du contenu explosif. Bref, ceci étant dit, il est l’heure de rejoindre nos créatures bleues pour les aider dans leur aventure, du moins une fois le niveau de difficulté choisi (de facile pour les plus jeunes à difficile pour les habitués, en passant par normal pour les néophytes).
La première surprise, c’est que l’histoire principale est contée au travers de la modélisation d’un ouvrage, dans lequel l’orateur dessine et écrit pour expliquer le contexte du chapitre à venir. Mieux, le tout est raconté avec des rimes. La voix étant agréable à l’oreille, on prend un certain plaisir à suivre l’ensemble. Le scénario est ensuite étoffé au travers de conversations, notamment avec le Grand Schtroumpf. C’est parfaitement adapté aux plus jeunes et c’est assez fidèle aux aventures que l’on connaît dans les BD et les séries animées notamment. Les Schtroumpfs profitent d’un doublage français également, certains étant réussis et d’autres un peu moins. Côté bande-son, l’ensemble est agréable sans pour autant être inoubliable. La musique sied bien à ce qui se passe à l’écran, jouant avec certaines tonalités selon que l’on soit dans une phase de plateforme ou de combat par exemple. Côté visuels, les développeurs ont opté pour un jeu en 3D plutôt que pour de la 2.5D qui colle bien à l’univers des adaptations de BD par exemple, comme les futurs attrayants Marsupilami et Astérix & Obélix Baffez-les Tous !
Le rendu est loin d’être catastrophique mais il faut bien reconnaître qu’il aurait pu être bien meilleur. Entre les aplats sommaires, certaines textures assez légères et l’aliasing au niveau des ombres, sans parler de la simplicité de bon nombre de modélisations, on sent que les développeurs ont dû composer avec un budget un peu restreint. Le titre n’est pas moche pour autant puisque l’ensemble est assez fidèle à l’œuvre originale, que c’est coloré et qu’il y a quelques beaux jeux de lumière. Clairement, on sent une nette différence entre les endroits éclairés plutôt jolis, comme le village, la forêt et le château Marmite et ceux qui sont bien plus plongés dans la pénombre, à savoir le marais et la masure de Gargamel, qui paraissent bien plus ternes et fades, surtout avec une réutilisation assez prononcée de mêmes objets/éléments tout au long du niveau. En bref, le titre s’en sort correctement, sans pour autant briller. Heureusement pour lui, le charme de la direction artistique fera son petit effet auprès des moins exigeants, dont les plus jeunes joueurs, cœur de cible de cet opus.
Revenons-en à notre histoire. Les Schtroumpfs sont embêtés quand leur village champignon est envahi par la Malfeuille, une plante qui gangrène également la forêt et les environnements alentours. Bien entendu, tout cela est encore un tour de ce cher Gargamel qui utilise les graines de Maltrappe pour attirer nos créatures bleues et ainsi les emprisonner dans des cages végétales. Il ne lui reste plus qu’à attendre le signal et à se baisser pour mettre nos Schtroumpfs en captivité. Pour éviter cela et libérer les malheureux déjà pris au piège, le joueur va incarner quatre Schtroumpfs : le Schtroumpf Costaud (majoritairement), ainsi que le Schtroumpf à Lunettes, le Schtroumpf Cuisinier et la Schtroumpfette. L’idée est bonne sur le papier mais elle n’est hélas pas exploitée puisque aucun n’apporte de capacité spéciale, comme c’était par exemple le cas sur Mega Drive / SNES. Ici, tous portent un équipement spécial, le Vaporisaschtroumpf, en plus d’affirmer leur caractère qui colle à leur personnalité. L’équipement en question, assez proche de ce que porte un certain Luigi dans Luigi’s Mansion par exemple, permet dans un premier temps de souffler un antidote pour soigner les plantes contaminées et se débarrasser des viles créatures. Au fil de la progression, en récoltant certaines ressources (graines, cadeaux, copeaux de bois, champignons, eau magique…), le joueur peut se rapprocher du Schtroumpf bricoleur pour améliorer son engin et ses capacités, en dehors de celles qui se débloquent obligatoirement au sein de l’aventure (capacité de planer, dash, possibilité d’aspirer les éléments).
Jusqu’à trois cœurs en plus, la possibilité de planer plus longtemps, de recharger plus vite, etc., voilà ce qui poussera les plus curieux à explorer les petites zones ouvertes et les recoins des chemins tout tracés. En plus, en soignant le village à 100% (ses trois zones), on peut même débloquer de nouvelles couleurs pour notre spray). Bien entendu, la récolte de tous les objets, le besoin de soigner chaque zone à 100% et celui d’améliorer à fond le Vaporisaschtroumpf ne concerneront finalement que les perfectionnistes et les chasseurs de Succès puisqu’on peut très bien terminer l’aventure de base en faisant le minimum syndical ou presque (certains passages ne s’ouvrant qu’en soignant les plantes infectées). Dans les faits, cela joue beaucoup sur la durée de vie puisque l’aventure se boucle en environ 5H en ligne droite avec un peu d’exploration mais il faut bien compter le double pour le 100%, surtout que certains passages ne sont pas accessibles lors du premier run. Il faut donc faire « continuer la partie » une fois le premier run terminé pour partir explorer chaque zone et faire le nécessaire. Heureusement, une carte joliment dessinée est accessible via le menu pause pour faire des voyages rapides entre les zones. C’est ce même menu qui assure le suivi de complétion des soins de chaque zone, de récolte des collectibles et des améliorations de notre Vaporisaschtroumpf.
Vous l’avez compris, ce dernier est au cœur du gameplay. Pour l’utiliser au mieux, les développeurs ont plutôt bien bossé sur le level design, jouant avec la verticalité ou encore avec certains points de vue pour complexifier un peu la tâche des joueurs. Le bon côté, c’est que l’expérience étant courte et une nouvelle capacité s’ajoutant grosso modo à chaque nouveau monde, cela permet de renouveler un peu l’expérience au fil de l’aventure, ce qui contraste avec la répétitivité que l’on subit pour passer chaque niveau (on va d’un point A à un point B, puis on affronte quelques créatures, on résout parfois de petites énigmes et on doit à chaque fois libérer un Schtroumpf en luttant contre une Maltrappe, ce qui demande de soigner deux à trois de ses cœurs à chaque fois. Dans tous les cas, si on excepte une caméra parfois trop proche qui ajoute des imprécisions lors des affrontements ou de certaines phases de plateforme, notamment dans l’appréciation des profondeurs, on peut dire que le jeu s’en sort bien. Accessible, il reste agréable à prendre en main et chaque nouvelle fonctionnalité est bien implantée pour que la progression soit assez instinctive. Certes, certaines phases aériennes amènent à des loupés mais ces derniers ne sont pas frustrants tant il y a de points de sauvegarde. Le jeu étant destiné aux plus jeunes, la difficulté est assez basse mais bien équilibrée.
En tout cas, on apprécie de devoir combiner le soin en soufflant l’antidote, de devoir lutter contre plusieurs créatures (malgré un bestiaire un peu léger et une absence totale de boss) en utilisant des techniques différentes, d’aspirer un pollen pour soigner une autre plante au loin ou d’aspirer une créature pour la balancer sur une autre, quand on ne sprinte pas pour lutter contre un ennemi ou échapper à des plantes explosives. De même, pour éviter la monotonie, les développeurs ont intégré quelques idées à la progression, comme des phases façon 2.5D ou une partie de cache-cache demandant de progresser en évitant une certaine lumière. Des plantes qui grandissent sous l’influence du Vaporisaschtroumpf pour créer de nouveaux chemins floraux sont également de la partie. Voilà le genre de bonnes idées intégrées au titre. Enfin, il est bon de noter que les développeurs ont ajouté un mode coopératif en local sur la base du jump-in/jump-out. En d’autres termes, le joueur 2 peut intégrer ou quitter la partie quand il le souhaite sans gêner la progression du joueur 1. Attention toutefois, le joueur 2 ne contrôle pas un Schtroumpf mais un S.A.M., un petit appareil qui plane. Ainsi, le joueur 2 fait office de soutien. Il peut soigner la contamination et les malbêtes, lancer des graines explosives, voler et, au besoin, se rattacher au dos du joueur 1, ce qui se passe automatiquement s’il s’éloigne trop de ce dernier. Cela pourrait en décevoir certains mais il vaut mieux voir ce mode coopératif comme un système d’aide permettant par exemple à un parent d’aider son enfant lors d’une phase un peu plus complexe pour lui.
Les Schtroumpfs – Mission Malfeuille est un jeu de plateforme très correct, voire même plutôt sympathique, qui arrivera à faire mouche chez les plus jeunes et les fans les moins exigeants de l’univers de Peyo. Grâce à quelques idées, un minimum de travail sur le level design et un Vaporisaschtroumpf évolutif, les développeurs offrent un bon divertissement pour les plus jeunes qui apprécieront la bande-son, le côté coloré (malgré des modélisations et des textures souvent sommaires) et la fidélité au matériau d’origine. En plus, c’est accessible et il y a trois niveaux de difficulté pour bien adapter le défi (assez faible c’est vrai) à chaque enfant. En somme, le titre atteint sa cible. Bien entendu, tout n’est pas parfait pour autant, les mécaniques de soin (et donc de progression) sont répétitives d’une mission à l’autre, le bestiaire est très léger, la caméra est parfois trop proche et l’ensemble se finit rapidement en allant en ligne droite (comptez 5H en ajoutant un peu d’exploration pour soigner chaque zone entre 50 et 92% sur le run). Enfin, si vous aimez profiter d’un moment complice avec votre enfant, juste ce qu’il faut pour l’aider sans empiéter sur son plaisir, alors le mode coop vous satisfera… Sinon, il vous paraîtra bien léger. En somme, Les Schtroumpfs – Mission Malfeuille présente plusieurs défauts, il laissera bien des joueurs exigeants de marbre, mais il compense avec certains charmes pouvant séduire le public cible. Mission en partie réussie donc pour OSome Studio.
Les +
- L’histoire contée en rimes
- Fidèle à l’univers de Peyo
- Accessible
- Difficulté adaptée aux plus jeunes
- Gameplay évolutif
- Level design assez travaillé
- Pas mal de collectibles
- Continuer pour le 100% après le 1er run
- C’est coloré, assez charmant
- Quelques bonnes idées
- Bande-son agréable
- Le mode coop pour aider un enfant…
Les –
- Aplats, textures pauvres…
- Phases dans la pénombre fades
- Caméra parfois trop proche
- Pas de compétence liée au perso
- Bestiaire un peu léger
- Mécaniques de soin répétitive
- Assez court en ligne droite (5H)
Test rédigé par Vincent (lien vers l’article original) – Lageekroom