TEST : Lies of P, Pinocchio est enfin prêt à en découdre (PS5)

Depuis son annonce, Lies of P, développé par les sud-coréens de Neowiz Games, intrigue les joueuses et les joueurs. Le souls-like a le vent en poupe, mais un jeu revient souvent dans les discussions : Bloodborne. Beaucoup attendent désespérément un remaster ou un remake du jeu, tandis que d’autres fantasment sur une suite. Alors quand Lies of P pointe le bout de son nez, son récit basé sur une réécriture très sombre du conte de Pinocchio ne manque pas d’interpeler, tout comme son ambiance victorienne. Nous avons eu la chance de recevoir le jeu avec un peu d’avance sur PlayStation 5, et il est temps de voir si le résultat est à la hauteur des attentes des fans du genre. C’est parti !

Vous l’avez compris, Lies of P reprend l’histoire de Pinocchio, Gepetto ou encore Gemini, le tout dans une ambiance particulièrement sombre et proposant quelques rebondissements. Les marionnettes se rebellent, et la ville de Krat, plongée sous la pluie à votre arrivée, réserve tout un tas de dangers. Précisons tout de suite que Lies of P n’est pas un open world mais réserve des zones plus ou moins grandes, avec quelques raccourcis à débloquer et des passages à découvrir. Le level design est très classique, joue parfois avec la verticalité, mais le titre propose des décors variés et surtout très immersifs. Lies of P fait souvent dans le classique et dégage parfois un sentiment de déjà joué, mais il ne faudrait néanmoins pas le considérer comme une vulgaire copie de certains jeux du genre. Le titre de Neowiz Games parvient à proposer quelques bonnes idées et un gameplay solide, qui encourage la prise de risque et l’attaque.

On retrouve toutes les mécaniques habituelles du souls-like, des potions de soin au hub central (ici l’hôtel de Krat) en passant par les points de téléportation, appelé les stargazer. On découvre les différents environnement avec intérêt, la direction artistique étant très réussie (même si on pense souvent à Steelrising et Bloodborne, bien évidemment), puis les premiers combats commencent. Lies of P propose une attaque forte, une attaque faible, un contre et une esquive, et d’autres possibilités sur lesquelles nous reviendront ensuite. Le feeling manette en main est très bon, et les premiers combats ne sont qu’une formalité. Evidemment, les choses se corsent rapidement avec des ennemis plus imposants aux paterns parfois surprenants, et les premières gouttes de sueur arrivent.

Attention, la fenêtre de parade est extrêmement réduite, et utiliser cette dernière fait perdre de la vie. Seule une parade parfaite, au timing uuuultra serré, permettra d’éviter ce désagrément. Le jeu privilégie l’attaque (l’esquive est assez limitée il faut l’avouer), avec la possibilité d’étourdir un ennemi pour l’enchaîner avec une attaque puissante. Cette dernière est assez délicate à placer car elle nécessite une attaque chargée, qui prend du temps donc, et durant laquelle on se fait souvent bolosser. Contre certains boss, le sens du timing sera très important, et ils auront bien souvent 2 phases, la deuxième étant plus délicate à passer. On précisera que le jeu propose, dès le départ, de choisir entre trois styles de combat : Equilibre, Dextérité ou Force.

A chaque combat gagné, votre personnage engrange de l’expérience (appelée Ergo), et il faudra revenir au hub pour augmenter ses attributs (Vitalité, Vigueur, Capacité, Mobilité, Technique, et Progression) et monter en niveau. Comme d’habitude avec ce genre de jeu, il faudra équilibrer les forces de son personnage, l’endurance et la puissance d’attaque étant à nos yeux très importantes. Lies of P souffre néanmoins de quelques pics de difficulté frustrants, et nous avons parfois tué un boss du premier coup (il est possible d’invoquer, via une pierre de météorite, un spectre qui vous accompagne et qui facilite les choses) avant d’en baver sur un ennemi plus lambda.

Le jeu tente néanmoins de ne pas être trop punitif, notamment en cas de mort. Après un échec face un boss, votre Ergo pourra être récupéré avant l’affrontement, et si vous mourez une seconde fois sans le récupérer, sa quantité ne sera que réduite et l’ensemble ne sera pas totalement perdu. Cela n’empêche pas certains passages d’être vraiment retords (surtout avec ces saletés d’ennemis qui vous balancent des bombes), et on ne conseillera pas forcément Lies of P pour débuter dans le genre souls-like (Steelrising est à nos yeux bien plus accessible). Le boss du marionnettiste (en tout cas sa deuxième phase) va très certainement vous gonfler avec ses paterns ultra rapides et sans fin…

Vu comme ça, Lies of P semble très classique dans son approche, mais le jeu réserve quelques surprises qui viennent pimenter le gameplay en y apportant une certaine fraîcheur. Certes, certaines de ces idées sont inspirées d’autres jeux du genre, mais l’ensemble fonctionne bien. On citera par exemple le bras gauche de votre personnage, qui peut être équipé d’une prothèse semblable à ce que l’on trouve dans Sekiro, appelée ici Bras de légion. Il en existe plusieurs, toutes améliorables, et les effets diffèrent, proposant une sorte d’attaque secondaire. On pourra par exemple tirer à distance, cracher des flammes, poser des mines, bénéficier d’un bouclier ou encore utiliser un grappin pour attirer un ennemi vers soi ou se projeter sur lui.

C’est vraiment intéressant et on pourra s’adapter aux différents boss, cette fonctionnalité apportant une certaine dynamique. Le jeu propose également de créer ses propres armes, ou plus précisément d’assembler la lame (sabre, tête de matraque, lame de hache…) à sa poignée. Chaque élément a ses propres caractéristiques (attaque, poids, durabilité, arts de fable qui représentent les attaques spéciales…), et certains mélanges s’avèrent surprenant, la poignée apportant des attributs spécifiques. Après quelques essais, vous allez comprendre que les possibilités sont nombreuses et qu’elles influent même sur le « move set » de votre personnage. Eugenia, à l’hôtel Krav, sera quant à elle présente pour améliorer un peu plus vos armes.

Nous devons également vous parler de l’Organe-P, qui permet de débloquer des passifs grâce au Quartz, une ressource qui ne court clairement pas les rues et qui active des capacité spéciales. Ces passifs se répartissent dans 5 phases, qui s’activent en remplissant les précédentes. On peut par exemple augmenter la capacité de soins embarqués ou le nombre d’amulettes à équiper, ajouter des emplacements de fable pour les coups spéciaux,  ou encore améliorer l’esquive (avec par exemple une esquive au sol). Chaque case déverrouillée peut embarquer, grâce à plusieurs emplacements, des bonus supplémentaires, en lien avec l’attaque, la survie ou encore vos objets. C’est vraiment complet et il y en a pour tous les goûts, que l’on préfère booster son attaque, réduire ses dégâts, ou encore gratter un peu plus d’Ergo en tuant des ennemis.

On n’oubliera également pas les objets ou potions à embarquer, dont les raccourcis peuvent être placés dans la ceinture haute et la ceinture basse. On pourra par exemple équiper différents consommable (pour imprégner son arme avec du feu, supprimer les différents effets négatifs, sécuriser son Ergo en cas de mort) et d’autres objets importants comme votre affûteuse, qui répare la durabilité d’arme en l’aiguisant (car oui, les armes peuvent s’user à la longue). Au final, on n’ira pas jusqu’à dire que le système de combat est hyper complet, n’exagérons rien, mais le jeu fait le taf et les sensations sont au rendez-vous. Petit bémol toutefois concernant la touche de saut, vraiment pas pratique (il faut sprinter avec rond et appuyer sur L3 pour sauter…).

Lies of P, malgré sa linéarité et son air de déjà-vu, propose quelques mécaniques vraiment intéressantes qui donnent envie de s’y plonger. Et l’autre point positif qui donne envie de poursuivre, c’est sa direction artistiques. Les décors sont sublimes et détaillés, les effets de lumière font plaisir, et le titre dégage véritablement une âme. On aime s’y promener, découvrir ses endroits secrets, et le côté sombre du récit est très travaillé, surtout en progressant dans le jeu. Certains plans sont absolument sublimes, rappelant notamment Resident Evil 4 (même si on note un petit downgrade par rapport aux premières présentations), et le bestiaire a bénéficié d’un chouette travail également, en particulier les boss (on notera un bémol toutefois pour la fin du jeu, assez fade). C’est beau, très beau même, et parfaitement fluide en mode performance. Avec ce dernier, Lies of P tourne en 60 images par seconde, et le confort est remarquable. Mention spéciale également pour les musiques, vraiment immersives, aussi belles que touchantes voire même inquiétantes. Nous avons écouté en boucle le thème de l’hôtel Krat, vraiment hypnotisant.

Lies of P est un jeu aux qualités certaines. Les combats sont dynamiques (malgré une esquive un peu molle), le titre est visuellement sublime, et l’ambiance est clairement au rendez-vous. Parmi la grande famille des souls-like (une famille qui ne cesse de s’agrandir d’ailleurs), il trouve sans mal sa place, apportant quelques mécaniques de gameplay intéressantes. Nous avons passé un très bon moment durant nos 35 heures pour le terminer (avec quelques galères sur un boss en particulier), mais il faut tout de même avouer qu’un sentiment de déjà-vu revient souvent. On retrouve pas mal d’idées piochées ça et là, et on a l’impression d’avoir déjà traversé certains décors ou tué certains boss dans d’autres jeux du genre. Les pics de difficulté pourront également surprendre, tout comme la linéarité de l’ensemble. Néanmoins, si vous aimez le genre, vous devriez comme nous passer un bon moment ! En revanche, Lies of P n’est peut-être pas le titre à faire en priorité si vous souhaitez vous lancer pour la première fois dans un souls-like. On précisera pour terminer que le jeu est disponible dans le Xbox Game Pass pour les joueurs Xbox ! N’hésitez pas à le tester !

Les +

• l’ambiance et l’immersion, très réussies
• l’histoire, qui se laisse bien suivre avec quelques rebondissements
• l’assemblage des armes
• le bras légion et ses variantes
• les affrontements contre les boss
• les musiques
• c’est beau, très beau même, avec des panoramas magnifiques
• ça tourne comme une horloge en mode performance
• le bestiaire
• bonne durée de vie

Les –

• quelques pics de difficulté pénibles (certains passages sont super tendax)
• la fenêtre de parade, ultra réduite
• l’esquive, un peu molle
• progression linéaire
• certains thèmes sont malheureusement survolés
• trop souvent un sentiment de déjà-vu/déjà joué
• le dernier chapitre, fade (et le boss de fin est une vraie tannée)

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