TEST : Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire (PS5)
Vous ne pouvez pas imaginer à quel point nous sommes heureux d’écrire les premiers mots de cet article. La saga Project Zero (connue également sous le nom de Fatal Frame aux Etats-Unis) fait partie de nos préférées dès lors que l’on parle d’horreur et d’épouvante. Débutée sur PlayStation 2 en 2001 (un an plus tard sur Xbox), la saga a toujours su nous faire frissonner, et en particulier ses 3 premiers épisodes. Le quatrième, nous n’y avons jamais joué, et pour cause, il n’a jamais quitté le Japon depuis sa sortie sur Wii en 2008. Mais ça, c’était jusqu’à aujourd’hui, car cet épisode tant attendu (et limite fantasmé depuis toutes ces années) débarque enfin chez nous dans une version revisitée intitulée Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire. Le jeu est disponible depuis le 9 mars 2023 sur consoles et PC, nous avons eu la chance de le recevoir dans sa version PlayStation 5 ! Les frissons ont-ils été au rendez-vous ? C’est ce que nous allons voir !
Se lancer dans un Project Zero, ça fait forcément quelque chose, surtout lorsqu’il s’agit d’un épisode que nous n’avons pu observer que de très loin. Voir débarquer Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire sur notre PS5, dans une version lissée et sous-titrée en français fait donc bigrement plaisir, et l’ambiance qui se dégage du menu principal donne clairement le ton : on n’est pas là pour rigoler. D’emblée pesant, le jeu de Koei Tecmo compte bien nous faire revivre le frisson de l’époque, avec son atmosphère angoissante, sombre, et ses fantômes bien flippants. Avec ce « nouvel » épisode, nous avons retrouvé cette ambiance que l’on aime tant, et que seuls les japonais savent mettre en place, le tout accompagné d’un gameplay « à l’ancienne » qui va plaire à certains, mais en frustrer d’autres. Rigide, le gameplay l’est assurément, mais c’est aussi ça qui fait le charme du jeu !
Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire reprend les bases de la saga, avec ses apparitions fantomatiques, ses demoiselles en détresse, un peu d’exploration et d’énigmes, et le fameux appareil photo pour se défaire de ses ennemis. Et ça marche toujours aussi bien, le tout étant parfaitement bien mis en scène grâce à des cinématiques très réussies. Le jeu vous place dans la peau de plusieurs personnages dans un scénario qui se déroule sur différentes temporalités. L’idée est bonne et plutôt bien exécutée, mais jusqu’à une certaine limite, le tout devenant rapidement brouillon. On s’y perd, la faute à quelques héroïnes qui se ressemblent beaucoup, et les nombreux allers-retours qui nous font visiter encore et encore les mêmes pièces (on tourne parfois en rond). Pourtant, les mystères sont nombreux, et on en découvre beaucoup en ramassant les différents collectibles. On souhaite en apprendre plus sur l’histoire de l’île et ses habitants, sur nos personnages et leur passé douloureux, mais il faut s’accrocher pour ne pas se retrouver paumé…
Là où les développeurs sont très forts en revanche, c’est dans cette faculté à maintenir l’angoisse en permanence. Cela passe par la qualité du sound design certes (nous y reviendrons), mais également par d’autres bonnes idées, qui mettent le joueur sous tension même lorsque tout semble calme. On retrouve la Camera Obscura qui permet, au bon moment, de prendre les esprits en photo pour leur retirer des « points de vie ». Il faut parfois attendre la dernière seconde pour lancer un cliché fatal et faire un maximum de dégâts. On pourra également utiliser différents types de pellicules et débloquer des améliorations, que l’on parle de l’appareil en lui-même ou du gameplay en général (avec par exemple la possibilité d’esquiver une attaque).
Concernant la Camera Obscura, il faudra découvrir des pierres spirituelles pour l’améliorer : puissance, sensibilité, charge, accumulation de points d’esprit pouvant être stockés ou agrandissement du champ de l’appareil photo sont au programme. Ces différents bonus seront importants, car les combats vont rapidement devenir difficiles, à la limite de la frustration. Les fantômes ont de plus en plus de points de vie, et les lieux étroits n’aident pas, la faute à un gameplay extrêmement rigide. On notera qu’un des personnages à incarner dispose d’une « Torche à esprits », qui permet de maîtriser un revenant via un rayon de lune (la torche se charge et émet un puissant flash, et il faut attendre qu’elle se recharge). De quoi varier quelque peu les plaisirs.
Le gameplay est très lourd, que l’on parle des déplacements, du contrôle de la torche ou encore des demi-tours. Les personnages se contrôlent avec le stick gauche et la caméra les suit automatiquement, se bloquant bien souvent dans les décors. Le stick droit sert quant à lui à orienter légèrement la caméra mais également la lampe torche, qui fait apparaître les objets quand on les éclaire. Ce n’est franchement pas pratique, et il est bien souvent difficile d’interagir avec les objets en question, quand ils sont au sol notamment. Attention lorsque vous tenterez de ramasser un objet : un bras fantomatique peut vous agripper et vous le faire perdre !
Le demi-tour est bien rigide également (et on ne parle même pas de la lenteur extrême des personnages), et dès qu’un ou plusieurs fantômes vous collent au train, il devient bien difficile de vous en sortir. Pensez bien à faire le plein de soins, car la barre de vie descend à vue d’œil ! Bien souvent, nous nous sommes mélangés les pinceaux dans les commandes, entraînant un Game Over bien rageant. Et si vous n’avez pas pensé à sauvegarder auprès d’une lanterne, il faudra tout vous retaper. Cette rigidité rend encore plus vulnérable nos personnages, mais l’argument tient-il encore aujourd’hui ? Quand la frustration s’invite à la fête, c’est vraiment dommage, et un peu de souplesse supplémentaire n’aurait pas été de refus.
Assez lent et souvent imprécis, le gameplay colle donc quelques bâtons dans les roues d’un joueur pas forcément préparé à tant de rigidité. Celles et ceux élevés au survival-horror des années 2000 prendront rapidement le pli, mais avec quelques morts frustrantes au compteur. En revanche, s’il y a bien une chose que l’on aime retrouver, et qui nous rappelle ces anciens jeux cultes, c’est l’ambiance ! Les voix japonaises sont parfaitement dans le ton, la mise en scène est réussie (avec des flashbacks bien flippants), l’image un peu « sale » (le grain est très présent) ne dérange pas, et le sound design fait des merveilles. Ce dernier nous rappelle bien souvent nos plus belles heures à Silent Hill, avec des bruits métalliques, stridents, des râles ou des chuchotements… L’angoisse est au taquet, ce qui est clairement le point fort du jeu.
En ce qui concerne les visuels, on est dans un portage à peine lissé. C’est parfois joli, avec de beaux effets de lumière, mais on sent bien que le titre débarque de la Wii. De près, ça pixélise sévère, les animations sont raides, et il y a un peu d’aliasing. Les développeurs ont fait le minimum syndical, et ce ne sont pas les nouveaux éléments cosmétiques qui vont faire des miracles. En termes de durée de vie, nous avons mis une grosse douzaine d’heures pour terminer le jeu en mode normal. Sachez qu’une autre fin est accessible en terminant le jeu une seconde fois dans la difficulté la plus élevée. Bon courage. On terminera avec un petit mot sur la DualSense, qui propose la détection de mouvements pour viser avec l’appareil photo, ce qui est bien pratique.
Nous sommes très heureux de voir enfin débarquer chez nous Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire, et qui plus est sous-titré en français. L’ambiance est très réussie et le jeu fait souvent frissonner, avec des fantômes flippants et un sound design juste génial. On retrouve la Camera Obscura et ses fonctionnalités, et certains combats mettent une forte pression. Il faudra néanmoins faire avec le poids des années, le jeu datant de 2008. Les contrôles étaient sans doute pensés pour la Wii et s’avèrent aujourd’hui bien rigides, voire même pénibles (personnages très lents, demi-tours mal gérés, problèmes de caméra et lors des interactions). Côté scénario, c’est clairement intéressant mais inutilement complexe, et on s’y perd un peu. Visuellement, c’est convenable mais ça pixélise beaucoup, et les animations sont assez rigides. Vous l’avez compris, le titre a des défauts, principalement en termes de prise en main, mais son ambiance géniale et immersive plaira sans aucun doute aux amateurs du genre. Si vous aimez l’épouvante et les films comme The Ring ou The Grudge, nous vous conseillons fortement de vous lancer !
Les +
- un opus qui arrive enfin chez nous !
- ambiance très réussie et immersive
- le sound design, génial
- sous-titres français
- la Camera Obscura et ses fonctionnalités
- certains fantômes font vraiment froid dans le dos
- quelques screamers bien placés
- l’angoisse ne retombe quasi jamais
- un scénario riche en rebondissements…
Les –
- … mais qui aurait gagné à être moins complexe
- contrôles hyper rigides, qui rendent certains combats pénibles
- la lenteur des personnages
- des allers-retours nombreux
- la caméra qui fait des sienne dans les espaces étroits
- ça pixélise beaucoup de près
- à quand un véritable nouvel épisode ?
Lageekroom