TEST (PS5) : Gylt, l’exclusivité Google Stadia arrive sur consoles
On l’avait presque oublié, et pourtant il nous faisait clairement de l’œil à sa sortie : Gylt, du studio Tequila Works, était en effet une exclusivité Google Stadia, sortie le 19 novembre 2019. La Google Stadia a depuis connu bien des déboires, jusqu’à baisser définitivement ses rideaux, ce qui est l’occasion de voir débarquer notre jeu du jour sur d’autres plateformes. Nous avons en effet eu la chance de recevoir Gylt avec un peu d’avance, et il est temps de voir ce que cette version PS5, fournie par l’éditeur, a dans le ventre (le jeu est également disponible sur PlayStation 4, Xbox Series, Xbox One et PC). C’est parti !
Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises du studio Tequila Works sur le blog, notamment pour revenir sur leur titre précédent, Rime. Un jeu imparfait mais souvent touchant, et proposant une très jolie direction artistique malgré un framerate pas toujours à la hauteur. Cette fois-ci, les développeurs nous proposent un récit davantage horrifique dans lequel les cauchemars se confondent avec la réalité, et abordent certains thèmes forts liés à l’adolescence et notamment au harcèlement scolaire. Une aventure qui s’inspire parfois de Silent Hill, mais qui s’adresse à tous les publics, mélangeant infiltration et exploration dans des environnements plongés dans la pénombre. Seule avec sa lampe torche, notre héroïne va devoir découvrir ce qui se passe et tenter de retrouver sa cousine disparue. Gylt reprend pas mal d’éléments d’autres jeux du genre tout en apportant sa propre patte, et si le jeu s’avère souvent classique, le résultat est de bonne facture.
« Avant, je voulais des amis, mais désormais, je voudrais juste qu’on me laisse tranquille. Peut-être que si je ne dis plus rien, ils m’oublieront »
Soyons toutefois honnêtes, Gylt n’a pas forcément la carrure d’une « exclusivité », et n’est pas le genre de jeu qui aurait pu faire vendre des Google Stadia par palettes. Néanmoins, il serait dommage de ne pas laisser une chance au titre de Tequila Works, dont l’ambiance est vraiment excellente. Que l’on parle du sound design, des musiques ou de la direction artistique en général, Gylt fait clairement le job et propose une aventure parfois mystérieuse, un poil angoissante, et très agréable visuellement. Avec ses très jolis effets de lumière, sa fluidité à toute épreuve, sa ville à l’ambiance brumeuse et ses intérieurs réussis (école, gymnase, salle d’arcade), le jeu a de chouettes atouts à faire valoir, et même si la durée de vie ne dépasse pas les 6 heures, Gylt vaut clairement le coup d’œil. Cependant, tout n’est pas parfait, et le jeu manque d’originalité sur quelques points importants.
S’il propose un chouïa d’exploration, Gylt reste globalement linéaire, avec plusieurs zones à visiter et généralement quelques clés à trouver. Bien entendu, des monstres vont vous coller au train, et vous aurez la possibilité de les affronter ou de la jouer infiltration. Concrètement, vous disposez d’une lampe torche pour tuer vos ennemis ou les attirer et les contourner (mais attention car elle trahira également votre présence et votre position), et plus tard d’un extincteur. En pointant la torche sur un monstre et en visant ses points faibles (sachant que l’on peut également les détruire discrètement par derrière), on pourra s’en débarrasser, mais attention à vos batteries ! Il faudra en effet trouver des piles pour la recharger, mais l’infiltration reste globalement basique avec une IA simpliste. Un flash peut également être déclenché si on se retrouve encerclé. Concernant les énigmes, elles sont elles aussi assez basiques et faciles. Couper l’électricité, trouver un chemin pour contourner une porte fermée, accéder à des passages en hauteur : tout est assez classique, et vous ne bloquerez jamais face à une situation. Quelques boss sont également au rendez-vous, mais on comprend rapidement comment s’en débarrasser.
Si le thème du harcèlement scolaire est au cœur du récit, nous avons trouvé que l’écriture manquait d’impact. Malgré quelques notes en français à découvrir (le jeu est d’ailleurs intégralement doublé dans notre langue), le propos n’est à nos yeux pas assez développé et peine souvent à nous embarquer. Il en est de même pour certaines cinématiques, faites d’images fixes, qui cassent un peu l’immersion et tranchent trop avec le style visuel en jeu. Heureusement, et comme nous le disions précédemment, le titre est vraiment bon en termes d’ambiance, et on s’attache rapidement à la jeune Sally, qui va petit à petit comprendre ce qui se passe.
Vous l’avez compris, Gylt est un titre qui manquait d’envergure pour faire vendre des Google Stadia à sa sortie, mais le jeu de Tequila Works propose, malgré ses défauts, une excellente ambiance et quelques moments horrifiques réussis. Dommage que le thème du harcèlement scolaire ne soit pas davantage développé et que le jeu soit un peu trop classique, car Gylt laisse une bonne impression au final, grâce à une très belle direction artistique (rappelant parfois le cinéma de Tim Burton) et une héroïne attachante. On ressort donc de l’expérience plutôt convaincus, mais on se dit néanmoins qu’avec un poil plus d’ambition, Gylt aurait pu faire partie des incontournables du genre.
Les +
- très belle direction artistique
- quelques plans vraiment réussis
- le sound design et les musiques
- intégralement en français
- visuellement propre et fluide, avec de très chouettes effets graphiques
- quelques séquences stressantes
- de l’horreur tout public
- le thème du harcèlement scolaire…
Les –
- … mais la narration manque d’impact et de développement
- infiltration très classique
- énigmes faciles
- l’ensemble manque de surprises, et d’ambition
- un fréquent air de déjà-vu
Lageekroom