TEST : River City Girls, un beat them all retro qui claque !
Que vous l’appeliez Downtown Nekketsu Monogatari, River City Ransom ou Street Gangs, vous parlez d’un même jeu, un beat them all de la NES signé Technos Japan (les développeurs de Double Dragon) qui s’inscrit dans la licence Kunio-Kun. Cette année, Arc System Works, habituellement en charge de la licence, a confié un nouvel opus à WayForward, le bien nommé River City Girls. Ce dernier demande de contrôler Kyoko et/ou Misako dans le but de venir en aide à Kunio et Riki, leurs petits-amis qui auraient été kidnappés… Reste à voir si les 29,99€ demandés pour en profiter sont justifiés…
Le postulat de départ est assez classique, si ce n’est que pour une fois ce ne sont pas les demoiselles qui se font enlever pour que ces héroïques messieurs volent à leur secours. Pendant les cours, Kyoko et Misako reçoivent un étrange message montrant Kunio et Riki monter dans une camionnette. Ni une, ni deux, l’ennui du cours n’aidant pas, elles décident de partir à la recherche de leurs petits-amis, animées par le pouvoir de l’amour. Le scénario ne va pas forcément beaucoup plus loin même si la fin réserve une surprise que l’on ne voit pas forcément venir. Celle-ci pourrait même diviser les avis mais elle a le mérite d’apporter un rebondissement à une histoire qui est sinon assez linéaire. En revanche, les développeurs ont quand même travaillé sur les dialogues, bourrés d’humour, et sur les cut-scenes pour donner un peu plus de consistance à certains personnages, dont nos deux héroïnes. Il y a d’ailleurs trois types de cut-scenes. Les premières, ce sont celles qui sont présentées sous la forme d’un manga (sans respecter le sens de lecture des mangas, ce qui fait bizarre sur le coup) avec des bulles en anglais. Étrangement, il n’y a pas de localisation sur ces passages-là. Les deuxièmes, ce sont les cut-scenes façon dessin animé. Le dessin est soigné, les rendus sont superbes et on profite même de sous-titres en français. Les troisièmes, ce sont plus des dialogues avec le moteur du jeu et visuels fixes, là encore avec des sous-titres français, ce qui ne fait qu’accentuer l’incompréhension de ne pas en avoir sur les scènes typées manga… Dans tous les cas, nous avons le droit à des doublages anglais de très bonne facture. De manière générale, l’ambiance sonore est excellente. Il faut dire que Chipzel, Christina Vee et NateWantsToBattle ont participé à son élaboration et cela se ressent.
Les visuels ne sont pas en reste puisque WayForward nous gratifie d’un pixel-art détaillé et ultra soigné. Les animations sont fluides, les couleurs superbes et la direction artistique est inspirée, ce qui en fait un petit régal pour les yeux. Bien entendu, beat them all oblige, le cœur du titre, c’est bien entendu son gameplay. Dès le départ vous avez quelques choix à faire. Si vous êtes seul, vous pouvez choisir d’incarner Kyoko ou Misako, en sachant qu’elles ont des coups assez différents et qu’un ami peut à tout moment rejoindre la partie pour de la coopération locale (pas de mode en ligne disponible). La coop est un véritable plaisir, surtout quand l’un continue les combos de l’autre et apporte ce petit truc en plus qu’on aime depuis des années. A contrario, on perd parfois un peu en lisibilité, ce qui est déjà le cas en solo, notamment lorsqu’on se retrouve au milieu de cinq ou six ennemis ou qu’on passe derrière des éléments affichés en premier plan. Le seul truc, c’est que si vous montez les niveaux d’un personnage dans une partie et pas ceux de l’autre, alors votre ami se retrouvera avec un personnage bien plus faible et avec moins de possibilités au niveau des coups. Mieux vaut donc profiter des trois slots de sauvegarde pour en avoir un dédié à la coopération et un autre pour le jeu en solo par exemple. Petite note au passage, il est possible d’activer le tir ami pour mettre du piment aux parties en coop locale.
Niveau difficulté, vous pouvez opter pour le mode normal, qui offre déjà un certain challenge, ou le mode difficile. Ce dernier joue surtout sur l’agressivité des ennemis et leur capacité à enchaîner plus de frappes ou à mieux coordonner leurs attaques. Comme ils ont pas mal de points de vie et qu’ils frappent forts, cela peut amener plus souvent et/ou rapidement à perdre de la vie. Cela étant dit, avec un peu plus de prudence et une bonne gestion de l’esquive et de la défense, il n’y a rien d’impossible. Bref, lorsque vous lancez le jeu, l’arrivée jusqu’au premier boss peut paraître assez basique. Le personnage a peu de coups à disposition et on se retrouve à les enchaîner inlassablement pour se débarrasser des sous-fifres jusqu’à arriver au boss. Cela permet de glaner dans les quatre niveaux et d’apprendre de nouvelles techniques, dont le piétinement ou une attaque lourde après une course par exemple (la course se fait avec deux appuis rapides dans une direction, ce qui ne se déclenche pas toujours comme on le souhaite). Par la suite, on apprend même des attaques aériennes ou de nouvelles chopes, comme celle permettant de se servir d’un ennemi à terre pour frapper les autres. Au fil de l’aventure, le gameplay gagne en diversité grâce aux nouvelles techniques apprises en montant en niveau et celles achetées au niveau du Dojo (l’occasion de voir une petite référence à une autre licence connue de Technos Japan).
Comme nous sommes assez libres d’enchaîner les mouvements, outre les coups aux combos automatiques, on peut se faire plaisir au niveau des variations… A condition bien sûr de passer par le dojo, sans quoi le gameplay stagne pas mal durant tout le milieu de l’aventure. Quelques équipements pour profiter de bonus passifs (+5% sur les ennemis d’un certain genre, récupération plus rapide d’endurance, etc.) sont également de la partie, avec la possibilité d’en équiper deux. Aux coups rapides mais faibles, forts mais plus lents, aux choppes, aux attaques aériennes et aux combos à débloquer, il faut également ajouter l’utilisation d’armes improvisées à base de barre de fer, de yoyo, de boomerang, de caisse en bois, de banc, de batte de baseball, de guitare, de chaise, etc., avec la possibilité de les lancer à tout moment. Toutes les armes sont destructibles, ce qui évite les abus. Côté défense, on joue principalement sur la profondeur de champ pour esquiver les attaques mais on peut également les bloquer, voire les parer en plaçant le blocage dans le bon timing. Bref, le gameplay est complet et il s’offre même le luxe d’offrir des assists avec la possibilité de recruter le dernier personnage du tableau, si celui-ci nous supplie de l’épargner, pour l’appeler par la suite afin qu’il vienne donner un petit coup.
Le seul vrai souci du gameplay, comme pour le déclenchement de la course, c’est le mapping. En effet, la touche X associée aux attaques rapides est également utilisée pour sortir d’un niveau afin de se rendre au suivant ou pour entrer dans le menu d’une échoppe. Du coup, lorsqu’on passe devant en combattant, on actionne hélas la fonction sans le vouloir, ce qui est parfois rageant. Pour nous maintenir toujours dans l’action, les ennemis repop sans cesse. Cela permet bien entendu de donner du rythme, de rallonger la durée de vie mais aussi de pousser au farm puisque chaque ennemi vaincu procure de l’XP et un peu d’argent. L’argent permet d’acheter de la nourriture à l’effet découvert après l’avoir achetée une première fois, mais également des équipements/capacités. Attention toutefois, celui-ci fond comme neige au soleil à chaque mort, et ce même si on reprend au tableau dans lequel on est mort (sauf pour les boss, on reprend au tableau précédent). Du coup, pour pousser au farm et pour rallonger un peu la durée de vie, les développeurs ont laissé la possibilité aux joueurs de parcourir librement les zones, en fermant quelques accès qui ne s’ouvrent que par la suite ou après avoir rempli une quête. Quelques « mini-jeux » sont même à noter, comme un passage orienté plateforme (pour récupérer une clé sur un gardien endormi) ou un autre qui demande de latter des zombies, toujours pour une histoire de clés… Bref, ce sont quelques ponctuations pour apporter un peu de nouveauté à la progression.
En ce sens, le très étrange Godai propose quelques quêtes annexes permettant d’engranger quelques gains (XP et argent notamment) non négligeables. Les allers-retours pourront en faire souffler certains mais ils restent quand même bien intégrés grâce à des justifications contextuelles. En plus, à moins d’avoir loupé l’un des 25 bustes à éclater (pour une récompense un peu spéciale), on ne multiplie pas énormément les allers-retours. On avance le plus souvent dans l’une des six zones de River City et on peut même prendre le bus pour du voyage rapide au besoin. Au final, on met environ cinq heures pour en voir le bout en ligne droite (sans s’attarder en dehors des tableaux verrouillés par un cadenas qui imposent de battre tous les ennemis). Bien sûr, selon vos aptitudes et votre volonté d’acheter le plus d’éléments possibles, vous pouvez ajouter une à deux heures au total, ce qui reste assez honnête pour un jeu à 29,99€, et ce même si le prix paraîtra un peu trop élevé pour beaucoup (à 20€, ça aurait été idéal). Côté bestiaire, les ennemis se veulent assez variés. Comme à l’époque, ils sont déclinés en plusieurs versions identifiables principalement par un changement de couleur du costume. On trouve un peu de tout et surtout des clichés, des écolières à la dominatrice, en passant par des robots, des loubards ou encore des yakuzas.
Quelques références pop-culturelles sont même à saisir. Les boss quant à eux sont assez classiques dans le fonctionnement. Ils sont tous composés d’une barre de vie composée de trois parties et leur pattern est modifié à chaque partie entamée. Loin d’être difficiles dès que l’on saisit bien quand esquiver et quand attaquer, ils n’en restent pas moins redoutables. On pense notamment à Abobo et ses coups de tête dévastateurs dès qu’on donne plus de trois coups d’affilée ou encore à Sabuko qui a une attaque tranchante dévastatrice. En revanche Noize et son hommage à Guitar Hero / Rock Band est une petite bouffée d’air frais. D’ailleurs, ce cinquième boss est à nos yeux le plus facile. Dans tous les cas, ils sont tous réussis et très différents. Dans les petits plus, on note également la possibilité d’affronter un boss supplémentaire, de débloquer Kunio et Riki en personnages jouables (en finissant le jeu une première fois) et de les utiliser eux ou Kyoko et Misako en new game +, histoire de récupérer le reste des collectibles par exemple.
L’avis perso de Vincent // Pêché mignon !
Même si ce River City Girls n’est pas parfait, je dois reconnaître que j’ai passé un très bon moment, et ce aussi bien en solo qu’en coopération. Mon seul véritable regret dans le fond, c’est de ne pas avoir une option pour réaffecter les touches. En mettant la course sur une gâchette et la touche d’interaction sur un autre bouton, on aurait gommé les quelques imprécisions du gameplay qui aurait été quasi parfait, outre la répétitivité inhérente au genre. En tout cas, il y a de l’humour, nos héroïnes sont attachantes, la bande-son est excellente, les boss sont très réussis, le gameplay est très bon (à condition de passer par le dojo sinon il stagne en milieu d’aventure) et ça procure un certain plaisir de casser des gueules en se servant d’un panel assez large de possibilités. Quant au tarif, s’il est plutôt doux (29,99€), il paraîtra encore un peu élevé pour ceux qui ne feront qu’un run en environ cinq heures. A mes yeux, avec mes dix heures au compteur, je le trouve plutôt correct. En tout cas, si vous aimez le genre, plus précisément les beat them all rétro, je ne peux que vous conseiller ce River City Girls.
River City Girls est un très bon beat them all rétro qui jouit d’une direction artistique réussie et d’une bande sonore de qualité, le tout étant accompagné par une technique impeccable. Les temps de chargement sont très courts, le pixel art utilisé est propre et les animations sont parfaitement fluides. WayForward a bien bossé pour offrir un gameplay qui soit complet, avec pas mal de possibilités au niveau de l’attaque et de l’évolution des personnages. Certes, malgré le changement du postulat de départ (cette fois, les filles vont à la rescousses des garçons), River City Girls reste un beat them all rétro aussi réussi que classique. Il n’empêche que malgré les défauts déjà évoqués, il offre un bon divertissement qui est encore meilleur en coopération. Reste quelques imprécisions à gommer, la possibilité de réaffecter les touches serait un ajout bienvenu, une répétitivité inhérente au genre (avec des allers-retours et des ennemis qui pop sans cesse pour le farm) et un prix qui pourrait diviser selon le profil des joueurs… Toujours est-il que si vous aimez le genre, River City Girls reste une très bonne expérience, surtout si vous jouez le jeu des quêtes annexes et des passages dans le dojo pour réellement faire évoluer les possibilités tout au long de l’aventure, sans quoi le gameplay vient à stagner au milieu de celle-ci, renforçant a fortiori la répétitivité.
Les +
Durée de vie correcte
Kyoko et Misako
Kunio et Riki à débloquer
Le système de progression
Gameplay assez complet
Recruter des ennemis
De l’humour
Cut-scenes très agréables
Un boss caché
Une bande-son excellente
Du pixel art maîtrisé
Animations fluides
Une DA réussie
La coop en local…
Les –
Mais rien en ligne
Souci de lisibilité parfois
Mappage des touches à revoir
Allers-retours et farm pour certains
Des ennemis clichés
Scènes façon manga non traduites
Forcément répétitif
Test rédigé par Vincent (lien vers l’article original) – Lageekroom