TEST : Wolfenstein Youngblood, paraît que c’est mieux à 2
Testé sur le blog à sa sortie (article à lire ici), Wolfenstein II : The New Colossus nous avait laissé une chouette impression, parvenant à mélanger avec brio narration et action. Dans Youngblood, vous incarnez Jess et Soph, les 2 filles de l’ami Blazko, qui ne va plus donner signe de vie après une mission à Paris. Les 2 frangines vont donc devoir partir à la recherche de leur père, dans un opus de transition qui conserve l’ADN de la saga, tout en y apportant quelques nouveautés. La sauce prend-elle à nouveau ?
L’action se déroule à Paris dans la années 80. Dans cette univers uchronique, les nazis ont gagnés la guerre et contrôlent la capitale. Nos 2 frangines sont loin d’être prêtes à partir en mission, mais vont pourtant se transformer en véritable rambo après leur premier meurtre. Équipées de leurs combinaisons spéciales, permettant de les rendre invisibles un court instant ou encore de faire chuter violemment leurs ennemis, les filles vont donc arpenter les rues de Paris à la recherche de leur daron, en défonçant tout ce qui bouge. Elles croiseront des généraux nazis et des soldats, sans oublier les Panzerhunds ou encore des ennemis aux armures ultra blindées. L’action est au rendez-vous, et ça canarde dans tous les sens.
On retrouve rapidement l’esprit Wolfenstein, avec ses gunfights violents et jouissifs, et les exécutions au corps à corps qui ne rigolent pas ! Le jeu est divisé en quartiers que vous pourrez rejoindre en prenant le métro, et chaque zone sera plus ou moins remplie d’ennemis. Forcément, plus on avance dans le jeu et plus les soldats deviennent puissants, jusqu’à devenir de véritables sacs à PV. Certains demanderont plusieurs chargeurs complets pour être dessoudés, et c’est à ce moment là que le jeu va montrer certaines limites. Youngblood demandera au joueur de réaliser des quêtes principales mais également des quêtes secondaires, qui obligeront à faire de nombreux allers-retours. A chaque nouvelle entrée dans une zone que vous connaissez déjà par cœur, les ennemis seront de retour, et il faudra se les faire à nouveau. Du coup, une certaine lassitude pourra rapidement s’installer et on préférera parfois courir à fond les ballons jusqu’à la fin de la zone en esquivant tout le monde… Un comble pour un jeu d’action, d’autant que l’attaque frontale sera souvent synonyme de mort. On notera enfin que la narration n’est que peu développée, mis à part quelques cinématiques en début d’aventure, une au milieu et 2 à la fin.
On sent clairement la patte d’Arkane dans le développement, et le level design et certaines zones semblent copiées / collées de Dishonored. Dans l’idée, les différentes approches sont une bonne chose, mais dans les faits, c’est plus compliqué à mettre en place. On aura beau tenter de contourner les nazis, l’action sera très vite de retour : on se fait repérer très rapidement et tous les ennemis de la zone débarquent pour vous savater. Le jeu s’avère donc encore plus bourrin que d’habitude. Certaines zones demanderont d’ailleurs d’avoir un niveau suffisamment élevé pour ne pas trop en baver, car oui, le jeu propose des notions de RPG. Concrètement, vos personnages vont gagner des points d’XP (en tuant des ennemis, terminant des quêtes ou trouvant des objets cachés) pour monter en niveau et débloquer des points de compétence. On pourra donc améliorer les frangines et débloquer des dizaines d’améliorations pour ses armes. Celles-ci sont vraiment classes et de nouveaux flingues bien cool font leur apparition. Il faudra également veiller à utiliser les bonnes munitions face à certains types d’ennemis, certains étant plus résistants que d’autres à certaines balles. Une bonne idée, mais parfois pénible lorsqu’il faudra sans cesse switcher d’une arme à l’autre pour se défaire des nombreux ennemis devant soi.
Avant de tester le mode coopératif à 2 joueurs, nous avons terminé le jeu en solo, chose tout à fait faisable mais non sans difficulté. L’IA de votre sœur est vraiment nulle, et elle passera son temps à mourir sous le feu ennemi, vous obligeant à prendre des risques pour la sauver (vous disposez de 3 vies en commun, et en cas de mort définitive, c’est retour au tout début de la zone…). Pire, elle ne viendra parfois même pas vous sauver alors que vous vous videz de votre sang. Le boss final est le parfait exemple de ces difficultés liées à l’IA : il nous a vraiment fait rager. A deux, c’est clairement mieux et beaucoup plus sympa, et vivre ces gunfights jouissifs en binôme procure de bien meilleures sensations. Le jeu ne propose pas vraiment de mécaniques en coop, mis à part utiliser 2 leviers en même temps, mais parcourir Paris avec un camarade reste une meilleure option pour kiffer la ballade ! Du coup, les allers-retours et les ennemis qui popent à chaque visite deviennent moins pénibles, même si certaines missions vous feront traverser 2 ou 3 fois la même zone avec à chaque fois le ménage à faire ! Notez que si vous vous procurez l’édition Deluxe du jeu, vous pourrez inviter un ami ne possédant pas le jeu, comme dans A Way Out. Une excellent initiative, que l’on préférera mettre en avant plutôt que les micro-transactions en jeu.
Comme dit précédemment, le travail d’Arkane est très visible dans le jeu, et le level design propose quelque chose d’inédit dans la saga Wolfenstein (même si on avait tutoyé ce système dans l’opus Xbox 360). « Mélanger » le travail de 2 studios reste compliqué (on l’a vu avec Rage 2), et l’action frénétique de MachineGames a parfois du mal à coller avec l’esprit d’Arkane. Techniquement par contre, le jeu est vraiment très beau. Pour plus de détails, vous pouvez jeter un œil à notre article comparant les version PS4 Pro et Xbox One X (à lire ici). Youngblood est fluide et propose de très chouettes effets de lumière et des textures détaillées, sans oublier les animations réussies des ennemis. La musique n’est pas en reste, et la bande son est autant stressante que dynamique. Du côté des bémols, on citera un certain manque de finition, comme souvent avec les jeux Bethesda ces derniers mois. Il y a des bugs de collision, des textures qui disparaissent, des effets étranges qui altèrent l’image, ou encore des bugs sonores coupant carrément le son. Par exemple, nous avons eu des problèmes de son à chaque fois que l’on activait la lampe torche sur notre arme, bizarre… Autre déception : la ville de Paris aurait mérité un peu plus de diversité. On retrouve des quartiers vraiment jolis, le métro ou encore les catacombes, mais il manque un ou deux lieux cultes de la ville pour rêver un peu. Par exemple, The Saboteur, sorti sur PS3 et Xbox 360, avait su nous vendre un très belle ville de Paris. Le genre n’est pas le même certes (open world vs FPS), mais quand même.
Ce Wolfenstein Youngblood laisse une étrange impression. Le jeu est très beau et les gunfights sont toujours aussi jouissifs, mais l’apport d’Arkane n’est pas forcément bénéfique. Le level design propose des chemins plus variés, mais ils ne servent pas à grand chose. L’aspect RPG est vraiment bien foutu, mais les ennemis sont en mode sacs à PV et reviennent à chaque nouvelle entrée dans une zone. Ce Wolfenstein n’en est finalement pas vraiment un, et il faut avouer que les prises de risque et les nouveautés ne fonctionnent pas forcément dans le cas présent. Le jeu en devient du coup souvent frustrant et difficile, malgré le capital sympathie qu’on peut lui trouver. Heureusement, son prix de vente plus bas que la moyenne et la possibilité d’inviter un ami rendent l’expérience intéressante. Le jeu est souvent bourrin et jouissif, mais ses nouveautés s’avèrent plus handicapantes qu’intéressantes, laissant une impression mitigée. Peut-être que si le jeu ne s’était pas appelé Wolfenstein, nous aurions été plus indulgents.
Les +
- graphiquement au poil
- des gunfights violents et jouissifs
- certains quartiers de Paris vraiment chouettes
- l’aspect RPG bien fichu
- améliorer son personnage et ses armes
- les armes proposent de bonnes sensations
- la soundtrack, excellente
- le jeu en coop est vraiment sympa
Les –
- en solo, l’IA est vraiment mauvaise
- narration basique, humour très moyen
- allers-retours nombreux et parfois pénibles
- les ennemis qui reviennent systématiquement
- trop d’ennemis blindés de PV
- manque de finition (bugs visuels et sonores)
Lageekroom