Avis : A Walk Through Hell – Tomes 1 et 2 (Black River)
Au printemps dernier, le groupe Editis renforçait sa position dans le secteur de la bande-dessinée en France avec sa nouvelle maison d’édition : Black River. Parmi les premiers titres disponibles, on pouvait trouver « Magic : The Gathering » (disponible depuis le 5 mai 2022), « Assassin’s Creed Valhalla – Le Chant de gloire », ou encore « Une Étude en Émeraude » (disponibles depuis le 2 juin 2022). Des titres clairement qualitatifs, que nous sommes heureux d’avoir pu découvrir (on vous en parle à cette adresse), et qui semble-t-il ont plu à une grande partie d’entre vous. Aujourd’hui, nous allons à nouveau parler de Black River avec « A Walk Through Hell », de Garth Ennis (scénariste), Goran Sudzuka (dessinateur) et Ive Svorcina (coloriste), un récit en 2 tomes qui mêle intrigue policière, thriller et même horreur. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : Quand l’horreur dépasse l’entendement, saurez-vous distinguer la réalité de vos pires cauchemars ? Les agents spéciaux Shaw et McGregor sont désormais en charge des affaires courantes, et c’est exactement ce que Shaw aime. Elle a presque 40 ans, à la limite de l’épuisement et les souvenirs effroyables de sa dernière enquête la hantent comme des ombres. McGregor, quant à lui, est plus jeune et plus dévoué : il s’accroche à une certaine forme d’idéalisme, quoi que le monde puisse lui faire subir. Lorsque deux de leurs collègues disparaissent dans un entrepôt de Long Beach, Shaw et McGregor sont envoyés pour enquêter. Mais ils sont loin d’imaginer ce qui les attend et les deux agents vont se confronter à une terreur dépassant leurs plus terribles cauchemars, dans un lieu où la nuit pourrait ne jamais se terminer.
Disponible depuis le 25 août dernier, le premier tome de « A Walk Through Hell » regroupe les 5 premiers chapitres d’une histoire pour le moins mystérieuse. Il se dégage de ces premières pages une ambiance à la X-Files, avec notre duo d’agents spéciaux partis enquêter sur la disparition de deux de leurs collègues. Un duo qui fonctionne vraiment bien, chaque personnage étant bien développé et possédant un background intéressant. Mais malgré tout ce qu’ils ont déjà pu vivre par le passé, à travers des enquêtes plus ou moins marquantes, ils n’étaient clairement pas prêts à découvrir ce qui se cache dans ce mystérieux entrepôt. Ce dernier serait-il, à l’image de la ville de Silent Hill, la porte d’entrée vers leurs pires cauchemars ? Garth Ennis excelle une nouveau fois dans l’écriture, et les dialogues sont souvent pertinents, apportant des éléments utiles au récit. Ce dernier se déroule sur 2 temporalités, dans l’entrepôt au présent et durant une enquête dans le passé. Une enquête plus que délicate sur des disparitions d’enfants, kidnappés par plusieurs individus (qui se suicident les uns après les autres) qui semblent être manipulés par une tête pensante que nos héros veulent à tout prix coffrer. Cette enquête a-t-elle un lien avec ce que vivent Shaw et McGregor dans l’entrepôt ?
Dès lors que l’on se lance dans la découverte du premier tome, il est impossible de le reposer. L’ambiance est particulièrement prenante, sombre et parfois glauque. Ce que vont découvrir Shaw et McGregor dans l’entrepôt fait froid dans le dos, et eux-mêmes en viennent à douter sur ce qui se passe réellement, tant la réalité semble les fuir. Certains thèmes liés aux réseaux sociaux, au racisme ou au sexisme sont abordés, avec beaucoup de justesse et des dénonciations vraiment pertinentes. L’auteur parvient souvent à nous faire douter, sur la culpabilité du suspect numéro un de l’enquête par exemple, ou sur la véracité des événements dans le présent… C’est parfois perturbant, déroutant, mais également hypnotisant.
Visuellement, c’est très réussi, avec des visages expressifs et une ambiance sombre très immersive. L’ensemble s’attarde davantage sur les personnages que sur les décors, la moitié du récit se déroulant dans l’entrepôt. Le côté horrifique est bien géré lui aussi, avec des plans très cinématographiques, nous laissant imaginer ce que cela pourrait donner en film ou en série (l’adaptation serait apparemment en cours de négociation). Les influences sont là, de X-Files à Seven, en passant par des séries comme Mindhunter. On notera que la fin du tome regroupe des croquis et de très belles couvertures alternatives. « A Walk Through Hell » dégage une ambiance sombre, parfois déroutante, mais également accrocheuse, la récit étant très mystérieux. Les personnages sont bien écrits, et l’ensemble bénéficie d’une belle mise en scène malgré le peu de décors. On se sent parfois perdu, presque mal à l’aise face aux événements, mais il est difficile de ne pas tourner les pages.
Le tome 2 est tout aussi réussi, hypnotisant même, développant davantage certains personnages. Plus dense, mais également plus intense, ce second volume (qui regroupe les chapitres 6 à 12) revient également sur le passé de nos héros, qui conditionne forcément ce qu’ils sont en train de vivre dans l’entrepôt. Les références au cinéma sont toujours là, et l’ensemble est vraiment bien écrit et mis en scène, même si parfois complexe à suivre. Chacun se fera sa propre interprétation sur les événements, mais on peut dire qu’à la fin de la lecture, on reste avec des interrogations. Allez, histoire de pinailler, on pourra signaler quelques fautes ou autres couacs de traduction, qui rendent certaines répliques un peu difficiles à appréhender. La balade en enfer promise porte quoi qu’il en soit bien son nom !
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