Avis BD Glénat : Ces jours qui disparaissent, de Timothé Le Boucher (format poche)
Sorti à l’origine le 13 septembre 2017, « Ces jours qui disparaissent » est une bande-dessinée signée Timothé Le Boucher que nous n’avions pas encore eu la chance de découvrir. En ce mois de juin 2024, nous allons pouvoir rattraper ce retard avec la ressortie de l’ouvrage en format poche aux éditions Glénat. L’occasion pour nous de découvrir Lubin, un jeune homme en apparence comme les autres mais qui va vivre une bien curieuse expérience : celle de se réveiller chaque matin alors qu’un jour entier vient de s’écouler sans qu’il n’en ait le souvenir. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : Que feriez-vous si d’un coup vous vous aperceviez que vous ne vivez plus qu’un jour sur deux ? C’est ce qui arrive à Lubin Maréchal, un jeune homme d’une vingtaine d’années qui, sans qu’il n’en ait le moindre souvenir, se réveille chaque matin alors qu’un jour entier vient de s’écouler. Il découvre alors que pendant ces absences, une autre personnalité prend possession de son corps. Un autre lui-même avec un caractère bien différent du sien, menant une vie qui n’a rien à voir. Pour organiser cette cohabitation corporelle et temporelle, Lubin se met en tête de communiquer avec son « autre », par caméra interposée. Mais petit à petit, l’alter ego prend le dessus et possède le corps de Lubin de plus en plus longtemps, ce dernier s’évaporant progressivement dans le temps… Qui sait combien de jours il lui reste à vivre avant de disparaître totalement ?
« J’ai l’impression de disparaître »
« Ces jours qui disparaissent » est une bande-dessinée qui a déjà fait parler d’elle sur internet, et qu’on retrouve aujourd’hui en format poche (148 x 197 mm) pour la modique somme de 10 euros. Un prix clairement attractif, et il serait dommage de passer à côté de cette histoire pleine de rebondissements et de réflexions sur la vie. Dans « Ces jours qui disparaissent », Lubin, un jeune artiste entouré de ses amis et de sa famille, se réveille un matin en n’ayant aucun souvenir de ce qui s’est passé la veille. Un ami et collègue lui affirme qu’il n’est pas venu travailler, mais Lubin n’en a aucun souvenir. Pensant que cette perte de mémoire résulte d’un choc à la tête lors d’une représentation (il est artiste et évolue sur scène avec un groupe d’amis), Lubin ne s’inquiète pas trop. Mais cela se reproduit, et il se réveille à nouveau 2 jours plus tard, ayant totalement oublié la journée précédente. Lubin semble donc conscient un jour sur deux, mais va rapidement découvrir que ces absences cachent autre chose : une autre personnalité prend en effet son corps, un autre lui-même, et il mène sa propre vie lui aussi en alternance avec Lubin. Ce dernier commence à communiquer, via des vidéos, avec son double, qui opte pour un parcours différent, aussi bien professionnel que sentimental. Difficile pour Lubin de tenir le cap, tant son double est différent de lui, et sa relation amoureuse commence à en pâtir.
Le récit, déjà intriguant, monte d’un cran à la moitié de l’ouvrage, lorsqu’on découvre que le double de Lubin commence à prendre le dessus, et que notre héros a des trous de mémoire de 2, puis 3 ou encore 4 jours. Lubin est entouré de sa famille et de ses amis, tente de se livrer à une psy et de comprendre ce qui lui arrive, mais sa vie semble lui échapper. Deux personnalités se partagent donc le même corps, et se font même des crasses (Lubin boit toute la soirée avec ses amis pour que son double ait la gueule de bois le lendemain), et tout les oppose. On se laisse embarquer dans l’histoire, malmené par certains rebondissements, et on réfléchit bien souvent au sens de notre propre vie et au temps qui passe, inéluctablement. L’auteur aborde des thèmes forts, liés au passage à l’âge adulte, à l’amour, à nos projets professionnels, au fondement d’une famille. Tout ceci est-il réel, ou Lubin est-il victime de schizophrénie ? La lecture est forte, et on n’en ressort pas indemne, certains twists faisant réfléchir et rappelant des films voire même mangas abordant le sujet. Timothé Le Boucher, auteur de l’incroyable « 47 Cordes », développe ses personnages avec intelligence, et on retrouve sa patte visuelle, avec des couleurs douces et un dessin élégant, même si les visages manquent parfois d’expression. Ce petit bémol n’a pas empêché « Ces jours qui disparaissent » de nous toucher, et de nous faire réfléchir sur notre vie et le temps qui passe.
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