Avis BD Glénat : Clifford Hicks – Une vie déchirée (histoire complète)
Disponible chez Glénat depuis le 25 mai 2025 dans la collection Treize étrange de l’éditeur, « Clifford Hicks : Une vie déchirée » est un roman graphique qui explore les sommets et les abîmes de la création artistique à travers le destin d’un saxophoniste de génie. Sur fond de jazz, l’ouvrage nous plonge dans l’Amérique des années 1950, entre clubs enfumés, rencontres légendaires et chute intime. Plus qu’un simple biopic imaginé, c’est un portrait sensible et tragique d’un homme consumé par sa musique… et par lui-même. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : États-Unis. Jazzman oublié de l’Histoire, Clifford Hickman fut un véritable prodige de la musique, une étoile filante sur la scène des années 1950. Sa vie, marquée par la misère et la drogue, ne l’empêche pas de toucher son rêve du bout des doigts avant de sombrer et de passer par la case prison. Orphelin à 11 ans, il s’embarque pour une longue traversée des États-Unis en train pour fuir une enfance douloureuse, la violence et la maison de redressement. Pendant ces 10 années sur la route, le jeune Clifford vit comme un vagabond et apprend à jouer de presque tous les instruments. Il a 20 ans quand il arrive à La Nouvelle-Orléans. Nous sommes en 1947 et dans cette ville en pleine ébullition, la chance lui sourit enfin. Car le jeune homme n’a qu’un rêve, faire carrière et passer à la radio.
« La musique m’a brisé le coeur »
« Clifford Hicks : Une vie déchirée » retrace la trajectoire de Clifford Hickman, un prodige du jazz des années 1950. Orphelin dès l’âge de 11 ans, il s’échappe d’un foyer violent et monte à bord d’un train qui traverse les États-Unis. Dix années d’errance, dix instruments maîtrisés, dix années pour forger un génie musical. Sa quête l’amène à La Nouvelle-Orléans, épicentre du jazz en ébullition, où il rencontre Jamila Harris, chanteuse envoûtante, et croise des légendes comme Coltrane, Rollins, Parker… L’histoire nous plonge dans un monde musical vibrant avant que le disque de Clifford ne sombre, emportant sa carrière, son couple, et son équilibre. Son parcours le conduit à Los Angeles, et c’est le début d’une descente aux enfers. Un récit en trois actes (errance, apogée, chute), qui nous embarque dans l’intimité du personnage, mais également dans ses désillusions, et un rêve américain qui est loin d’être celui espéré.
Signée par les Italiens Valsecchi et Rosanna, la bande dessinée équilibre biographie fictive et commentaire social. En rendant hommage aux figures historiques du jazz, les auteurs s’attachent à la représentation psychologique du protagoniste : ses traumatismes, son besoin de reconnaissance ou encore son obsession pour la musique composent une narration accrocheuse. Le ton est souvent sombre, parfois mélancolique, mais jamais apathique : l’énergie des scènes de club, la communion collective dans la musique, le contraste entre l’euphorie et la solitude sont bien construits. Visuellement, c’est très détaillé et immersif, avec de belles idées de mise en scène, des teintes souvent chaudes (ocre, brun, bleu-gris), des contrastes profonds ou encore des jeux d’ombres mettant en lumière la gestuelle des musiciens et l’atmosphère enfumée des clubs. Les décors ne sont pas en reste, avec des lieux très bien retranscrits. La narration visuelle suit le tempo : cases dynamiques pour la musique, planches plus contemplatives… Les transitions sont très cinématographiques, avec des travellings, des gros plans, des fondus, qui renforcent davantage l’immersion. On s’y croirait !
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