Avis BD Glénat : Délivrance, de Kim Gérard (récit complet)

Né en 1986 à Paris, Kim Gérard nous livre avec « Délivrance » son premier roman graphique au sein des éditions Glénat. Un ouvrage qui sera disponible le 13 mars 2024, et que nous avons eu la chance de recevoir avec un peu d’avance afin de vous en parler. « Délivrance » nous embarque dans un monde post-apocalyptique, dans lequel 2 frères traversent des paysages désolés pour mettre fin à leurs tourments. L’espoir est-il encore permis dans un monde où l’humain est condamné à errer jusqu’à sombrer dans la folie ? C’est ce que nous allons voir.

Synopsis : Dans un monde post-apocalyptique où tout n’est que désespoir et désolation, deux frères ont entrepris de traverser les terres meurtries pour mettre fin à leurs tourments. Car dans ce monde où la souffrance est omniprésente, les hommes, bien que condamnés ne peuvent mourir. Ils errent jusqu’à sombrer dans la folie et perdre leur humanité. Ceux-là deviennent des « oubliés », des créatures terrifiantes… Ikar et Graham n’ont pas encore atteint ce stade critique. Ils savent qu’au-delà du désert, il existe une oasis où l’herbe pousse encore et que là-bas la mort est douce et accessible. Quand ils s’approchent enfin de cette oasis, ils découvrent stupéfaits, qu’elle prend la forme d’un enfant providentiel !

L’univers de « Délivrance » est sombre, très sombre même. La violence est présente à chaque instant, et le lore se dévoile à nous petit à petit tout en conservant de nombreux mystères. On apprend qu’une extinction a frappé l’humanité, et que les hommes sont désormais condamnés à errer dans ce monde désolé sans pouvoir mourir. La souffrance est permanente, la folie les guette, le passé les hante, mais leurs souvenirs s’estompent petit à petit. Ne pas pouvoir mourir semble être un supplice, et chaque blessure cicatrise quasi instantanément, ce qui n’empêche pas la douleur d’être bien présente. Certains succombent à cette folie et se laissent partir, mais deviennent des « oubliés », des sortes de créatures assoiffées de sang. « Délivrance » nous rappelle à certains moment The Last of Us ou encore Death Stranding, le titre de Kojima nous parlant lui aussi de monde désolé, de vie et de mort. Nos 2 protagonistes principaux, Ikar et Graham, partent en quête d’une oasis où ils pourraient mourir en paix et ne pas se transformer en monstre. Cette oasis existe-t-elle vraiment ? Pour y arriver, ils vont traverser de nombreuses épreuves, se battre, souffrir encore et encore, pour enfin rencontrer une jeune fille qui pourrait tout changer.

On ne vous en dira pas plus pour ne rien vous spoiler (attention, le synopsis officiel, sur le site de l’éditeur, en dévoile beaucoup). L’espoir est-il encore permis dans ce genre de monde de souffrance ? C’est ce qu’on souhaite à Ikar et Graham, au bord de la rupture mentale, surtout lorsque certains souvenirs douloureux refont surface. On se méfie néanmoins de leurs réactions, les travers de l’homme faisant leur retour. On découvre les différents environnements en leur compagnie (ils sont accompagnés de la femme d’Ikar), et le danger rôde partout. Une certaine tension est présente tout au long de la lecture, nos « héros » vivent clairement l’enfer, avec une violence de chaque instant. C’est sanglant, viscéral, et on se demande si leur quête a véritablement un sens. La cupidité de l’homme est pointée du doigt, lui qui en veut toujours plus jusqu’à le mener à sa perte. Pourtant, quelques notes d’espoir sont présentes, grâce à cette mystérieuse enfant, et sa présence apporte également de belles idées visuelles. C’est globalement superbe, qu’on parle des décors ou du côté expressif des différents personnages. On entre rapidement dans l’univers proposé par Kim Gérard, et il est bien difficile d’en sortir, si bien que les plus de 300 pages de l’ouvrage défilent à une vitesse folle. C’est totalement le genre d’ambiance qui nous plait, même si nous avons conscience que l’ensemble peut s’avérer un peu dur à regarder, abordant des thèmes comme le deuil et la perte d’un être cher.

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