Avis BD Glénat : Dusha – Tome 1
Disponible depuis le 12 avril 2023, le premier tome de « Dusha » est dessiné et scénarisé par Francisco Ruizge, et nous emmène en 1937 dans l’entre-deux-guerres, à la découverte d’un programme soviétique secret mis en place par le scientifique Aleksey Louzhin. Un premier tome intitulé « La fille de l’hiver », que nous avons eu la chance de recevoir de la part des éditions Glénat, qui nous promettaient un mélange d’histoire et de science-fiction dans l’ambiance glaciale de la Russie des années 30. Pari tenu ? C’est ce que nous allons voir.
Synopsis : Dans l’URSS de 1937, en plein milieu des purges staliniennes, le neuropsychologue et scientifique Aleksey Louzhin est libéré du goulag où il avait été condamné pour des actes anti-révolutionnaires. On lui ordonne de reprendre ses expériences scientifiques au sein du Projet YM afin de pouvoir utiliser les capacités psychiques prodigieuses de ceux qu’on appelle les Dusha. Après neuf ans dans le goulag, l’esprit de Louzhin s’est altéré, il est devenu un homme torturé et obsédé par Martina Baltakis, son sujet le plus doué, qui possède un don aussi rare qu’inquiétant… Louzhin commence à recruter d’anciens survivants du Projet YM, et bien qu’il obéisse aux ordres du Parti, c’est surtout dans le but de mettre à profit les moyens qu’on lui offre pour retrouver Martina. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
« Dusha » est un ouvrage qui se veut très cinématographique, dans sa mise en scène mais également dans sa narration, faite de flashbacks et de flashforwards. Les références au cinéma y sont d’ailleurs nombreuses, à commencer par la couverture de l’ouvrage, qui rappelle immédiatement The Thing de John Carpenter. Un film horrifique bourré de suspense dans lequel la « chose » nous utilise comme hôte pour se développer. On ne sait jamais qui est infecté, jusqu’à ce que le monstre se dévoile. Dans le cas présent, ce sont des pouvoirs qui sommeillent dans les enfants recrutés par le scientifique Aleksey Louzhin. Ce dernier effectue des expériences sur des personnes aux capacités spéciales : des agents parapsychiques, qui possèdent différents dons plus ou moins puissants, et plus ou moins dangereux. C’est justement pour ça que le projet va être démantelé, et qu’Aleksey Louzhin va se retrouver au goulag. C’est dans un bain de sang que le projet YM est clos, mais pas définitivement. En effet, la guerre menace le pays, et Aleksey va être extirpé de son goulag pour reformer le projet, sous forme de brigade.
Le projet YM, qui avait été créé à des fins pacifiques (« pour trouver la clé qui ferait évoluer tous les humains ») est dorénavant une arme. Aleksey va donc partir à la recherche de ses anciens « élèves » (certains étant clairement dans la misère), à commencer par Martina Baltakis, la plus puissante d’entre eux, qu’il n’a jamais pu oublier, intrigué par ses pouvoirs. Aleksey Louzhin serait-il le Charles Xavier de notre récit ? C’est l’idée, même si son projet d’origine, bien que jugé pacifique, cache des expériences parfois éprouvantes pour les jeunes qui y participent. Parfois forcés à être poussés dans leurs retranchements, certains souffrent beaucoup et on comprend rapidement que le scientifique est obsédé par la recherche de réponses quitte à mettre de côté les dommages collatéraux. Mais ce qui attend les futurs participants au nouveau projet est bien pire, car c’est le Parti qui tire les ficelles. L’histoire est quoi qu’il en soit intrigante, tout comme les pouvoirs de certains enfants. La jeune Martina Baltakis semble cacher un potentiel incroyable, qui fait froid dans le dos. Ce n’est pas pour rien qu’Aleksey n’arrive pas à se la sortir de la tête.
Nous avons beaucoup apprécié ce premier tome, à l’ambiance souvent sombre, mais nous devons avouer avoir été un peu perdus par la narration (surtout dans le premier tiers de l’ouvrage). Les séquences avec le boxeur professionnel sont intéressantes, et on comprend rapidement quelle place il occupe dans l’histoire, mais elles cassent un peu le rythme de l’intrigue principale. Ceci dit, cela renforce le côté historique de l’ensemble, vraiment bien traité. Quant au côté science-fiction, il est bien présent mais se fait pour le moment discret, jusqu’à un final prometteur qui donne envie de découvrir le prochain tome (qui conclura le récit). Les personnages sont pour le moment intéressants, Martina Baltakis est mystérieuse, et Aleksey garde un côté inquiétant. Jusqu’où ira-t-il pour mener à bien ses expériences ? Certains de ses anciens élèves pourraient bien se retourner contre lui… L’atmosphère est pesante et l’ambiance est glaciale, notamment grâce aux dessins de l’auteur. L’immersion est totalement au rendez-vous, notamment grâce au réalisme des visages. Maintenant que les bases sont posées, le prochain tome va pouvoir monter en puissance !
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