Avis BD Glénat : Meschugge – Le Labyrinthe du fou (récit complet)
Après « Alva dans la nuit » et « Une nuit avec toi« , on continue notre tour d’horizon des nouveautés de l’éditeur Glénat, qui nous propose un mois de septembre décidemment très riche. « Meschugge – Le Labyrinthe du fou », notre ouvrage du jour, nous embarque au Danemark au début des années 1900 dans un polar sombre scandinave à la recherche d’un tueur de prostituées. C’est signé Benni Bødker (au scénario) et Christian Højgaard (au dessin), et il est temps de voir si l’ambiance est au rendez-vous. C’est parti !
Synopsis : Copenhague, Danemark, 1905. Suite à une série de meurtres de prostituées dans le ghetto, une jeune dactylo d’origine juive est recrutée par la police pour les aider dans leur enquête. Ses recherches la mènent sur la piste d’un meurtrier sanguinaire dont les actes sont ancrés et qui marque ses victimes de symboles cabalistiques. Sa traque se transforme peu à peu en quête personnelle, où elle aura à affronter ses propres racines et ses peurs les plus profondes. Le chasseur devient alors proie. Le monstre doit à nouveau frapper… Dans la lignée de Jack l’Éventreur ou de L’Aliéniste, ce polar scandinave saisissant nous plonge au cœur d’un ghetto où la misère côtoie le crime pour mieux brouiller les pistes d’un prédateur dont les visions de cauchemar sont annonciatrices des terribles événements à venir. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Si « Meschugge – Le Labyrinthe du fou » rappelle à de nombreuses reprises l’histoire de Jack L’éventreur et notamment le film From Hell, c’est tout à fait normal, le récit de Benni Bødker n’hésitant pas à en reprendre certains éléments. Le personnage principal de l’histoire est Nathansen, une femme forte et courageuse, jeune dactylo d’origine juive, à la fois étouffée par sa famille et son patron. C’est pourtant elle qui va mener l’enquête, et traquer un tueur de prostituées qui sévit dans le ghetto, un lieu sale et sombre où les crapules tirent les ficelles et exploitent les femmes. Nathansen va devoir rassembler les preuves, allant même jusqu’à rencontrer une survivante du tueur, ce dernier étant surnommé « le monstre ». On découvre à travers ses yeux la misère du ghetto, entre les prostituées, les maladies, les enfants qui dorment dans les rues et les hommes violents. L’ambiance est particulièrement sombre, des différents bars aux ruelles peu éclairées en passant par la morgue, et Nathansen ne passe pas inaperçue. Entre lutte des classes et des religions, l’ouvrage aborde des thèmes forts mais n’en oublie pas son enquête et ses rebondissements ! Le tueur laisse en effet des marques sur ses victimes, et le tout semble ancré dans de vieilles superstitions. Certains personnages jouent un double jeu, et Nathansen va mettre les pieds dans un système qui la dépasse. Ceux qui tirent les ficelles ne sont peut-être pas ceux que l’on croit.
« Meschugge – Le Labyrinthe du fou » ne cache pas son inspiration pour Jack L’éventreur, et l’ambiance est particulièrement travaillée. Le ghetto fait froid dans le dos, et on a peur pour notre héroïne qui s’y enfonce de plus en plus profondément. On retrouve tous les codes de ce genre d’enquête, de la victime survivante aux témoins qui ne veulent pas parler, le tout étant saupoudré de dialogues vraiment percutants, notamment en lien avec la religion. L’écriture est de qualité, tout comme le développement des différents personnages, certains sortant du lot. Visuellement, c’est vraiment très beau et tout en noir et blanc, avec des visages expressifs et une mise en scène soignée. L’ensemble n’opte pas pour un réalisme extrême, mais cela n’empêche pas le coup de crayon d’être baigné d’une certaine noirceur. Certaines grandes illustrations, du ghetto ou encore de notre héroïne, sont très soignées et particulièrement immersives. Il est bien difficile de décrocher une fois la lecture entamée, et on se laisse embarquer jusqu’à un final qui nous a laissés un peu perplexes. Nous vous laissons le découvrir, tout en précisant, mais vous l’avez sans doute déjà compris, que nous vous conseillons chaudement l’ouvrage si vous aimez ce genre de polar !
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