Avis BD Glénat : Petite Grande (récit complet)
C’est avec un peu de retard que nous vous proposons cet article sur « Petite Grande », bande-dessinée disponible depuis le 28 août dernier aux éditions Glénat. Et pourtant, c’est une lecture que nous avons adorée, malgré les thèmes forts et graves abordés. L’ouvrage est signé Lauriane Chapeau (au scénario) et Violette Benilan (à la couleur et au dessin), et il est temps de vous proposer notre avis. C’est parti !
Synopsis : À l’heure où l’on apprend à lire, Lauriane et ses camarades de CP ont appris à se taire. Jusqu’à ce que la vérité éclate et que sa petite sœur et ses camarades accusent leur maître d’école. Celui-ci est reconnu coupable de violences sexuelles et condamné par la justice. Des années après les faits, Lauriane ouvre la boîte noire de sa mémoire et retourne dans la cour d’école. Elle entrevoit l’hypocrisie de certains adultes et revient sur le chaos de son adolescence, lorsque tout remonte à la surface. Pour chasser les fantômes, elle nous entraîne sur le chemin d’une reconstruction possible. Sous nos yeux, la jeune adulte cherche à s’émanciper de l’enfant en mettant en scène un dialogue bienveillant entre la petite fille qu’elle était et la femme indépendante qu’elle est devenue.
Comme annoncé dans notre introduction, « Petite Grande » aborde des thèmes forts et marquants, liés aux traumatismes de l’enfance et, dans notre cas présent, à une agression sexuelle subie par Lauriane, protagoniste principale du récit, lorsqu’elle était au CP. Ne plus se taire, parler, dénoncer : des choses difficiles, surtout quand on est enfant. Dans « Petite Grande », on assiste à l’évolution de Lauriane, sa reconstruction, et sa volonté de laisser derrière le « brouhaha de l’enfance » en assimilant son traumatisme. Mettre de côté ces moments douloureux n’est pas chose facile et on ne peut pas oublier le passé. Au mieux, on tente de le digérer, de s’en émanciper, en racontant son histoire. Lauriane nous parle de ses traumatismes, de son combat, et de ce que tout cela a entraîné, comme son rapport à l’autorité et son impossibilité d’obéir sans réfléchir. « Je ne peux m’empêcher de lever la main et interroger cette autorité ». Comment faire confiance à autrui, et particulièrement aux adultes, après avoir vécu ce genre de chose ?
De cette enfance douloureuse au procès qui y a découlé, de son adolescence et sa relation avec les garçons à sa vie professionnelle et sa volonté de trouver l’amour et de fonder une famille, on découvre, dans une mise en scène travaillée et immersive, le parcours de Lauriane (on notera que Lauriane est devenue elle-même professeure). C’est vraiment passionnant, et parfaitement bien écrit et raconté : une fois lancé dans l’ouvrage, il est bien difficile de s’arrêter de tourner les pages. Le tout est décrit et raconté avec de nombreux détails mais beaucoup de justesse, renforçant encore l’immersion. C’est très beau visuellement, en noir et blanc, et les nombreux textes ne sont jamais indigestes. Impossible d’être insensible face à ce que nous raconte Lauriane Chapeau, qui parvient à de nombreuses reprises à nous toucher, notamment grâce à de belles idées de mise en scène. Mention spéciale également à la couverture, très belle mais également très parlante.
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