Avis BD Glénat : Plus loin qu’ailleurs (histoire complète)
« Downlands« , « Possessions« , « Regards« , « Chère Maman » : en cette année 2025, l’éditeur Glénat nous régale avec de nombreuses sorties BD, de qualité mais surtout variées. Aujourd’hui, nous avons la chance de découvrir « Plus loin qu’ailleurs », ouvrage signé Christophe Chabouté disponible le 7 mai 2025. En lisant le synopsis, on s’attend à un voyage initiatique au bout du monde, mais c’est tout autre chose qui nous attend. Aussi surprenant qu’émouvant, « Plus loin qu’ailleurs » est une véritable pépite, « un voyage juste un peu plus loin qu’ailleurs », qui nous ouvre littéralement les yeux. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : L’Alaska, la dernière frontière… Cette contrée sauvage et hostile, le rêve de chaque aventurier voyageur… J’ai rêvé de partir au bout du monde, arpenter ses grands espaces. Mais j’ai été contraint de rester. Alors je suis parti en restant… J’ai attrapé des poissons trompettes, des canards striés et des lièvres à écharpes. J’ai pisté les traces et les empreintes de la faune locale. J’ai réussi à piéger un gibier inconnu.
J’ai dompté un ours malgré une désinsertion partielle de l’extrémité astragalienne du faisceau péronéo-astragalien antérieur. J’ai vu tout ce qu’ils ne regardent plus, écouté et voyagé avec la musique d’un joli mot. Observé une chaise, prêté l’oreille à la couleur du son. J’ai valsé avec le futile et l’insignifiant, reconsidéré le négligeable… J’ai exploré et consigné les us et coutumes de cette contrée qui m’était si inconnue : le coin de ma rue… L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
« C’est pas dans mes poches que je vais rapporter de l’or… Mais dans mes yeux »
Monsieur Bouillot travaille de nuit. Chaque jour, c’est la même routine : il se lève quand tout le monde se couche, se rend au travail, puis rentre et se couche quand tout le monde se lève. Il vit dans le même quartier depuis 28 ans, n’a jamais croisé ses voisins ni même dit bonjour à son facteur. Une vie de hibou, comme il le dit lui-même, qui le fait passer à côté de tout. Mais tout ça va changer, car il décide de partir pour un trek en Alaska. Seulement voilà, suite à la faillite de l’agence avec laquelle il comptait partir, il ne peut pas s’envoler. Pire, en quittant l’aéroport, il chute dans un escalator et se fait une entorse à la cheville. Contraint de rester chez lui, il rentre en taxi, mais demande à ce dernier de faire le tour de la place et de le déposer devant un hôtel. Il s’y installe, sort son carnet, et décide de voyager autrement. Son quartier devient alors sa nouvelle aventure, qui va nous réserver bien des surprises, et nous donner une belle leçon de vie. « Partir en restant » : tel est le concept proposé par Christophe Chabouté, qui nous offre un nouveau regard sur notre quotidien, et sur toutes ces choses qu’on ne voit plus…
« Plus loin qu’ailleurs » fait souvent sourire, et parvient à nous émouvoir jusqu’à nous tirer une dernière larme en toute fin d’ouvrage. On découvre le carnet de M. Bouillot à travers ses écrits, mais également à travers le regard de la gérante de l’hôtel, qui le lit lorsqu’elle fait le ménage dans sa chambre. On voit la vie à travers les yeux de notre héros, et on en remarque tous les détails. Et puis il y a des rencontres, avec un SDF notamment dont on apprend un morceau de vie. C’est poignant, souvent contemplatif (avec des pages entières sans texte pour nous immerger totalement dans son voyage), et visuellement superbe. L’auteur parvient à sublimer le banal, à nous faire apprécier les couleurs et des éléments en apparence banals du quotidien. Son trait en noir et blanc donne une profondeur émotionnelle à chaque scène. Les silences, les regards et les détails du quotidien deviennent des éléments narratifs à part entière qui révèlent la magie cachée dans l’ordinaire. « Plus loin qu’ailleurs » nous embarque avec lui dans un voyage surprenant, qui nous rappelle que la beauté n’est pas si loin, et qu’il ne faut surtout pas l’oublier. Une jolie leçon de vie.
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