Avis BD : Seul, l’affaire Romand (éditions Petit à Petit)
Il y a quelques mois de cela, nous avons eu la chance de découvrir deux ouvrages des éditions Petit à Petit, « Oradour-sur-Glane 10 juin 1944 » et « La Traque ». Des « Docu-BD », marque de fabrique de l’éditeur, très immersives et riches en informations. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à l’affaire Romand, avec un nouvel ouvrage disponible depuis le 18 juin 2025 et signé Olivier Petit et Valette (déjà au dessin sur « La Traque »). C’est parti pour notre avis !
Synopsis : Pendant dix-huit ans, Jean-Claude Romand a menti à tous. Se prétendant médecin à l’OMS, il a vécu dans le mensonge le plus total, dissimulant une vie bâtie sur le vide. Quand la vérité menace d’éclater, il choisit la fuite dans l’horreur : il tue sa femme, ses enfants, puis ses parents. Avec une force narrative poignante, cette bande dessinée retrace l’un des faits divers les plus sidérants de ces dernières décennies. Mais Seul va plus loin qu’un simple récit : il donne la parole aux psychiatres et experts qui ont analysé Jean-Claude Romand avant son procès. Leurs éclairages, insérés au fil des pages, accompagnent le lecteur au cœur d’un esprit dévasté, là où le mensonge devient mode de survie… puis mécanisme de destruction. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
« C’était quand même à travers le pays, à travers ses parents, une réussite. C’était un homme qui était respecté ».
À l’image de « La Traque », « Seul, l’affaire Romand » est un ouvrage qui glace à plusieurs reprises le sang. Quand on s’enfonce de plus en plus dans ses mensonges, tout risque de s’effondrer, et c’est ce qui est arrivé à Jean-Claude Romand, menteur et manipulateur depuis de nombreuses années. Prétendant être médecin à l’OMS, Jean-Claude Romand a petit à petit construit son histoire (il baigne dans le mensonge depuis sa plus tendre enfance), et a manipulé ses amis étudiants, sa femme et même ses parents. L’ouvrage revient sur son histoire, et les faits dramatiques qui en ont découlé. Sans tomber dans le « spectaculaire » (on ne voit pas les meurtres par exemple), la bande dessinée nous embarque dans cette descente aux enfers, avec un réalisme froid qui nous immerge à 100%. Comment cet homme a-t-il pu tenir autant d’années sans réellement travailler ? Où a-t-il trouvé l’argent nécessaire pour subvenir à sa famille ? Qu’est-ce qui a tout fait déraper ? Qui sont ses parents ? Ces questions trouvent une réponse lors de la lecture, et l’affaire Romand est bien plus qu’un fait divers, c’est une succession de rebondissements et de chocs, pour sa famille et pour nous également. Apprendre qu’il a passé un dernier bon moment avec ses enfants (un repas plus précisément) avant de les abattre froidement fait froid dans le dos.
Là où l’ouvrage fait fort également, c’est dans sa narration. Les événements sont nombreux, à différentes époques, et au-delà du simple récit, « Seul, l’affaire Romand » intègre les témoignages passionnants des psychiatres et des experts qui l’ont rencontré et « analysé ». Un point de vue différent, qui nous éclaire sur de nombreux éléments et nous fait littéralement entrer dans l’esprit du meurtrier. Les visuels de Valette, aux couleurs souvent froides, sont excellents, avec un réalisme immersif. Les décors sont détaillés, tout comme les visages, et la mise en page, alternant dessins et textes, est très réussie. On a l’impression, en découvrant l’ouvrage, de regarder un reportage, de voir les dessins s’animer et d’entendre les personnages s’exprimer. Après la lecture, nous avons d’ailleurs approfondi notre recherche en visionnant quelques documentaires. Et c’est là qu’on se rend compte que « Seul, l’affaire Romand » est parfaitement bien structuré et riche en informations : la marque de fabrique de son éditeur finalement.
Lageekroom