Avis Comics Glénat : Silent Dragon, un mélange des genres qui détonne
Des yakuzas, un néo-Tokyo techno-punk futuriste, des sabres, du sang et une bonne dose de trahison : on peut dire que le cocktail de Silent Dragon, sorti le 6 novembre 2019 aux éditions Glénat, est explosif et pour le moins original. Nous nous sommes plongés dans ce comics fraîchement reçu, et il est temps de vous donner notre avis.
Synopsis : Tokyo, 2063. La ville a évolué en une gigantesque mégalopole techno-punk. Renjiro est le conseiller et stratège du plus grand criminel japonais : le seigneur de guerre yakuza Hideaki. Sous sa direction, le clan du Dragon Noir a pris le contrôle des quartiers malfamés de Honshu en éliminant avec force et cruauté tous leurs opposants. Mais Hideaki a d’autres ambitions que de régner sur la pègre, il projette de renverser le gouvernement lui-même. Sa soif de pouvoir est telle qu’il imagine pouvoir défaire la junte ultra-nationaliste et surarmée qui protège le pouvoir en place. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. Pris entre deux feux, Renjiro va devenir le pion d’une guerre sans merci lorsque Hideaki lui demande de s’infiltrer chez l’ennemi. Entre son honneur de guerrier et la puissance du groupe d’élite militaire, il comprend que sa rédemption va dépendre de sa capacité à jouer double-jeu… Pourra-t-il mettre ses principes de côtés jusqu’au bout et faire émerger le statu quo ?
Il faut dire que la couverture de Silent Dragon donne envie, avec son mélange de folklore japonais et de science-fiction. N’ayez pas peur : le scénariste Andy Diggle et le dessinateur Leinil Yu sont très doués pour nous immerger dans des ambiances travaillées, et ce one-shot paru à l’origine en 2006 ne déroge pas à la règle. Il est toujours délicat de mélanger des univers bien différents, par leur culture, leur style ou leur époque, et nous raconter une histoire basée sur le folklore japonais dans un monde à la Cyberpunk reste forcément un pari risqué. Néanmoins, la sauce prend rapidement, et notre histoire démarre tambour battant. Après un prologue qui nous met directement dans le bain, le scénario nous renvoie un an en arrière pour nous raconter l’histoire de Renjiro, accusé de trahison malgré lui. Une fois sa tête séparée de son corps, on pensait que tout était fini pour lui… Jusqu’à ce qu’on lui laisse une seconde chance, mais sous certaines conditions, qui impliqueront notamment de faire couler le sang. On vous laisse découvrir tout ceci, mais sachez que l’histoire est très agréable à suivre et que certains rebondissements sont plutôt bien foutus.
L’action est au rendez-vous, mais les auteurs n’en oublient pas leurs personnages, qu’ils mettent constamment en valeur, avec des illustrations vraiment classes. Le côté futuriste fonctionne bien et s’inspire d’œuvres comme Blade Runner ou encore Deus Ex, tout en apportant sa propre touche (véhicules, armes, design des personnages) et ce côté japonais qui ajoute une certaine diversité. Néanmoins, on ne voit que peu la ville (hormis lors de quelques plans lointains) et l’action se déroule principalement en intérieur, la plupart des illustrations s’intéressant à nos personnages. Et de côté là, le lecteur est servi : notre héros et son ennemi sont charismatiques, et les personnages secondaires ne sont pas en reste, apportant parfois une légère pointe d’humour. Le tout reste violent et mature, et on ne s’ennuie pas une seconde.
On appréciera également le rythme global du récit. La lecture s’enchaîne assez rapidement et les séquences proposant davantage de dialogues sont loin d’être longuettes et posent les enjeux. Le tout est entrecoupé de séquences d’action assez jouissives ! L’évolution des personnages est maîtrisée, les surprises et trahisons sont au rendez-vous, et la fin s’avère percutante. Allez, histoire de pinailler, on notera que certaines expressions concernant les visages féminins sont un peu moins réussies, et que le tout s’avère un peu court. Oui, nous aurions aimé en avoir plus !
Silent Dragon, édité chez Glénat, est une excellente surprise. Ce one-shot ne manque de pas de rythme et d’action, et la prise de risque fonctionne bien. Le mélange science-fiction / folklore japonais avait de quoi surprendre : c’est le cas, mais dans le bon sens du terme. Si vous cherchez un comics qui bouge, qui propose des personnages charismatiques et une certaine originalité, Silent Dragon est pour vous !
Lageekroom