Avis : La Vieille Anglaise et le continent (récit complet)

Décidemment, les fonds marins font partie de notre quotidien ces dernières semaines. Après des jeux comme Under the Waves ou encore Dolphin Spirit – Mission Océan, on retourne dans les profondeurs avec cette fois-ci une bande-dessinée que nous attendions avec impatience ! Chapeauté par Valérie Mangin (au scénario, en précisant qu’il s’agit à la base d’un roman de Jeanne-A. Debats) et Stefano Martino (au dessin et à la colorisation), l’ouvrage « La Vieille Anglaise et le continent » est disponible chez Drakoo depuis le 30 août dernier, et nous avons eu la chance de le recevoir. C’est parti pour notre avis !

Synopsis : Des scientifiques ont mis au point la transmnèse : le transfert de l’esprit dans un nouveau corps. Lorsque Ann Kelvin, mourante, se voit proposer la possibilité de migrer dans un grand cachalot, elle n’hésite pas longtemps. Cette éco-activiste qui place ses idéaux au-delà de sa propre vie espère ainsi sauver des espèces maritimes menacées par la pêche et la chasse en inoculant un virus hautement transmissible aux cétacés. Épidémie bénigne pour les baleines, mais pandémie aux effets secondaires délétères pour l’espèce humaine qui continuerait d’en consommer.

« La Vieille Anglaise et le continent » est un ouvrage qui laisse un ressenti étrange. On a la sensation d’avoir vécu une expérience unique, à l’image de notre héroïne mourante qui accepte de transférer son esprit dans le corps d’un grand cachalot. La décision a été difficile à prendre, car ce qu’on appelle la transmnèse est loin d’être au point. Le système hospitalier utilise des clones, qui sont élevés (et souvent maltraités) avant de devenir l’hôte d’un esprit pour un résultat qui est toujours le même : le transfert ne dure que peu de temps, et le clone devient un légume. Un concept qui pose de nombreuses questions d’éthique, mais ce sera différent cette fois-ci pour Ann Kelvin, qui va se retrouver dans les fonds marins dans le corps du fameux cachalot. Une idée originale, parfois perturbante même, mais c’est également une seconde vie pour cette éco-activiste qui a pour but de sauver les espèces maritimes. Concrètement, elle inocule un virus aux cétacés en se frottant à eux, pour qu’ils rendent les humains qui les consomment très malades. Cela démarre avec des symptômes bien désagréables, mais peut également mener à la mort. La survie de ces espèces doit-elle forcément passer par ce genre de sacrifice ? Ann n’en est pas à ses premières actions, elle qui avait déjà participé à un acte terroriste, coulant un chalutier et tuant ses passagers.

Ann a donc un passif de militante radicale, et on se pose la question des limites à ne pas dépasser pour défendre ses idées. L’aspect écologique est bien amené, et la découverte par Ann des fonds marins très immersive. Elle se lie même d’amitié avec un cachalot avec lequel elle évolue dans les fausses océaniques, parvenant à communiquer avec lui. Puis le récit monte d’un cran avec un étrange bateau qui se débarrasse de cadavres en pleine mer. C’est intéressant, parfois même un peu glauque, mais les thèmes abordés sont sérieux, de l’écologie au féminisme en passant par l’impact de l’homme sur la nature. La narration est quant à elle assez dense, avec les scènes sous l’eau, d’autres sur la terre ferme avec les personnages participant au projet, ainsi que des flashbacks revenant sur Ann et sa décision difficile. Il faut être concentré pour bien tout saisir, et on se doute qu’adapter un roman en un one-shot d’environ 80 pages n’est pas chose aisée. Le scénario atypique parvient en tout cas à accrocher, et les dessins y sont également pour beaucoup avec des couleurs sublimes et des fonds marins assez fascinants, mettant en avant la beauté de la nature et ses créatures incroyables. « La Vieille Anglaise et le continent » est une lecture originale, parfois un peu complexe dans sa narration, mais ô combien intelligente lorsqu’elle développe ses principaux thèmes. On n’en ressort pas indifférent.

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