Avis : Les grandes batailles de chars – El Alamein et Les Ardennes
Dès le 8 février 2023, les éditions Glénat vont lancer une toute nouvelle collection « consacrée aux mastodontes de puissance que sont les chars d’assaut », à travers des bandes dessinées revenant sur des épisodes clés de la Seconde Guerre mondiale. Après des ouvrages consacrés aux grandes batailles navales (Leyte ou encore Falkland), l’éditeur nous propose de nouveaux récits mélangeant faits historiques et personnages écrits pour l’occasion, pour un résultat toujours aussi immersif. Nous avons eu la chance de recevoir les 2 premiers ouvrages de cette collection (les suivants reviendront sur les batailles de Koursk et de la Marne), et il est temps de vous donner notre avis. C’est parti !
Synopsis : 1er juillet 1942. La guerre du désert fait rage. Le 20 juin, les troupes italo-allemandes du maréchal Rommel ont bousculé la 8ème armée britannique à Tobrouk. Après une retraite peu glorieuse à travers la Libye et l’Égypte, les Anglais se retranchent derrière une ligne de défense hâtivement montée entre El Alamein au nord et le désert de Qattara au sud. Le général Auchinleck, commandant de la 8e armée, se sait en mauvaise posture. Rommel bénéficie d’une réputation d’adversaire coriace et audacieux auprès de ses propres troupes qui ont le moral au plus bas. Auchinleck s’attend à ce que «le renard du désert» profite de sa victoire pour tenter de percer ses positions. Mais après des mois de guerre sous un climat étouffant, ce sont deux armées épuisées qui se font face avant l’ultime affrontement… L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
« En même temps, si les troufions n’obéissaient pas, on ne pourrait plus faire la guerre »
Nous aimons beaucoup les bandes-dessinées historiques, surtout lorsqu’elles parviennent à mélanger récit fictif et événements historiques. Dans « El Alamein », signé Thierry Lamy (scénario), Alessio Cammardella (dessin), Maxflan (couleur) et Elia Bonetto (couverture), on se retrouve en Afrique du Nord, lors d’une lutte sanglante entre des Anglais en mauvaise posture confrontés à Rommel, le « renard du désert ». Les Panzers ont fait des dégâts, et l’armée anglaise est en déroute après la défaite de Tobrouk quelques jours plus tôt. Les divisions allemandes et italiennes ont repris l’offensive et tentent de percer le front, et les luttes internes au sein de l’armée britannique ne vont rien arranger. Si l’ouvrage propose de nombreux éléments historiques, avec notamment pas mal d’informations dans ses dernières pages, l’aspect humain sera largement mis en avant avec des personnages pour lesquels on ressent rapidement de la compassion. Le lieutenant Campbell et ses hommes souffrent de la chaleur du désert, des attaques ennemies, mais également des pressions de leur nouveau supérieur, le capitaine Fryer. Ce dernier, aveuglé par la vengeance, n’hésitera pas à sacrifier ses hommes pour arriver à ses fins.
Avec ses personnages bien écrits, certains étant clairement attachants tandis que d’autres énervent au plus haut point, et un rythme globalement maîtrisé, « Les grandes batailles de chars – El Alamein » parvient à nous faire ressentir la chaleur étouffante du désert et la dureté des combats. Campbell, un vétéran (au passé douloureux) à la tête d’un Crusader nommé « Little John », va devoir faire preuve de caractère pour protéger ses hommes face à la folie d’une hiérarchie impossible à ignorer, dont les ordres sont parfois à côté de la plaque. La bataille que l’on découvre est difficile et laisse des traces, et chaque personnage aura son rôle à jouer. Et il ne faut pas oublier « Little John », qui est quasiment un personnage à part entière, un lien fort et symbolique entre tous ces hommes. Si les scènes d’action sont bien mises en scène, ce sont clairement les relations humaines qui sont mises en avant, et qui reflètent bien souvent la bêtise de l’homme, le conduisant à ces guerres et batailles. L’immersion est donc au rendez-vous, grâce notamment à des visuels réussis, qui nous font transpirer tout autant que ces hommes en difficulté. Le suspense et quelques surprises sont au rendez-vous d’un récit vraiment efficace.
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Synopsis : Après le revers de 1944, avec le débarquement de Normandie et la libération de Paris, les forces armées allemandes adoptent une campagne particulièrement défensive. Dans ce contexte de regroupement de ses forces, Hitler s’entête contre l’avis de certains de ses conseillers dans un plan de contre-offensive pour s’emparer du port d’Anvers et rééditer ainsi la campagne victorieuse de 1940 : fin décembre, un groupe d’armées se projette dans le plus grand secret à travers les Ardennes et provoque panique et confusion chez les Alliés. Eisenhower mobilise alors le plus rapidement possible blindés et parachutistes. Perdu dans la forêt et le brouillard glacé, un chef de char allemand et l’équipage de son Panther vont devoir agir, malgré l’ennemi tout proche et les difficultés de communication et de ravitaillement. Le blindage et la supériorité du canon de l’engin feront-ils le poids face à l’omnipotence de l’adversaire et l’hostilité du terrain d’opération ? L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Après la chaleur écrasante du désert africain, la collection « Les grandes batailles de chars » nous emmène dans le froid glacé des Ardennes pour un récit quelque peu différent, scénarisé par Dobbs et dessiné par Fabrizio Fiorentino. L’ouvrage va en effet varier les points de vue, et rapidement passer du côté des allemands. Si l’aspect humain est une nouvelle fois abordé, il est moins mis en avant que dans « Les grandes batailles de chars – El Alamein », et on découvre davantage les stratégies militaires et les événements d’une bataille sanglante. Les soldats ont été envoyés au casse-pipe, et la bataille fait rage, aussi bien dans les villages qu’en forêt. L’ouvrage met donc en scène cet épisode macabre de la Seconde Guerre mondiale, qui nous fait découvrir la puissance des chars engagés. Ce n’est pas pour rien que le titre de la bande-dessinée est « Lâchez les fauves », et c’est le Panther Ausf.G qui sera à l’honneur, considéré comme l’un des meilleurs chars de la Seconde Guerre mondiale. On le découvre ainsi sous tous les angles, mais également en détail à la fin de l’ouvrage, avec des informations sur son canon, sa coque ou encore son moteur.
On suit donc les différents événements avec intérêt, en connaissant l’issue de l’affrontement. La survie reste au cœur des thèmes abordés, et il faut avouer que l’immersion est au rendez-vous. Visuellement, c’est excellent, avec des décors glacés détaillés, des visages expressifs, une mise en scène percutante et une grande fidélité au contexte historique, des armes aux véhicules en passant par les tenues des soldats et gradés. Même s’il s’avère moins touchant que le récit situé à El Alamein, « Les grandes batailles de chars – Les Ardennes » reste intéressant à découvrir, et nous immerge une fois de plus dans une guerre qui marquera à jamais notre histoire.
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