Avis Third Editions : L’œuvre de Fumito Ueda : une autre idée du jeu vidéo

La « trilogie Ico » a marqué ma vie de joueur, et Fumito Ueda fait partie de ces créateurs d’exception à mes yeux, au même titre que Kojima, Frederick Raynal ou encore Sid Meier. Et rien de tel qu’un ouvrage en provenance de l’éditeur Third Editions pour se replonger dans son univers si particulier que les joueurs ont découvert sur PlayStation 2. J’ai eu la chance de recevoir « L’œuvre de Fumito Ueda : une autre idée du jeu vidéo » de Damien Mecheri, et il est temps de vous en parler. C’est parti !


Avis Third Editions : L'œuvre de Fumito Ueda : une autre idée du jeu vidéoJ’ai découvert Ico un peu par hasard à sa sortie en 2002 (en France), sans doute attiré par cette édition magnifique proposant une illustration aussi intrigante qu’hypnotique. Une édition accompagnée d’une notice (les plus jeunes doivent presque ignorer ce que c’est) et de quelques illustrations cartonnées. « Un garçon frappé par la malédiction, perdu dans un lieu où règnent les ombres. Une jeune fille accablée par le chagrin et la solitude »pouvait-on lire au dos de la boite. La poésie et le mystère étaient déjà présents, même avant d’avoir lancé le jeu. L’époque était particulièrement riche pour la PlayStation 2, qui pouvait se vanter d’avoir dans sa ludothèque des titres comme GTA III, Devil May Cry ou encore Metal Gear Solid 2. Mais l’expérience Ico fut différente, et me laissa un souvenir impérissable. Avec ses graphismes envoutants, le mystère entourant Yorda et sa relation avec votre personnage, les ombres et sans oublier la bande-son du jeu, Ico est à mes yeux une œuvre unique, prenante, poétique et mélancolique, mais avant tout attachante.


Avis Third Editions : L'œuvre de Fumito Ueda : une autre idée du jeu vidéo


Avec Shadow of the Colossus, j’avais pris une deuxième baffe. Son univers vaste et laissant une certaine liberté au joueur m’avait subjugué à l’époque, sans parler des combats contre les colosses et l’émotion qu’ils procurent. Le jeu semblait parfois un peu vide, à une époque où les mondes ouverts commençaient à se remplir de quêtes secondaires ou autres activités annexes, mais cela ne m’avait pas choqué. Scénario, musique, relation entre Wander et sa jument Agro, level design, révélations : Fumito Ueda était une nouvelle fois parvenu à me toucher, à m’envouter, et à m’embarquer dans son univers si mystérieux qui ne se livrait jamais totalement au joueur. Et que dire du remake (testé ici sur le blog) et ses graphismes incroyables, réalisé par le studio Bluepoint Games qui va nous livrer un Demon’s Souls très prometteur sur PlayStation 5 en fin d’année ! Possédant une TV 3D, j’avais également eu l’occasion de rejouer au jeu sur PlayStation 3, en 3D donc, et de profiter de l’immensité des décors avec une profondeur quasi jamais vue dans un jeu vidéo. Concernant The Last Guardian, j’ai bien cru ne jamais pouvoir y jouer. Alors que Fumito Ueda souhaitait que son développement soit plus rapide que celui de ses œuvres précédentes, c’est l’inverse qui s’est produit. Annulé, puis repris, le développement du jeu a finalement abouti à ce que l’on connait aujourd’hui. The Last Guardian a une saveur toute particulière pour moi, et j’ai une nouvelle fois adhéré aux idées de Fumito Ueda malgré quelques défauts. L’attachement envers Trico a fonctionné, même si j’ai parfois maudit cet animal aussi attachant qu’agaçant et n’en faisant qu’à sa tête. Visuellement unique et proposant une bande-son une nouvelle fois géniale, le dernier né de la Team Ico est à mes yeux une des pépites de la PlayStation 4. Dommage que le succès n’ait pas été au rendez-vous.


Avis Third Editions : L'œuvre de Fumito Ueda : une autre idée du jeu vidéo


Ayant plus qu’adoré les jeux de Fumito Ueda, j’avais à cœur de découvrir l’ouvrage de Damien Mecheri disponible chez Third Editions depuis 2017. Sur plus de 200 pages, l’auteur revient sur cette « trilogie Ico » et sur son créateur, ses influences et bien entendu la création de son univers. On en apprend énormément sur ces jeux et leur gestation : j’ignorais par exemple qu’Ico était dans un premier temps prévu pour sortir sur la toute première PlayStation… J’ignorais également que Fumito Ueda avait travaillé sur l’excellent jeu D, que j’ai découvert sur Sega Saturn, tout comme sa « suite » Ennemy Zero. Le premier chapitre de l’ouvrage revient donc sur la création des jeux de Ueda, sur ses inspirations (Prince of Persia, Another World), sur le soutient de Sony et des différentes difficultés pour aller au bout de ses projets et idées. Le chapitre suivant s’avère encore plus intéressant et revient sur l’univers des jeux. Les jeux de Ueda ont de nombreux points communs, le créateur ayant une vision bien précise de son univers et dans sa manière de concevoir ses jeux et leur direction artistique. Sa narration lui est propre et les histoires qu’il raconte « se déploient par les gestes, les actes, les regards », loin des cinématiques qui fleurissaient dans les jeux à l’époque. C’est sans doute pour cela que j’ai autant accroché à ces jeux, grâce à la simplicité de leur mise en scène qui dégage paradoxalement beaucoup plus d’émotions qu’une cinématique qui en fait trop. L’immersion n’en est à mes yeux que meilleure. Ce chapitre revient également sur les personnages, les différents lieux, et les thématiques fortes abordées par le créateur et ses équipes, comme l’amitié, le sens du sacrifice, la séparation et bien entendu l’amour et la mort. La musique est également abordée dans le chapitre suivant, et chaque jeu se devait, selon Ueda, de posséder une identité musicale forte et sortant de l’ordinaire, lui qui avait été scotché par les compositions de Yamaoka dans Silent Hill. Ce chapitre revient sur les différentes pistes sonores, les instruments utilisés (le morceau Castle in the Mist est particulièrement touchant à mes yeux) et l’usage de ces différents morceaux suivant le contexte et ce qui se passe à l’écran. Shadow of the Colossus est également le parfait exemple d’une ambiance sonore réussie et captivante, le jeu parvenant à rompre le silence avec des pistes aussi héroïques que mélancoliques. Le chapitre IV intitulé « Décryptage » est un gros morceau de l’ouvrage, qui revient sur cette question abordée dès les premières pages : « qu’est-ce que l’art », et le jeu vidéo en est-il un ? Ce chapitre est passionnant, et il est bien entendu recommandé d’avoir terminé les jeux avant de l’attaquer. On terminera la lecture avec la partie sur l’héritage des œuvres de Ueda et son influence sur les autres créateurs.


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« L’œuvre de Fumito Ueda : une autre idée du jeu vidéo » (à découvrir sur le site de l’éditeur à cette adresse) revient sur les titres de ce créateur qui aura autant marqué que divisé les joueurs. Difficile de choisir entre Ico, Shadow of the Colossus ou The Last Guardian, ces 3 jeux étant importants à mes yeux. Plonger dans l’ouvrage de Damien Mecheri fait en tout cas du bien, et me rappelle ces moments intenses, magiques, mélancoliques et prenants passés dans ces jeux d’exception. Comme toujours chez l’éditeur, tout est abordé : création des jeux, influences, décryptage de l’univers et des thématiques… De quoi donner envie de se relancer dans l’aventure, voire même de la découvrir pour les nouveaux venus !


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