Avis Urban Comics : Dceased
Le 28 février dernier, c’est dans la collection DC Deluxe que nous avons pu découvrir un nouvel ouvrage. DCeased, c’est son nom, est un comics de 240 pages qui n’est pas passé inaperçu. En effet, il a forcément attiré l’œil de tous les fans de Detective Comics grâce à ses couvertures alternatives hyper léchées qui montraient des versions « morts-vivants » de personnages aussi iconiques que Batman, Superman, le Joker et Wonder Woman. Dans tous les cas, il ne faut pas s’y tromper, il s’agit bien du même ouvrage qui offre une petite incursion dans la vague des récits à connotation zombiesque…
DC + deceased = DCeased
Le synopsis est assez simple, Darkseid se livre à un combat contre la Ligue de Justice et alors que cette dernière pense l’emporter, elle découvre que le seigneur d’Apokolyps a réussi à déchaîner la puissance de l’équation d’anti-vie. Comme avec Internet à notre époque, tout va vite, très vite, les infections se multiplient de manière exponentielle et nos super héros ne sont pas épargnés. Derrière ce scénario horrifique, on retrouve la plume de Tom Taylor (sur une idée de Ben Abernathy), un scénariste qui a du métier et que l’on connaît entre autres chez DC pour son travail sur la série Injustice : Gods Among Us sur laquelle il a collaboré avec l’artiste Bruno Redondo. Pour la petite histoire, il faut savoir que Tom Taylor est un fan de Superman et cela se ressent fortement dans le récit. Je passe outre l’Interlude sur lequel je reviendrai plus tard, pour me concentrer sur l’histoire principale des six numéros de cette mini-série compilés ici et retranscrits sous la forme de six chapitres. L’équation d’anti-vie est mathématique, elle est impartiale et elle n’épargne pas grand monde. Cela laisse l’opportunité à Tom Taylor de jouer avec nos personnages préférés, super-vilains compris, pour les malmener, les tuer et plus si affinité.
Les dialogues sont plutôt bien écrits, ça a du sens, ça nous amène sur quelques fausses pistes pour savoir qui ou quoi débloquera la situation et ça résonne forcément comme une petite critique de la société actuelle, notamment par rapport à notre monde hyper-connecté dans lequel l’information circule très vite et « infecte » les gens sans aucune prise de recul. Ceci étant dit, cela fait forcément écho à l’actualité et je dois avouer que d’avoir lu cet ouvrage durant cette période si spéciale liée au coronavirus a quelque chose d’angoissant, quelque chose qui renforce l’aspect horrifique de l’histoire… Alors que celui-ci n’est finalement qu’assez anecdotique de base. Les situations s’enchaînent à une vitesse tellement folle qu’on a plus l’impression que c’était l’opportunité pour le scénariste de faire ce qu’il voulait des personnages iconiques et de les tuer en faisant preuve d’originalité. On retrouve bien l’aspect mort-vivant mais la rapidité des transitions évite justement toute instauration d’une certaine pesanteur, dans le bon sens du terme. Du coup, on se retrouve plus à « profiter du spectacle » qu’à réfléchir sur le sens d’une telle pandémie et sur l’impact des décès que l’on rencontre.
Je trouve cela dommage parce qu’il y a des bulles franchement intéressantes mais l’aspect dramatique de plusieurs situations est désamorcé par une blague, un peu à la Marvel si je peux dire. Quand cela fait partie du caractère du personnage, c’est normal, quand c’est un personnage d’ordinaire plus grave qui fait le pitre, c’est plus dérangeant pour l’ambiance. Côté dessins, cette fois-ci ce n’est pas Bruno Redondo qui est au pinceau. Pour le coup, Tom Taylor a travaillé avec Trevor Hairsine (Cla$$War ou encore Killapalooza) dont le travail est majoritairement agréable. Les planches ont un certain dynamisme, la violence ne manque pas et le rendu mort-vivant lorsqu’un personnage est touché par l’équation d’anti-vie est agréable à l’œil. Si certaines vignettes sont un peu brouillonnes, il faut reconnaître que d’autres sortent du lot, notamment au niveau des expressions faciales. Malheureusement, à mes yeux, son travail a été quelque peu gâché par l’encrage de Stefano Gaudiano, connu entre autres pour son travail sur la série Walking Dead. En effet, ce dernier en a rajouté en voulant faire des effets visuels qui donnent souvent un aspect brouillon aux dessins. C’est dommage parce que la simplicité, ça a parfois du bon. C’est là où j’en viens au fameux Interlude, toujours écrit par Tom Taylor, mais dessiné par Laura Braga et Darick Robertson, ce dernier aillant également œuvré à l’encrage aux côtés de Richard Friend et Trevor Scott. En plein milieu du bouquin, on découvre un style bien plus tranché, bien plus propre et qui capte directement le regard. Les traits gagnent en finesse et en précision et l’encrage sublime la plupart des vignettes. Il suffit de voir les trois premières doubles pages avec John Constatine pour s’en convaincre.
Dans tous les cas, ce qui retient le plus l’attention dans cet ouvrage, c’est assurément le travail exceptionnel réalisé sur les couvertures alternatives. Même si j’ai apprécié les illustrations des chapitres de Ben Oliver, ce sont clairement toutes les couvertures à la fin du comics qui sont les stars, avec un vrai coup de cœur pour les illustrations DCeased #2 de Leinil Yu et Tomeu Morey, DCeased #5 de Joshua Middleton et DCeased #6 de Mark Brooks. Au-delà de ça, c’est un véritable régal d’apprécier les couvertures alternatives inspirées d’affiches de film. Ces couvertures alternatives sont monstrueuses, dans le bon sens du terme, tant elles respectent le matériau d’origine et l’adaptent avec aisance à l’univers DC. Mais mes plus gros coups de cœur, au-delà des quatre couvertures choisies par Urban Comics pour la commercialisation de ce DCeased, ce sont les couvertures alternatives de Francesco Mattina. Elles sont ultra réalistes et ont de quoi couper le souffle tant elles retranscrivent toute la beauté de l’horreur. Celles d’Arthur Suydam, à la quasi toute fin de l’ouvrage, sont également appréciables, offrant une version horrifique de certaines histoires DC bien connues.
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Je suis plutôt content d’avoir lu cette mini-série DCeased qui se traduit par ce Tome 0 publié chez Urban Comics. L’aspect mort-vivant apporte une petite touche de fraîcheur à l’univers DC, et ce même si la concurrence s’y était mis bien avant avec les Marvel Zombies notamment. Tom Taylor a une jolie plume et il le prouve une nouvelle fois en offrant un scénario qui est plutôt intéressant, avec quelques répliques bien trouvées. Mais je lui préfère son travail sur la série Injustice. Avec DCeased, j’ai l’impression qu’il a voulu avant tout s’amuser avec les personnages et profiter de l’équation d’anti-vie pour leur offrir des versions « zombies » plutôt classes et des morts assez atroces. Le souci, c’est que certaines blagues désamorcent trop rapidement les situations dramatiques et que le rythme est trop rapide, laissant le lecteur coi devant l’avalanche des morts de personnages pourtant iconiques. Certaines auraient clairement mérité quelques vignettes de plus pour laisser s’instaurer une ambiance plus pesante et renforcer le côté horrifique, qui hasard des événements de la vie brille finalement par son écho au contexte actuel avec le coronavirus plus qu’à un élément du comics. De même, si le travail de Trevor Hairsine sur les dessins est appréciable, je regrette que l’encrage de Stefano Gaudiano ne soit pas à la hauteur, donnant souvent un effet brouillon aux vignettes. C’est d’autant plus frappant lorsqu’on lit l’Interlude dont le style graphique tranche clairement avec celui des six chapitres de l’histoire principale. Malgré ces déceptions, je ne peux qu’encourager les fans de DC à s’y intéresser puisque cela reste une histoire à découvrir en dehors de toute timeline connue. En plus, les couvertures et couvertures alternatives sont pour la plupart magnifiques, à tel point que l’on risque bien de parler de ce DCeased dans quelques années pour ses sublimes illustrations de couvertures… Sûrement plus que pour son histoire elle-même. Découvrez DCeased sur le site d’Urban Comics, juste ici !
Article rédigé par Vincent – Lageekroom