TEST : Andro Dunos II, un comeback inespéré sur Nintendo Switch
Disons-le d’entrée de jeu, votre serviteur n’a pas joué sur Neo-Geo à l’époque. Au début des années 90, alors qu’il était un tout petit garçon, il a profité de deux consoles, la Mega Drive de Sega et la SNES de Nintendo. De fait, il ne connaissait pas Andro Dunos, le shoot them up de Visco qu’il a découvert lors de l’annonce d’une suite par PixelHeart, qui a récupéré les licences du studio de développement. Amateur de shmup, il s’est intéressé au titre et plus particulièrement à Andro Dunos II pour lequel nous avons reçu un code numérique de la part de l’éditeur afin d’assurer une critique de la version Nintendo Switch. Reste à voir si cette suite assure l’héritage du premier volet et si elle offre un minimum de modernité pour justifier un prix de vente de 19,90€ en numérique…
C’est typiquement faire du neuf avec du vieux
Comme dans plusieurs shmup de l’époque (à quelques exceptions près, comme Gleylancer), Andro Dunos II ne s’embarrasse pas d’un scénario, même pas le minimum. Plus concrètement, l’histoire est à découvrir directement sur le Nintendo eShop ou encore sur le site de PixelHeart. Ce n’est que comme ça que l’on peut comprendre que l’aventure de cette suite se déroule 28 ans après les événements du premier volet. Ne vous attendez pas à grand-chose de plus puisque concrètement il y a une nouvelle menace extraterrestre qui refait surface et c’est l’occasion pour la joueuse/le joueur de réintégrer le vaisseau Yellow Cherry, qui a pu être sauvé grâce aux pièces du Red Fox, ce dernier ayant été gravement endommagé lors de la dernière guerre. Vous l’aurez compris, ce n’est qu’un prétexte pour tirer sur tout ce qui bouge et les équipes de Picorinne Soft n’ont pas daigné intégrer ne serait-ce qu’une petite introduction rapide pour placer le contexte.
Concrètement, les développeurs ont voulu rendre hommage au genre de l’époque et au premier opus en faisant le choix de ne faire aucun effort de modernité au niveau de l’enrobage visuel. Pas d’option pour jouer en plein écran, c’est un format 4/3 avec les bandes sur le côté qui est imposé. Visuellement, le titre s’inscrit très bien dans la lignée d’Andro Dunos premier du nom, à tel point que cet AD2 aurait très bien pu passer pour un simple remaster. Il n’y a pas d’effet 3D, pas de jeux de lumière, tout est en pixel art, comme à l’époque. Heureusement, c’est plutôt propre et le titre tourne bien, même en version nomade. Hélas, la direction artistique manque un peu de charme pour vraiment convaincre, notamment au niveau des décors, assez ternes et manquant parfois de contraste entre le fond et le premier plan. Les ennemis sortent un peu plus du lot et les boss sont quant à eux franchement réussis. Enfin, les environnements sont assez classiques mais on retrouve un niveau aquatique plutôt bien fait, d’autant que c’est celui qui donne le côté organique qui manque un peu à l’ensemble, du moins si on ne compte pas le deuxième niveau spécial à débloquer issu de l’opus original.
En revanche, pour la bande-son, le studio de développement a fait appel à Allister Brimble, qui a réussi à offrir des compositions de très bonne facture, apportant finalement la modernité que l’on ne retrouve pas dans les visuels. Les thèmes accompagnent parfaitement l’action, ils se renouvellent d’un niveau à l’autre et les sons ont également été soignés. Un très bon point ! Avant d’attaquer le gros point fort du jeu, à savoir le gameplay, notons tout de même qu’Andro Dunos 2 est un shmup à défilement horizontal qui ne se joue qu’en solo. De base, personne ne tilterait dessus. Mais lorsqu’on sait que l’opus original était jouable à deux, on regrette qu’un tel mode n’ait pas été mis en place dans cette suite, même si c’est justifié ici de manière induite par la destruction du vaisseau Red Fox. C’est dommage et encore plus quand on voit que le système de ranking ne fonctionne qu’en local. A notre époque, il n’aurait pas été difficile d’intégrer un ranking online pour comparer ses prouesses à d’autres joueurs, ce qui aurait clairement ajouté un peu d’intérêt à la rejouabilité. Certes, dans les années 90, on faisait en sorte de se surpasser soi-même…
Dans Andro Dunos premier du nom, on utilisait une touche qu’on martelait pour tirer et qu’on laissait enfoncer pour déclencher le tir spécial. Une deuxième touche permettait quant à elle de modifier l’équipement du vaisseau. Dans Andro Dunos II, le principe a été modernisé. Ainsi, dans cette suite, il suffit de laisser le bouton de tir enfoncé pour nourrir un feu ininterrompu, tandis qu’un deuxième bouton permet de déclencher le tir spécial lorsqu’il est disponible. A noter qu’il se recharge assez vite (via une jauge matérialisée sous le vaisseau) mais que la puissance de feu de ce dernier est réduite pendant le temps de recharge. Il est donc nécessaire de faire attention à l’utiliser au moment opportun. Un peu comme à l’époque, il est également possible de switcher à la volée entre les quatre différents modes de tir du vaisseau, via les gâchettes hautes, ce qui est intuitif et permet d’aller à la configuration suivante ou de revenir à la précédente très rapidement.
Sans trop entrer dans les détails, il y a un mode concentrant les tirs vers l’avant de manière rectiligne, un mode pour tirer vers l’avant en couvrant une plus grande surface, un mode avec des lasers qui partent également vers le haut et le bas et un mode qui offre une meilleure puissance de feu à l’arrière du vaisseau, tout en nourrissant un tir minimal vers l’avant. Bien entendu, le joueur a bien un sentiment progressif de puissance puisqu’en ramassant des bonus S, il améliore son arme active jusqu’au niveau 7 (en switchant, on peut améliorer tout l’équipement en parallèle). Avec les bonus M et U, il améliore son équipement offensif secondaire (missiles) et son équipement défensif, jusqu’à l’obtention de deux boucliers dont le placement dépend du mode de tir. Il y a donc une approche un peu tactique pour couvrir chaque situation et ainsi améliorer son scoring. Il y a également des orbes bleus à collecter pour faire grossir son score et obtenir quelques points d’amélioration supplémentaires que l’on peut ensuite attribuer manuellement à son vaisseau à la fin d’un stage.
Bien entendu, le vaisseau reste un élément fragile qui est détruit au moindre contact, ce qui entraîne également une perte de puissance pour l’arme utilisée. En somme, si vous mourez plusieurs fois au même endroit, vous le regretterez. Loin d’être difficile, Andro Dunos II reste un minimum exigeant, demandant une bonne attention et un peu de dextérité. Heureusement, les commandes répondent au doigt et à l’œil, ce qui est très agréable. Néanmoins, l’écran est parfois vite chargé et certains niveaux avec un déplacement oblique et/ou une vitesse un peu plus accrue, sans parler de certains pièges mécaniques, peuvent favoriser une erreur d’inattention. Parfois, on se demande même ce qui nous a fait exploser. De fait, dans un souci d’ouverture aux néophytes, tout en essayant de répondre aux exigences des vétérans du genre, les développeurs ont élargi les options pour régler la difficulté.
Ainsi, on peut se lancer dans l’aventure en mode Journey (facile – ennemis moins agressifs), Arcade (normal) ou Android (difficile – qui modifie la forme de certaines attaques, ajoute plus d’éléments à l’écran mais ne modifie pas pour autant les patterns des ennemis) et paramétrer le nombre de crédits à disposition, de 1 à 9. Mieux, si vous échouez à un niveau, vous pouvez relancer une partie depuis le début ou simplement relancer à partir d’un niveau spécifique pour le refaire et, en sélectionnant le mode continu, poursuivre pour débloquer les suivants. Un run classique se compose de 7 stages et il faut ajouter un boss rush à débloquer et deux niveaux spéciaux qui sont tirés du premier volet de 1992. Selon votre habileté et le niveau de défi que vous souhaitez, vous pouvez terminer un run en 45 minutes environ ou passer plus de temps à force de recommencer pour finir le run dans un premier temps et améliorer votre score dans un second. A vous de voir donc en fonction de votre profil si l’investissement vaut le coup ou s’il vaut mieux attendre une petite promotion, surtout quand on voit les portages réussis de Gleylancer et Gynoug (pour ne citer que les plus récents) à moins de six euros ou encore la SHMUP Collection de Pixelheart, qui rassemble trois jeux, à moins d’une quinzaine d’euros.
Andro Dunos II ne va pas révolutionner le genre, bien au contraire même, le titre se présente comme une suite directe de l’opus Neo Geo, à tel point qu’on pourrait penser que ce nouveau volet aurait pu sortir quelques petites années à peine après l’original. Pourtant il y a bien trente ans qui séparent les deux. Nous sommes donc tiraillés entre le plaisir de voir le respect par rapport à l’œuvre originale et le parti-pris de rendre un titre sans une once de modernité (format 4/3 avec les bandes imposées, pas d’effets visuels modernes, pas de jeux de lumière, du pixel comme à l’époque). Fort heureusement, AD2 a d’autres atouts, à commencer par son gameplay qui est toujours aussi bon et surtout qui a eu le droit à une modernisation qui fait du bien. Avec en prime une belle ouverture au niveau des paramètres pour ajuster la difficulté, Andro Dunos II arrivera aussi bien à satisfaire les férus du genre qu’à représenter un point d’entrée pour les néophytes. A soi alors de voir, avec tout ce qui a été dit dans ce papier, s’il mérite un achat à 19,90€ ou s’il peut attendre une belle promotion, surtout qu’on en fait assez vite le tour et que l’absence de ranking en ligne et de mode deux joueurs nuit à la rejouabilité.
Les +
- Une suite inespérée
- Le respect de l’œuvre originale
- Un gameplay agréable qui a été modernisé
- Switcher à la volée entre les modes de tir
- Les boss
- La montée en puissance
- Les niveaux bonus à débloquer
- Difficulté à la carte
- La bande-son
- Du pixel art maîtrisé…
Les –
- Sans une once de modernité, pas même sur l’affichage
- Plutôt court
- Ranking uniquement en local
- Pas de mode deux joueurs (présent dans l’original)
- Des décors assez ternes
- Léger manque de lisibilité parfois
- Très classique dans l’ensemble
Test rédigé par Vincent – Lageekroom