Test & Avis : Eternal Evil – Quand l’hommage flirte avec le plagiat

La frontière entre hommage et plagiat est parfois mince… et elle l’est totalement avec notre jeu du jour. Eternal Evil vous fera en effet bien souvent penser à Resident Evil, avec son manoir, ses énigmes, et ses différentes clés à dénicher pour progresser. Mélangeant exploration, combats contre des monstruosités et casse-têtes à résoudre, le jeu prend la forme d’un FPS horrifique développé par une seule personne. Un projet ambitieux et passionné que nous avons eu l’occasion de tester sur Xbox Series X. C’est parti pour notre avis !


Un parfum (très fort) de déjà-vu

Eternal Evil est un jeu étrange, une sorte d’hommage non dissimulé aux survival horror cultes, en particulier ceux signés Capcom. Le tout est présenté à la première personne, à la manière des derniers Resident Evil modernes. Dès les premières minutes, le ton est donné : certains décors semblent copiés-collés du premier Resident Evil, quand d’autres rappellent Village,, avec une sensation de déjà-vu qui ne nous quitte jamais vraiment, ce qui est à la fois un charme… et une limite. L’ambiance, en revanche, est globalement réussie : couloirs sombres, rues désertes et inquiétantes à la Silent Hill, musique oppressante… tout est fait pour instaurer une tension constante. Le bestiaire n’est pas en reste, oscillant entre zombies et vampires, araignées mutantes ou encore scorpions géants. L’inventaire, lui aussi, évoque ouvertement les jeux de Capcom, entre gestion d’espace limitée et coffres de stockage. Bref, on est en terrain familier, peut-être un peu trop. Mais toutes ces inspirations ne finissent-elles pas par étouffer le jeu ? Eternal Evil cherche sa propre identité, mais semble souvent se perdre dans ses références.


eternal evil


Le jeu repose sur une structure très classique, voire rétro dans l’âme. On alterne exploration, fouille minutieuse des environnements, combats contre les ennemis, et résolution d’énigmes plus ou moins simples. Il faudra retrouver la bonne clé pour la bonne porte et se cogner la dose habituelle de cadenas à déverrouiller. Les environnements apportent toutefois une bonne variété : on démarre dans un hôtel sombre et inquiétant, avant de découvrir une forêt embrumée, une ville abandonnée, des cryptes, ou encore le commissariat de police, tiens tiens… Côté action, c’est correct. On trouve quelques armes à feu, et les affrontements sont nombreux. Cependant, le gameplay manque un peu de nervosité : les mouvements du personnage semblent parfois « flottants », la visée manque de précision, et l’impact des balles manque de punch. On ne ressent pas vraiment la violence des combats, et c’est dommage dans un jeu qui mise autant sur la tension.


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Côté mise en scène, pas de fioritures. Le scénario est en toile de fond et reste assez secondaire (ce qui n’est pas forcément un défaut, selon ce qu’on attend du jeu). Les cinématiques, elles, sont réalisées avec des images fixes, un style qui peut rappeler ce bon vieux Max Payne, mais avec un rendu plutôt cheap. Techniquement, Eternal Evil tourne bien : le jeu est fluide, avec un framerate stable à 60fps, et quelques jolis effets de lumière ou de réflexion. C’est propre et ça fait le taf. Mais en y regardant de plus près, on remarque vite que les textures sont assez moyennes, les modèles un peu rigides, et certains effets visuels font cache-misère. En clair : c’est beau de loin, mais loin d’être beau. Cela dit, il faut souligner une chose : le jeu a été entièrement développé par une seule personne. Et à ce titre, le résultat est tout à fait honorable. Il y a une vraie ambition, une vraie envie de proposer une expérience complète, et ça mérite d’être salué. Le sound design est également convenable, bien que certains bruitages soient un peu répétitifs. Mais l’ambiance sonore fait son travail, et participe efficacement à l’immersion.

Au fil de l’aventure, on découvre aussi divers documents à collecter, qui viennent étoffer le lore du jeu. La carte, quant à elle, est largement inspirée de Silent Hill, jusqu’à son esthétique même. Un (gros) clin d’œil assumé, une fois de plus. Enfin, un menu « extras » propose quelques modes de jeu supplémentaires, à débloquer avec l’argent récupéré en jeu. On y trouve un mode survie, un mode réaliste (plus difficile, avec moins de ressources), ainsi que quelques options bonus comme les balles illimitées. De quoi rallonger un peu la sauce après avoir terminé la campagne principale, qui offre une durée de vie honnête d’environ 7 heures.



Eternal Evil est un jeu fait avec beaucoup de cœur, mais aussi beaucoup de copie. Il pioche généreusement (parfois un peu trop) dans les classiques du genre, au point de frôler le plagiat par moments. Cela dit, pour peu qu’on soit indulgent sur la technique et qu’on soit en manque d’un bon jeu d’ambiance à la première personne, il peut valoir le détour. On regrettera juste qu’il ne tente pas davantage de sortir de l’ombre de ses illustres modèles. Mais en l’état, Eternal Evil reste un petit jeu honnête, imparfait mais attachant, et surtout un bel effort fait par un seul développeur. 


Les +

  • une ambiance horrifique réussie (couloirs sombres, rues désertes, sound design efficace)
  • un bel hommage aux classiques du survival horror
  • des environnements variés
  • fluide, stable, et plutôt propre pour un jeu développé en solo
  • quelques modes bonus et une durée de vie honnête
  • c’est parfois plutôt joli…

Les –

  • … mais ça reste techniquement limité (textures moyennes, effets parfois datés)
  • très (trop) inspiré de Resident Evil et Silent Hill – jusqu’au plagiat par moments
  • gameplay un peu rigide et feeling des armes décevant
  • un vrai manque d’identité

Test rédigé pour Lageekroom et Xbox-Gamer.net

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