TEST : L’Amerzone : Le Testament de l’Explorateur, que vaut le remake sur PS5 ?
Pour débuter notre article, nous voulons rendre hommage à Benoît Sokal, malheureusement décédé le 28 mai 2021 des suites d’une longue maladie. Ce grand visionnaire, scénariste ou encore dessinateur de bande dessinée, a marqué l’industrie du jeu vidéo avec des œuvres désormais cultes, comme la saga Syberia ou le titre qui nous intéresse aujourd’hui : L’Amerzone : Le Testament de l’Explorateur. Sorti à l’origine en 1999, le jeu fait son retour en ce mois d’avril 2025 sur PC, Xbox Series et PS5, avec un remake que nous attendions avec beaucoup d’impatience. Nous avons eu la chance, grâce à l’éditeur Microids (qu’on remercie chaleureusement), de recevoir le jeu il y a une vingtaine de jours afin de vous en proposer un test. Nous avons terminé l’aventure sur PS5, et il est temps de voir si ce remake est à la hauteur et rend hommage au travail de Monsieur Sokal. C’est parti !
Avant de découvrir si le remake de L’Amerzone est une réussite, revenons sur le jeu en lui-même. Lancé en 1999 sur PC et PlayStation, L’Amerzone est le premier jeu de Benoît Sokal. Il s’agit d’un point & click à l’ambiance et aux graphismes très réussis pour l’époque, et encore parfaitement jouable aujourd’hui. Le genre avait le vent en poupe, avec des titres comme Myst ou la saga Atlantis, mais L’Amerzone avait réussi à se démarquer grâce à son récit mystérieux, ses personnages, mais également ses énigmes, sans oublier la maturité des thèmes abordés. Tout ça est bien évidemment présent dans notre remake du jour, parfaitement fidèle au jeu d’origine avec quelques ajouts intéressants. Après une dizaine d’heures à parcourir le phare et des lieux de plus en plus exotiques, nous pouvons affirmer que ce remake de L’Amerzone conserve toutes les qualités du jeu de base, de ses énigmes à ses dialogues en passant par sa narration et ses excellentes idées (notamment en lien avec son univers, qui a inspiré de nombreux jeux par la suite), mais souffre également de quelques soucis techniques… Allez, on embarque à bord de notre Hydraflot et on vous dit tout !
C’est quoi un point & click ?
Dans L’Amerzone, le joueur incarne un jeune journaliste qui reçoit une étrange requête : exaucer la dernière volonté de l’explorateur Alexandre Valembois. Ce dernier vous confie son journal et vous demande de vous rendre dans un pays fictif d’Amérique du Sud, l’Amerzone, pour y restituer un œuf rare… celui des Oiseaux Blancs, une espèce légendaire en voie d’extinction à cause d’un ancien voyage de Valembois qui a mal tourné. L’Amerzone est un point & click : pour les plus jeunes d’entre vous, il s’agit d’un genre populaire dans les années 90/2000 qui demandait aux joueurs de se creuser la tête. Concrètement, on ne dirige pas son personnage comme dans un FPS classique, mais simplement un curseur, sorte de pointeur, qui désigne où on souhaite se rendre. Les mouvements sont prédéfinis (on peut d’ailleurs choisir des transitions immédiates entre les écrans), et on assiste aux déplacements automatiques de notre personnage (avec la possibilité, une fois la carte du lieu trouvée, de se téléporter dans les endroits importants).
Un jeu en avance sur son temps
Le curseur sert également à interagir avec différents objets et ainsi résoudre des énigmes vraiment bien fichues. Notez que le jeu propose deux modes de difficulté : « Aventure » pour les plus aguerris, avec une plus grande difficulté, et « Voyage », qui propose des aides pour ne pas rester bloqué trop longtemps et éviter toute frustration si on n’est pas à l’aise avec le genre. Une touche est d’ailleurs disponible afin de mettre en évidence toutes les interactions possibles. Parmi les nouveautés, notez que le jeu propose des sauvegardes automatiques avec checkpoints, des énigmes inédites voire remises au goût du jour pour permettre des interactions plus dynamiques (comme manipuler des objets en 3D), ainsi qu’un journal de bord très chouette visuellement, regroupant objectifs, indices, inventaire et enquêtes secondaires. Des ajouts bienvenus, qui s’intègrent parfaitement à l’expérience d’origine. Au-delà des énigmes et du scénario, c’est l’ambiance qui prime dans L’Amerzone. La direction artistique de Benoît Sokal, connu avant tout comme auteur de BD, est sublime, et son univers est onirique, poétique et profond, mêlant faune imaginaire, ruines d’un monde colonisé, et un regard critique sur l’homme et la nature. Le voyage est hypnotisant, marquant à plus d’un titre, et l’auteur était clairement en avance sur son temps.
Un vrai régal pour les yeux…
Visuellement, ce remake est absolument superbe (tout est désormais en 3D temps réel). Les décors fourmillent de détails, la direction artistique est très réussie, et de superbes effets visuels (notamment de lumière ou de particules) sont présents. L’univers atypique du jeu régale, avec de nombreuses idées visuelles, grâce notamment aux différentes transformations de l’Hydraflot (qui peut passer en mode avion, voilier, hélicoptère ou encore glisseur), nous embarquant à la fois sous l’eau et dans les airs. De quoi profiter de très beaux panoramas et d’une certaine diversité. Les personnages sont très réussis également, et l’ensemble est une nouvelle fois intégralement en français, textes et voix. L’ambiance sonore est excellente, parfois angoissante, et les musiques nous ont envoutés. On en prend plein les yeux et les oreilles durant notre voyage, mais vous allez voir que tout n’est malheureusement pas parfait.
… mais de gros soucis de frame rate
En effet, en plus de quelques textures vraiment vilaines, le jeu a (pour le moment, et en attendant un éventuel patch day-one) un gros problème de frame rate. Oubliez tout de suite le mode performance, injouable tant les saccades sautent aux yeux (un comble pour un mode censé être boosté en fluidité). Nous avons donc joué en mode qualité, ce dernier proposant un frame rate certes en 30 images par seconde (avec toutefois des chutes dans les environnements les plus chargés), mais plus stable. Quoiqu’il en soit, la fluidité est loin d’être parfaite, quelle que soit l’option choisie. Notez que nous avons joué au jeu dans sa version PS5, à voir si la PS5 Pro proposera une amélioration de ce côté-là. En l’état, c’est quand même assez dommageable de proposer un univers si riche et original, et de le gâcher avec un frame rate qui manque de stabilité.
L’Amerzone : Le Testament de l’Explorateur fait son retour après plus de 25 ans, dans un remake que nous attendions avec impatience. Véritable hommage au travail de Benoît Sokal, le jeu est fidèle à sa version de 1999 mais apporte son lot de nouveautés en lien avec les énigmes, l’accessibilité, l’interface et bien entendu les visuels. La direction artistique est toujours aussi réussie, et les graphismes sont magnifiques, avec de superbes effets de lumière et de particules. L’ambiance est là, aussi mystérieuse que poétique, et les thèmes abordés sont plus que jamais d’actualité. Malheureusement, tout n’est pas parfait techniquement, et si on pardonne la présence de textures en deçà, le frame rate pose problème. Le mode performance est quasi injouable à cause de ses saccades, et le mode qualité souffre lui aussi de chutes dans les zones chargées visuellement. Espérons qu’un patch vienne corriger ça, car le jeu en vaut clairement la chandelle !
Les +
- un bel hommage au travail de Benoît Sokal et à son écriture
- les thèmes abordés (culpabilité, écologie, obsession de l’exploration)
- la direction artistique
- le sound design et les musiques
- des ajouts bien intégrés (énigmes, interactions, journal de bord)
- un voyage mystérieux, contemplatif, poétique et touchant
- le point & click, un genre qu’on aime toujours autant
- visuellement magnifique…
Les –
- … même si certaines textures sont en deçà
- le mode qualité qui souffre de chutes de frame rate
- le mode performance encore moins fluide…
- un rythme forcément lent qui ne plaira pas à tout le monde
Lageekroom