TEST : Mundaun, un joli coup de crayon, mais des imperfections…
Lancer un jeu comme Mundaun fait forcément quelque chose quand on sait que son concepteur, Michel Ziegler, a façonné son jeu durant 6 longues années. Le développeur et illustrateur, quasi seul derrière le projet, a fondé son propre studio Hidden Fields, et c’est MWM Interactive qui s’occupe de l’édition. Avec son style graphique atypique et son histoire inspirée du folklore alpin, le jeu nous faisait forcément de l’œil. Il est désormais disponible sur PlayStation 4 et 5, Xbox Series X|S, Xbox One et PC via Steam et Epic Games Store, et il est temps de voir si l’immersion est au rendez-vous !
Tout d’abord, on ne peut qu’être impressionné par le travail réalisé par Michel Ziegler, à commencer par la direction artistique de son jeu. Mundaun est en effet entièrement dessiné à la main, ou plutôt crayonné, le style proposant des nuances de gris et de noir qui rendent vraiment bien, en intérieur comme en extérieur. Le jeu est une sorte de walking simulator, un genre que l’on apprécie et qui a donné des œuvres excellentes comme Firewatch ou encore What Remains of Edith Finch. Mais ici, le décor est quelque peu différent, et Michel Ziegler le dit lui-même : « les Alpes occupent une place particulière dans mon cœur et je voulais créer une expérience qui incarne les voyages d’été de mon enfance, tout en rendant hommage au folklore brillant mais sombre de la région ». Et c’est réussi, tant l’immersion est immédiate ! Le personnage que l’on incarne, Curdin, se rend donc à Mundaun, une vallée inquiétante des Alpes, pour en découvrir davantage sur la mort mystérieuse de son grand-père. La lettre du curé du coin, envoyée à Curdin, indique que le grand-père est mort dans l’incendie de sa grange. Mais cette histoire sent le roussi, et la tombe vide du grand-père ne sera que le premier événement étrange d’une longue série…
On vous laisse bien entendu découvrir la suite, mais sachez que nous avons trouvé l’histoire vraiment accrocheuse. La narration est bien fichue et la mise en scène propose quelques originalités (la scène du miroir dans la salle de bain…), le jeu alternant entre phases dans le réel et d’autres… plus dérangeantes. Est-ce un rêve, la réalité, ou une vision du passé ? Le jeu propose de découvrir 3 zones (assez grandes et à traverser en véhicule ou à pied) et de récupérer tout un tas d’objets (à stocker dans votre inventaire) à utiliser au moment voulu, sachant que quelques objectifs secondaires seront de la partie. La découverte est plutôt agréable, même si les environnements sont assez vides… Mais nous reparlerons de la technique un peu plus tard. Les dialogues proposent quelques choix pas bien décisifs sur le scénario, si ce n’est dans le final de notre histoire. Finalement, c’est la partie « combat » qui s’avère peut-être de trop dans Mundaun. En effet, votre personnage va devoir se défendre (on vous laisse découvrir contre qui, le bestiaire étant assez réduit), et seulement quelques items seront utilisables, comme un fusil ou encore une fourche. Il sera heureusement possible d’éviter la plupart des affrontements, pour se concentrer sur son enquête et résoudre les différentes énigmes et en apprendre davantage sur la ville. Les énigmes sont plutôt bien fichues, et la progression se fait de manière assez fluide entre les différentes zones. Il sera également possible de trouver de la nourriture ou de se faire du café, histoire d’augmenter la résistance du personnage tout en évitant de flinguer sa santé mentale. Il existe en effet un système de stress (moins contraignant que celui de Visage pour ne citer que lui), et votre personnage sera capable, grâce à ces améliorations, de ne pas finir ralenti voire tétanisé face à un ennemi et d’encaisser plus de coups.
Mundaun tente donc de ne pas lasser les joueurs et de proposer une certaine variété tout au long des 6h nécessaires à le terminer. Mais Michel Ziegler a peut-être voulu trop en faire et aurait sans doute dû se concentrer sur l’essentiel. Qui plus est, et malgré sa superbe direction artistique, le jeu souffre d’une technique très old school et de bugs ou encore plantages gênants. Que Mundaun ressemble à un jeu PlayStation 2 (textures parfois basiques, aliasing, clipping, modélisation des personnages très moyenne) n’est pas si grave, mais les couacs de frame rate sont déjà un peu plus gênants. Ces soucis ont été principalement remarqués sur PS4, et lorsque nous avons installé le jeu sur PS5, c’était déjà bien mieux. On notera que le sound design est vraiment très bon (le jeu parvient à instaurer une chouette ambiance et fait parfois peur), et que les dialogues sont en romanche, « une langue romane parlée par plus de 60 000 personnes en Suisse, essentiellement dans le canton des Grisons ». Niveau immersion, c’est vraiment excellent !
Le travail réalisé sur Mundaun est à féliciter, tant on sent la passion de Michel Ziegler et son envie de nous faire découvrir le folklore alpin. La direction artistique est superbe, l’immersion et l’ambiance sont au rendez-vous et la narration fait clairement le taf. Seulement voilà, il faut savoir rester objectif et ce joli tableau comporte quelques imperfections. Les combats sont malheureusement de trop et ne servent pas à grand chose, et l’ensemble reste digne d’une PS2 au niveau notamment de certaines modélisations, quand ce n’est pas la technique qui fait des siennes (surtout sur old-gen). On tire notre chapeau à Michel Ziegler pour son travail, mais un sentiment d’inachevé reste néanmoins en bouche. C’est dommage, car ce Mundaun, on aurait préféré l’aimer de tout notre cœur…
Les +
- superbe direction artistique, avec son effet crayonné
- narration et scénario intéressants
- l’ambiance sonore, excellente
- le folklore alpin qui immerge à fond
- plusieurs fins
- durée de vie correcte par rapport au prix de vente
Les –
- gameplay rigide
- des graphismes qui font très PS2
- des soucis techniques
- les combats
Lageekroom