TEST : Persona Q2 : New Cinema Labyrinth, une dernière pépite sur Nintendo 3DS ?
En 2014, la série des Persona a eu le droit à un spin-off mélangeant l’univers de la série au gameplay d’Etrian Odyssey. Il en est sorti Persona Q : Shadow of the Labyrinth, un dungeon-crawler très réussi. Atlus a donc voulu réitérer l’exploit avec Persona Q2 : New Cinema Labyrinth. Sur le papier, c’est une bonne nouvelle pour les joueurs de Nintendo 2DS/3DS (XL) – à vous d’opter pour la bonne combinaison selon votre modèle – qui arrive en fin de vie, les sorties se faisant (bien) plus rares au profit de la Nintendo Switch. La réalité est-elle aussi belle que la promesse ?
Un trou de mémoire, des films, du fan-service
Vous n’avez pas fait le premier spin-off et vous hésitez à vous lancer dans ce Persona Q2 ? Allez-y les yeux fermés, une petite astuce scénaristique liée à une perte de mémoire collective se charge de mettre les choses à plat afin que personne ne soit perdu. En revanche, si vous n’avez pas fait les Persona 3, 4 et 5, vous risquez de passer à côté d’une multitude d’éléments scénaristiques, le fan-service étant clairement le moteur de l’histoire, en plus des sujets habituellement développés dans la licence. Pour faire simple, après un petit tour dans le Mementos, nos amis se retrouvent à passer par une fenêtre brillante contre leur gré. Ils se retrouvent ainsi piégés dans un cinéma qui passe d’abord le même film en boucle, celui-ci subissant quelques variantes selon les interactions. Bref, nos personnages sont piégés dans ce lieu et vont se retrouver à enchaîner les films pour tenter de percer le mystère. L’écriture est propre à celle de l’univers de Persona, d’autant que l’on démarre l’aventure avec les Phantom Thiefs de Persona 5. Au fil de la progression, notre équipe va agrémenter ses rangs avec des personnages tirés de Persona 3 et 4, sans parler de l’héroïne alternative de Persona 3 Portable (l’opus PSP). Nous n’en dirons pas plus sur l’histoire pour vous laisser le plaisir de la découverte.
Toujours est-il que l’écriture est souvent agréable mais on n’échappe pas à de longs dialogues parfois mièvres ou autocentrés sur certains personnages. Il faut bien avouer que les scénaristes ont voulu profiter de ce casting cinq étoiles pour exploiter au mieux les liens entre les personnages et jouer avec les éléments provenant de leurs opus correspondant. Il y a donc une certaine répétitivité dans la manière de traiter certains des vingt-huit personnages (le jeune rebelle, l’otaku, le petit mignon de l’équipe entre Teddie, Koromaru et Morgana, etc.) mais on l’oublie assez facilement. Le scénario se suit avec un certain plaisir, même s’il reste souvent prévisible, et on a grand plaisir à alterner entre les phases de dialogue (même si le système de choix n’a pour ainsi dire aucune incidence), les cut-scenes in-game et les séquences animées du plus bel effet. Il y a même quelques passages qui sont un peu plus dans l’émotion. En prime, les doublages japonais sont de la partie. A vrai dire, ils sont imposés et les textes sont en anglais. Un frein pour les francophones non-anglophones…
Les développeurs ont eu une bonne idée en partant sur le concept du cinéma fermé puisqu’il permet de varier les univers au fil des films et d’accentuer la complexité des labyrinthes en progressant. Les décors sont très réussis, en particulier dans le premier film, et ils sont plus variés que d’ordinaire pour permettre de mieux se repérer dans les niveaux, tout en gardant une certaine cohérence dans un même univers. Si les cinématiques animées sont absolument irréprochables, il faut bien avouer que les séquences in-game, à un poil trop d’aliasing près, sont également agréables. Les couleurs sont justes, il y a plusieurs détails et on évite les labyrinthes dessinés à grands renforts de copiés/collés du même arbre. En revanche, le style chibi de nos personnages pourrait bien diviser… Pour notre part, nous l’apprécions, d’autant que nous sommes bien dans un spin-off et non dans un volet canonique. Côté sonore, c’est également un régal puisque nous retrouvons notamment les musiques provenant des trois opus dont les personnages ont été intégrés.
Côté gameplay, on retrouve les mécaniques si particulières d’Etrian Odyssey dans l’aspect exploration. A mesure que l’on parcourt la carte (l’étage d’un niveau précisément), on peut utiliser l’écran du bas de la console pour dessiner au stylet les contours de la carte, placer des marqueurs dynamiques pour signaler l’emplacement de trésors, raccourcis, points d’intérêt… La cartographie peut également être facilitée avec un système d’autopilote pour se concentrer sur le reste. Toujours est-il que le système fonctionne toujours aussi bien. C’est intuitif, clair, les icônes sont parfaitement reconnaissables et sont ultra faciles à placer ou supprimer. En plus, c’est un aspect à ne pas négliger puisque, si les premiers étages sont plutôt basiques, les suivants se complexifient un peu plus, surtout dès lors que l’on ajoute les interrupteurs pour agir sur les systèmes de surveillance. Il va de soi que cela aide également par rapport aux FOE, des ennemis géants qui, dans les premières heures, peuvent éliminer vos personnages en un seul coup. Autant dire qu’il est de bon ton de les éviter un petit moment. Heureusement que leur pathfinding est ultra basique. A moins d’une inattention, cela évite de mauvaises surprises, surtout que la fuite n’est pas toujours acceptée. Pour pousser à l’exploration, quelques quêtes annexes sont de la partie, sans parler des trésors que l’on peut ouvrir lorsqu’on a exploré 100% d’un étage (ou en échange de coins pour les plus pressés). Le bon côté dans ce Persona Q2, contrairement au précédent, c’est que les développeurs ont fait en sorte de rendre l’exploration plus accessible au départ en la complexifiant par la suite. Cela laisse le temps de prendre ses marques, d’autant que les personnages expliquent bien le principe de chaque mécanisme. Ça rajoute des dialogues mais c’est bien plus didactique pour les petits nouveaux.
Côté combat, on retrouve la structure d’Etrian Odyssey avec une équipe de cinq personnages dont les membres sont dispatchés entre deux lignes, l’avant et l’arrière. On peut placer trois personnages sur l’une et deux sur l’autre. Les combats se font au tour par tour, en sachant que l’on programme toutes les actions d’un tour en une fois. Le déroulement qui suit, et qui intègre les mouvements adverses, est régi par un système de priorité aussi classique qu’efficace. Par contre, tous les éléments magiques proviennent de l’univers de Persona avec l’intégration justement des Personas. Outre la Persona de chacun, la nouveauté vient de l’intégration d’une Persona secondaire pour chaque personnage. Les Personas se gagnent en se défaisant de certains ennemis spécifiques. On peut alors les équiper ou même aller dans la Velvet Room pour les fusionner et ainsi obtenir des Personas toujours plus puissantes. Attention toutefois, le niveau de nos protagonistes entre en jeu pour éviter d’équiper une Persona de niveau 30 à un personnage de niveau 25. Les Personas gagnent également en XP et évoluent pour apprendre de nouveaux sorts. Les deux seuls petits hics que nous voyons, c’est que beaucoup de Personas fortes sont à acheter en DLC et que plusieurs d’entre-elles ont un style et des attaques similaires, seule la petite animation d’appel à la Persona variant. Pour le reste, on ajoute des attaques classiques, de la garde et des coups critiques qui permettent d’obtenir un boost. Si le personnage boosté n’est pas touché pendant le tour en cours, alors il peut utiliser n’importe quelle attaque au tour suivant sans devoir sacrifier HP ou SP.
Bien entendu, les attaques élémentaires sont également de la partie (grâce aux Personas donc) pour tenter de trouver les faiblesses des ennemis (nos personnages y sont sensibles également). En exploitant bien les faiblesses des adversaires (certains se cachent d’abord derrière une sorte de bouclier), on peut multiplier les boost et donc multiplier les attaques sans consommer ses HP/SP. Si tous les ennemis sont étourdis, on peut même déclencher une attaque All-Out qui, après une petite animation sympa, permet d’envoyer tous les combattants sur les adversaires pour infliger de lourds dégâts. Ajoutez enfin les éternels consommables, les objets à récolter et revendre pour fabriquer de nouveaux accessoires, tenus et armes à équiper et trois navigatrices qui assurent le support, et vous obtenez un gameplay assez classique pour tout J-RPG qui se respecte mais tout autant efficace. Attention toutefois, et c’est assurément un point qui peut faire grincer des dents, la difficulté est mal équilibrée. La difficulté Risky va en refroidir beaucoup dès le départ mais elle séduira les amateurs de gros challenge dans les premières heures (avec un bon farming et un bon sens tactique pour les combats, celle-ci devient assez vite gérable). La difficulté Story n’a que peu d’intérêt et l’Easy séduira les néophytes, le temps du moins qu’ils prennent leurs marques.
En revanche, que l’on soit en Normal ou en Hard (chacun sa convenance), on remarque tout de même que le début du jeu est plus ardu que le reste, à quelques pics de difficulté près. Si d’ordinaire nous avons une difficulté croissante, là ce n’est pas le cas. Les premiers combats font très rapidement tomber la barre de vie de nos personnages et le premier boss demande un peu de persévérance. C’est assez frustrant puisque par la suite, avec un peu de farming (obligatoire), la difficulté est plus abordable dès lors qu’on fait bien en sorte de s’offrir le meilleur équipement possible, de chercher les matériaux dans les niveaux et d’adapter les Personas pour éviter une trop grosse différence de niveau. Autre point qui rend la progression plus facile par la suite, c’est le fait de pouvoir facilement retourner dans le cinéma pour soigner les personnages et faire renaître ceux qui sont tombés au combat. Grâce aux raccourcis, on peut naviguer facilement dans les labyrinthes, à condition de soigner la carte pour bien se repérer. Enfin, dernier point non négligeable, à moins d’assurer en permanence la rotation de nos personnages ou de devoir le faire, on a tendance à privilégier toujours les mêmes personnages, seuls les personnages actifs gagnant de l’XP.
A part le fait que la recette de ce Persona Q2 est très proche de celle de son prédécesseur, les deux véritables défauts de cet opus sont réellement la difficulté, mal calibrée (mais pas insurmontable, le farming aidant), et la répétitivité de pas mal d’éléments. Bien entendu, certains pourraient ne pas adhérer au style chibi des personnages ou encore à l’absence de textes localisés en français… Si vous arrivez à passer outre ces points, alors vous allez très probablement adorer l’expérience. La Nintendo 3DS tient là ce qui pourrait être l’une de ses dernières pépites. Le mélange de la licence Persona avec les mécaniques de jeu d’Etrian Odyssey fonctionne à merveille, les labyrinthes gagnent en complexité au fil de l’aventure et le système de combat est très efficace. En prime, si vous connaissez bien Persona 3, 4 et 5, alors vous allez adorer le fan-service. Il est abondant et sert clairement l’histoire, faisant rapidement oublier la facilité scénaristique du postulat de départ. On ne va pas re-lister toutes les qualités de ce Persona Q2 : New Cinema Labyrinth mais on peut vous assurer que l’aventure, sans être parfaite, est excellente.
Les +
+ L’univers de Persona…
+ Habilement mélangé avec les mécaniques d’Etrian Odyssey
+ Exploration plus abordable que dans Persona Q1
+ Du fan-service en permanence
+ La cartographie, précise et intuitive
+ Un casting 5 étoiles
+ Excellente durée de vie
+ Les cinématiques animées, superbes
+ Bande-son de qualité
+ Les voix japonaises
+ Plutôt joli dans l’ensemble
+ Quelques quêtes annexes sympas
+ Système de combat efficace
Les –
– Très proche de la recette de Persona Q1
– Les DLC laissent à désirer
– Des choix aux conséquences minimes
– Pas de textes/sous-titres en français
– Certains dialogues un peu lourds
– Pas mal de répétitivité (actions, ennemis, styles de persos et Personas…)
– Difficulté mal calibrée
Critique rédigée par Vincent – Lageekroom